L’Ombre rebelle (The Shadow Strays) est le tout nouveau film d’action de Timo Tjahjanto (Headshot, The Night Comes for Us) arrivant directement sur Netflix. Dans la plus pure tradition du cinéma indonésien (The Raid), on tient là un scénario prétexte aux scènes musclées qui déménagent fortement.
Si le cinéma indonésien est devenu une vraie référence pour les actioners depuis plus d’une décennie, c’est sans nul doute grâce à Gareth Evans (The Raid, Le bon apôtre, Gangs of London), ayant dynamité le genre jusqu’à l’aboutissement (et ahurissant) The Raid 2. L’Ombre rebelle vient encore une fois assoir cet héritage d’une patine certes héritée du cinéma HK, mais poussant un peu plus loin la lettre d’amour aux cascadeurs.
En effet (Stahelski, Leitch ou même Dev Patel répliquent dans une certaine mesure cet adage), les films de tatane indonésiens sont caractérisés par des takes assez longues (contrairement à leurs homologues chinois) permettant de laisser les combats et les cascades se dérouler au bon plaisir du spectateur. Le tout en évitant l’abus du plan-séquence et parvenant à un équilibre de découpage dans la distribution de pains dans la margoulette !
Série B à l’indonésienne
L’Ombre rebelle est ainsi le nouveau fait d’armes de Timo Tjahjanto, réalisateur ayant expérimenté le cinéma d’horreur (V/H/S 2) mais avant tout le cinoche bourrin (The Night Comes for Us). Le film nous présente une organisation secrète d’assassins (les fameuses Ombres du titre), à la fois ninjas aux capacités physiques hors-pair, et agents dépossédés de leur individualité.
Reste un matricule, comme celui de 13 (Aurora Ribero), jeune Ombre de 17 ans qui va échouer lors d’une mission au Japon. Mise sur le banc de touche, elle va sympathiser avec Monji, un orphelin de 11 ans dont la mère a été tuée par un syndicat du crime. Désireuse de protéger l’enfant, 13 va non seulement devoir se battre face à un gang important, mais également renoncer au code de conduite des Ombres.
Un canevas de base qui ne laisse aucune ambiguïté (tout comme le titre) à l’Ombre rebelle, sempiternel récit d’assassin allant se retourner contre sa propre organisation pour se reconnecter à sa condition humaine. Et même si l’intrigue semble prendre son temps pour présenter sa protagoniste, sa relation à sa mentor Umbra, le fonctionnement en sous-main des Ombres et les états d’âmes de 13, tout ne sera finalement que prétexte.
Intrigue (trop) classique mais au savoir-faire impeccablement bourrin
Un prétexte à la baston et l’ultra-violence régressive qui fait plaisir à voir, mais qui se retrouve néanmoins parasitée par une trame narrative inutilement étirée. Un paradoxe, tant le parcours de 13 et sa rédemption personnelle dans le sauvetage de Monji se révèle être le vrai moteur du récit, mais l’Ombre rebelle ne parvient jamais réellement à s’émanciper des carcans du genre pour proposer une histoire pleinement incarnée.
Un certain manque d’emphase émotionnelle donc, où néanmoins la vélocité et l’énergie brute de décoffrage de l’action parvient à tenir le bébé de Timo Tjahjanto dans une cinétique constante. Et ce dès son impeccable introduction shinobi-esque au Japon en quasi huis-clos, proposant sans nul doute les meilleurs scènes d’action au katana vues depuis de (très) nombreuses années !
Du tranchage de têtes et de membres aussi jubilatoires que graphiques, parvenant régulièrement à renouveler son énergie chorégraphique à chaque clé de bras, poignardages et autres cabrioles. Pourtant, L’Ombre rebelle évite globalement l’écueil de l’abattage via une physicalité de chaque instant, où chaque répercussion des coups portés n’oublie pas le caractère faillible des divers personnages.
On retiendra bien entendu Aurora Ribero, actrice indonésienne d’origine italienne qui porte littéralement tout le métrage sur ses épaules, à défaut de laisser le reste de la distribution exister. Le principal défaut de ce sympathique (et joyeusement coup-de-poing) L’Ombre rebelle tiendra donc une dramaturgie trop classique, distribuant même un épilogue qui fera plaisir aux fans de The Raid, tout en annonçant une suite (qui on l’espère développera un peu plus son lore illustratif). Pas mal quand même.
L’Ombre rebelle est disponible sur Netflix
avis
L'Ombre rebelle ne sera pas le chant du cygne de Timo Tjahjanto, la faute à une sempiternelle intrigue galvaudée et étirée nuisant à une possible emphase émotionnelle. Cependant,, on tient là une nouvelle preuve du savoir-faire indéniable des indonésiens pour proposer de l'action sèche, brutale et impeccablement chorégraphiée. Renouvelant constamment son énergie véloce dans des set-pieces jubilatoires, on tient là une honnête série B d'action, à défaut du nouveau The Raid !