To the Moon est une comédie romantique au cadre singulier : son récit nous emmène dans les coulisses de la NASA avant le premier pas de l’Homme sur la Lune. Alors que la conquête spatiale revêt des enjeux qui dépassent le cadre scientifique, la rom-com entre Scarlett Johansson et Channing Tatum déçoit.
La production de To the Moon ne fut pas de tout repos : en effet, Fly me to the Moon (titre original plus adéquat) était à l’origine un projet à 100M de dollars avec Chris Evans et Scarlett Johansson en tant que hot-package. Mais suite au départ de Jason Bateman (Ozark) au poste de réalisateur, c’est Greg Berlanti qui a repris les commandes du vaisseau pour le compte de Columbia Pictures.
Oui, le papa de Arrow, Supergirl, Legends of Tomorrow, You ou encore Superman & Lois revient à la mise en scène de métrage après Love, Simon en 2018. Malgré cette sympathique parenthèse, Berlanti est aussi le responsable des scripts de Green Lantern ou encore La Colère des Titans. Bref, un habitué des univers comic books ou fantastiques qui revient à la comédie romantique.
Véhicule pour amerrissage de star
Un pari pas nécessairement incohérent, surtout au vu du pitch : To the Moon nous présente donc Cole Davis (Channing Tatum), responsable de la sécurité d’Apollo 11, et Kelly Jones (Scarlett Johansson), une spécialiste du marketing. Mandatée par un mystérieux ponte de la CIA (Woody Harrelson), cette dernière va devoir tenter de redorer l’image de la NASA, tandis qu’une opération visant à créer un faux amerrissage lunaire sera montée en parallèle du petit pas pour l’homme/grand pas pour l’humanité !
Un canevas qui trouve sa source sur des décennies de spéculation (même le nom de Kubrick est explicitement cité), tout en recontextualisant les enjeux d’Apollo 11 en pleine Guerre froide. Dès lors, la conquête lunaire en tant qu’objet de publicité à l’échelle mondiale pour le bloc de l’Est est le vrai moteur de To the Moon, introduit scolairement (mais de manière efficiente) par diverses images d’archives.
Là encore, si la romance entre les 2 protagonistes semble se tisser de manière initialement criarde, c’est pour mieux opposer leurs deux points de vue en pleine mission opposée que le récit va peu à peu rendre tangents leur finalité. Un parcours cohérent donc, tandis que Cole doit faire face au propre deuil d’une précédente équipe (décédée lors d’essais en condition réelle) tout en devant jouer le jeu des projecteurs.
Rom-com qui ne connait pas sa gravité
Une dimension résolument fun, d’autant que le duo fonctionne plutôt bien dans le registre de l’humour. Pourtant il y a un hic : To the Moon trouve rarement son tempo humoristique, ne parvenant jamais réellement à trouver son point d’équilibre entre relecture historique et rom-com piquante. Au final, on a souvent un pied dans une case à intervalles réguliers, mais sans réelle symbiose.
La faute également à un film beaucoup trop relâché (2h12 quand même) qui méritait d’être taillé à l’os au lieu de réutiliser les mêmes gimmicks galvaudés du genre. To the Moon reposera donc presque entièrement sur le charisme de son casting (Woody Harrelson faisant d’ailleurs des merveilles à chacune de ses apparitions), sans donner de voix aux personnages périphériques.
Un constat des plus dommageables, surtout lorsqu’on aborde l’effort du collectif dans un sujet comme la course à l’espace ! Il faudra attendre l’ultime ligne droite du récit pour que To the Moon semble enfin exploiter ses enjeux (avec en plus un beau pay-off de setup félin !). On reste loin du grand loupé ceci dit, tant la production design sans fausse note, sa soundtrack jazzy 60’s, la photo classieuse de Dariusz Wolski (Le Dernier Duel, Napoléon, Sicario 2) ou bien la BO parfois entraînante de Daniel Pemberton (Spider-Man Across the Spider-Verse) rendent le visionnage agréable : une petite consolation en effet !
To the Moon sortira au cinéma le 10 juillet 2024
avis
To the Moon n'a rien de profondément déplaisant, si ce n'est le fait que cette comédie romantique en tant que véhicule-star ne sait exploiter son casting autrement que par son charisme dans un récit trop long pour conserver son tempo comique. La fabrication reste chiadée, et le final bien exécuté, pourtant le nouveau film de Greg Berlanti ne sait jamais sur quel champ de gravité danser.