Sony et son Spider-Man Universe s’incrustent de nouveau sur les grands écrans avec Morbius et après un Venom 2 catastrophique, le studio confirme avoir le pire univers partagé de tous les temps. Une honte. ATTENTION SPOILERS
Vous vous rappelez du temps où Twilight était considéré comme la pire traitrise du mythe vampirique ? Ce temps est désormais révolu, laissez place à Morbius. On passera vite le résumé de l’histoire : le génie éponyme souffre d’une maladie de sang, du coup il couple son ADN avec celui d’une chauve souris vampire. Evidemment tout ne se passe pas bien, puisque ses expériences le transforme en suceur de sang qui va devoir combattre sa partie bestiale… Enfin ça du moins c’est sur le papier.
Parce que trop frileux d’en faire un véritable héros tragique à la docteur Jekyll et Mr Hyde; le studio a l’idée de génie de créer le premier vampire végan de la pop culture. Le pauvre petit Morbius ne boit pas du sang humain mais du sang synthétique bleu, pour bien respecter le PG-13. En un choix, tous les enjeux dramatiques de l’anti-héros tombent à l’eau pour n’être qu’un prétexte à pouvoir mettre le logo Marvel sur l’affiche. Le studio suce jusqu’à la moelle toute substance du comics et l’aseptise pour attirer les aficionados de super-héros en salle et se remplir les fouilles, sans n’avoir une once de respect pour le personnage d’origine (à l’image de leur adaptation de Venom). Le métrage s’avère tout aussi végétarien que son héros puisqu’aucune goutte de sang n’est à signaler dans ce pseudo film de vampire.
Pour compenser cela, la réalisation de Daniel Espinosa tente, tant bien que mal, de gonfler dramatiquement son histoire à travers différentes pirouettes : l’anti-héros s’accoutume au sang synthétique et devra donc au bout d’un moment siroter de l’hémoglobine humain pure race. Idée de compte à rebours somme toute intéressante, avant de plonger dans ses passe-temps carnassiers. SI LES SCÉNARISTES NE L’AVAIENT PAS ABANDONNÉ EN COURS DE ROUTE ! La problématique est verbalisée pendant les deux tiers du film pour au final ne jamais trouver de conclusion ou créer de péripétie, le protagoniste se contentant toujours en fin de film de son smoothie synthétique comme si de rien n’était.
Des trous béants de scénario similaires jonchent le long métrage, donnant la fâcheuse impression que des coupes drastiques ont été opérées. A l’image de ces deux seringues de poison, (une pour tuer le méchant, une pour se suicider) avec lesquelles Michael Morbius évoque de s’ôter la vie, à cause de sa “malédiction”. Une problématique totalement passée sous silence en cours de route.
Morbius, un film qui n’a pas les crocs
Les deux bouchers en charge du script, Burk Sharpless et Matt Sazama, déjà à l’œuvre sur les monuments que sont Dracula Untold, Gods of Egypt et Power Rangers, saucissonne l’histoire avec d’incroyables raccourcis scénaristiques ou incohérences tel que ce moment où le personnage a besoin d’un laboratoire et tombe par hasard sur des brigands qui ont un labo ! L’utilisation du hasard est le pire ennemi du scénario… Ne parlons même pas de la fin du film qui tease la transformation d’une victime en vampire suite à une morsure, alors que tous les précédents mordus n’ont jamais été transmutés…
Du côté des personnages secondaires, tous dotés du charisme d’une tranche de jambon Herta, ces derniers brillent par leur inutilité et existent seulement pour commenter à voix haute ce qu’on voit à l’écran. Si on pouvait penser que Jared Letrop en ferait des caisses comme à son habitude, on s’étonne de sa prestation (trop ?) minimaliste. Cependant l’andouillette d’or du cabotinage revient à Matt Smith, incarnant l’ami de Michael puis son antagoniste. Ce dernier se transforme lui aussi en vampire et assume sa partie bestial en mangeant (hors champs, évidemment) de pauvres petits innocents. Un méchant complètement incompréhensible puisqu’il est dénué de toute logique psychologique et servant seulement de prétexte à des scènes d’action. Des séquences où l’ennui prédomine puisque le film ne prend même pas la peine de justifier ses conflits et de fait, reste privé d’enjeux. Le cahier des charges nécessite de la baston, donc le vilain veut faire la bagarre avec son ami. Pourquoi ? On cherche encore.
Les scènes d’action quant à elles se rapprochent plus d’une foire à la saucisse que des moments épiques de cinéma. Les effets spéciaux, tels des planches de charcut’, peuvent s’avérer inventifs, mais en bouffer des kilos, cela finit par nous donner des boutons. Les effets de sonar et la modélisation des déplacements du vampire sont inspirés, mais l’équipe de postproduction ont l’air d’avoir été tellement fiers de leurs visuels qu’ils nous les ont foutu à toutes les sauces. On n’en retient qu’une indigestion .
Le climax est tellement illisible de bouillasses numériques que l’on ne voit même plus les doublures CGI mais un gloubiboulga de vagues et d’explosions. Les accélérations et les Bullet Time rappellent les pires copycats sous produits de Matrix, du début des années 2000. Le prix du mauvais goût est cependant décerné à la scène où Morbius procède à un Kamé Hamé Ha de chauve-souris pour battre son ennemi… Même les comics les plus débiles n’auraient pas osé.
Un projet putassier et opportuniste
Mais outre le désastre artistique, la stratégie entourant le projet empeste les abats rances voulant se raccrocher au succès de ses concurrents et notamment Marvel Studios. Nous pouvons qualifier la promotion de carrément mensongère, à vouloir teaser l’apparition du tisseur au travers d’une affiche de Spider-Man présente dans la bande annonce. Scène au final absente du film, tout autant qu’une quelconque mention du super-héros. La présence du Vautour, bien mis en avant dans la promotion, est quant elle réservée aux scènes post génériques, les plus gênantes à ce jour.
Après avoir été propulsé dans le “Venomverse”, suite aux événements de No Way Home, le méchant ailé de Homecoming donne rendez-vous à Morbius dans le but de lui proposer une alliance pour combattre le tisseur, qu’il accuse hypothétiquement d’être responsable de son voyage interdimensionnel. Une scène complètement lunaire, puisque d’une part, il est impossible que le Vautour sache que l’homme araignée soit responsable de la fracture du multivers. Et d’autre part, les deux ne se connaissant ni d’Adam, ni d’Eve et que l’existence de Spider-Man dans cet univers n’a jamais été officialisé, il est tout bonnement impossible que cette alliance soit cohérente. Un teasing putassier fait au forceps dans lequel on ne retient que la ringardise de la scène. A l’image de l’entièreté du long métrage.
Morbius atteint des sommets de médiocrité de bout en bout qui fera pleurer des larmes de sang (à défaut d’en avoir dans le film) aux fans de comics ainsi qu’au grand public. Une nouvelle insulte envers le matériau de base, qui se hisse au niveau des plus gros navets du genre et qui a pour seul mérite de nous faire dire que Daredevil, Les 4 fantastiques ou Hulk c’était pas si mal en fait.
Morbius est à éviter des salles obscures à partir du 30 mars.
Avis
Morbius trouve sa place dans les pires films de super-héros. Le métrage est une totale trahison de l'essence du personnage causé par un refus d'embrasser la caractéristique monstrueuse de son protagoniste et par extension de créer le moindre enjeu. Que ce soit l'écriture, la direction artistique ou même la stratégie marketing, tout dans ce projet rappelle les heures le plus sombres du genre...