Pour un premier long-métrage, Dev Patel n’y est pas allé de main morte, réalisant un film qui rivalise avec les blockbusters dont il s’inspire. Monkey Man assume être une production ultra-violente où la haine du Kid se dresse envers et contre tous.
Qui souhaite aller voir Monkey Man doit se préparer à affronter une vague de violence. Devant comme derrière la caméra, Dev Patel ne retient pas ses coups, nous assénant sans relâche des séquences sanglantes où rester vivant tient du miracle. Scène après scène, on sombre dans la frénésie dévastatrice d’une vengeance meurtrière vampirique. Monkey Man se nourrit de sang, et sa soif est intarissable.
Broken Man
Monkey Man est avant tout l’histoire d’un homme brisé et hanté par le souvenir traumatique de l’assassinat sauvage de sa mère par le chef de la police corrompu, lors du massacre de son village natal. De son enfance, il n’en reste que des bribes, des flash-backs qui surgissent sans prévenir, où le feu se mêle à la peur, aux cris et aux larmes. Kid (Dev Patel) est devenu un individu sans identité, à la fois Bobby, Monkey Man et « Broken Man » ; un homme qui tente désespérément de répondre à l’appel d’une destinée marquée par les flammes, comme nous le racontent les paumes de ses mains. Kid est prêt à tout pour accomplir sa vengeance, quitte à se détruire lui-même.
En choisissant ce traumatisme comme commencement de son récit, Dev Patel inscrit consciemment son œuvre dans la catégorie des films de vengeance, à l’instar de John Wick ou Old Boy, deux références dont il ne se cache d’ailleurs pas. Monkey Man se construit sur des schémas narratifs connus et maintes fois exploités – traque sans répit, débauche de violence, quête initiatique – auxquels l’auteur apporte son coup de patte pour un résultat léché. Les attentes ne sont pas déçues, et l’on est même ravi des libertés prises par le réalisateur.
Un blockbuster indien
Dev Patel a beau multiplier les citations et les séquences typiques des blockbusters, son thriller d’action suit également sa propre voie. En s’inspirant directement de la légende hindouiste d’Hanuman – un homme-singe devenu une incarnation de la force, du courage, de la sagesse, de la dévotion et de l’autodiscipline – présentée en séquence d’ouverture, le réalisateur crée un parallèle mystique entre cette divinité et son personnage. Il colore ainsi son film d’éléments propres à la culture indienne, nous faisant découvrir les profondeurs de la ville fictive de Yatana (qui signifie simultanément lutte, effort et vengeance) sous plusieurs angles : à la fois du côté de ses bas-fonds, des minorités et de la haute-société, de son élite.
Le film regorge de décors variés, depuis les ruelles des bidonvilles jusqu’au bordel de luxe tenu par Queenie (Ashwini Kalsekar) en passant par le temple de la communauté des hijras. En les juxtaposant, Patel met en lumière l’asservissement et la répression des plus vulnérables par les dirigeants des castes supérieures. Une fracture sociale évidente que Kid, déterminé à rendre justice, voudra farouchement réduire – une ironie pour un héros qui passe la plus grande partie de son temps à casser des jambes.
Une violence exubérante
On le sent, Dev Patel se surpasse dans chacune des scènes de rixe, élaborées en collaboration avec Brahim Chab, spécialiste de la coordination des combats. En plus d’être réalisateur et acteur, Patel est aussi ceinture noire de taekwondo depuis ses 16 ans. Pas de doute possible, il exploite à la perfection ce troisième talent dans des cascades toujours plus impressionnantes. Combat à main armée, à mains nues, dans une voiture, aux toilettes, en cuisine… toutes les combinaisons sont possibles et l’enchaînement proposé est jubilatoire.
Dès la seconde séquence du film, Dev Patel nous entraîne dans cette explosion de violence. Sur le ring, l’homme-singe se bat contre l’homme-serpent sous les cris d’un public enragé. Ralenti, son assourdi et distordu, les effets s’enchaînent sans jamais supplanter le récit, cherchant toujours à nous immerger dans l’affrontement. La caméra suit le mouvement, multipliant les angles de prise de vue, ne cessant de mettre au cœur de l’image la puissance de l’action. Chaque plan, chaque image pensé par Sharone Meir, directeur de la photographie, nourrit cette cruauté et cette brutalité qui débordent de toutes parts. L’intensité continue d’augmenter jusqu’au « banquet final », et après 120 minutes à se bâfrer de violence gratuite, c’est malheureusement l’estomac un peu lourd qu’on quitte la salle. Dommage que Patel n’ait pas su alléger son menu.
Monkey Man est porté par la performance de son réalisateur, comme de son acteur. Un film ultra-violent qui nous met K.O.
Monkey man est à découvrir au cinéma dès le 17 avril 2024.
Avis
Pour un premier film, Dev Patel ne prend pas de pincettes et livre un blockbuster indien ultra-violent. Monkey Man ne déçoit pas nos attentes et réussit même à nous surprendre. Le réalisateur, également acteur, parvient à relier film de vengeance à la John Wick et culture indienne dans un cocktail bien dosé. Même si certaines scènes de combats sont parfois indigestes, celles-ci restent magnifiquement orchestrées et chorégraphiées. Un film qui nous met assurément K.O.