Véritable phénomène culturel qui a remis le mythique interprète de Neo dans Matrix, Keanu Reeves, sur les devants de la scène, la saga John Wick s’est très vite imposée comme le renouveau du cinéma d’action hollywoodien. Avec le Chapitre 4, le réalisateur Chad Stahelski conclut la franchise avec un certain panache, offrant un final spectaculaire.
L’intrigue de John Wick : Chapitre 4, tout comme pour les autres opus, tient sur un post-it : des hordes d’assassins cherchent à tuer John Wick, mais c’est l’inverse qui se produit. Ce chapitre 4 ne change pas la donne mais propose néanmoins le scénario le plus cohérent de la franchise, tout en assumant l’absurdité des situations. Car dans John Wick, le monde n’est pas celui dans lequel on vit. Les rues sont remplies d’assassins, la police est inexistante, les gens lambda sont une rareté et le Sacré Cœur n’a pas de touriste sur son parvis à l’aube.
Le récit de John Wick : Chapitre 4 est construit autour de trois grands segments, ou champs de bataille, qui se déroulent à Osaka, Berlin et Paris. Chaque zone apporte son univers et ses armes, renouvelant habilement les scènes d’action. Par rapport aux précédents volets, John Wick : Chapitre 4 réussit plus habilement à développer sa narration pour accorder de l’importance aux personnages secondaires tout le long de l’aventure. Dès le premier segment à Osaka, l’histoire présente tous les protagonistes de l’histoire dont les destins intimement liés vont apporter une dramaturgie plus que bienvenue aux scènes d’action qui vont suivre.
Des seconds couteaux parfaits
Chad Stahelski s’appuie sur une belle panoplie d’acteurs pour incarner chacun de ces personnages. On retrouve bien entendu Ian McShane, Laurence Fishburne et Lance Reddick (dont on a appris la terrible nouvelle de sa mort il y a quelques jours) qui sont parfaits, mais c’est surtout l’ajout de sang-frais qui apporte un vent de fraîcheur au récit à l’image de Shamier Anderson qui joue un traqueur/assassin (qui ne l’est pas ?) accompagné de son fidèle chien (qui est aussi un tueur, forcément). On note aussi la qualité du méchant de cet opus, incarné par un Bill Skarsgård très frenchy, se révèle aussi détestable qu’amusant, mais parfois à ses dépens pour le public français lorsque son accent étranger le trahit.
Néanmoins, le nom qui est sur toutes les lèvres dans John Wick : Chapitre 4, c’est bien évidemment celui du tueur chargé d’en finir avec John Wick, incarné par la légende des arts martiaux au cinéma, Donnie Yen (Ip Man). Il livre une prestation dans les chorégraphies de combat absolument délicieuse. Son personnage d’aveugle (Zatoichi ?) est un prétexte parfait pour des combats originaux exploitant toute sa souplesse et les immenses qualités techniques de l’acteur. Face à Keanu Reeves, Donnie Yen se bat avec une agilité remarquable, ce qui force l’admiration. Malgré la présence de nombreuses scènes d’action avec l’acteur, on regrette pratiquement qu’il n’y en ait pas davantage.
Hommages appuyés
Plus que dans aucun autre John Wick, les clins d’œil et références évidentes sont dans pratiquement chaque plan. On commence par un hommage à Lawrence d’Arabie de David Lean (pas très dur à trouver), en passant par le cinéma hongkongais et japonais pour finir dans une réinterprétation de Des Guerriers de la nuit de Walter Hill et de Barry Lyndon de Stanley Kubrick. Si ces références ne sont pas spécialement fines, elles sont plaisantes à découvrir pour le spectateur. C’est aussi un moyen pour le réalisateur de rendre hommage à ses influences sans qui John Wick ne serait pas John Wick.
Cette attention à la culture cinématographique se révèle également dans un autre aspect : la photographie du film. Cette dernière adopte un style de néons et de couleurs saturées, de crépuscule et d’aube, contribuant grandement à l’atmosphère unique de cette saga. La palette de couleurs vives et les éclairages stylisés intensifient les scènes d’action, tout en créant une esthétique visuelle marquante qui caractérise le monde de John Wick. Les choix artistiques en matière d’éclairage font de chaque plan un petit plaisir pour les yeux du spectateur. Parfois – comme souvent dans les John Wick – il y a un côté excessif dans la stylisation qui pourrait tomber dans le kitch ou la facilité, mais Chad Stahelski et son directeur de la photographie, Dan Laustsen, réussissent à imposer leur univers visuel sans véritablement sombrer dans ces défauts.
2h50.
Néanmoins, le film n’est pas exempt de problèmes et ceux-ci sont inhérents à la franchise en elle-même. D’abord, il y a un phénomène d’usure face aux scènes d’action en pagaille, malgré le renouvellement des chorégraphies. Au bout du 300ème figurant mort, des multiples effets de lumières stroboscopiques et d’une bande-son sympa mais pas « légère », on commence à fatiguer. De plus, ce Chapitre 4 est le plus long de tous les John Wick (2h50 !). On regrette également l’absence de dialogues un peu travaillés, ces derniers tombent souvent dans une forme d’auto-parodie du style John Wick et manquent clairement de renouvellement. Heureusement, le réalisateur garde le meilleur pour la fin pour nous faire oublier les défauts du film : le segment parisien où toute la ville s’attaque à Keanu Reeves. Cette séquence d’anthologie enchaîne les belles idées de chorégraphies et de mise en scène, permettant au spectateur de tenir psychologiquement jusqu’au bout du récit.
En somme, John Wick : Chapitre 4 est une conclusion explosive à la franchise. Si la durée du film et l’usure des scènes d’action peuvent être reprochées, il est indéniable que Chad Stahelski et Keanu Reeves ont su offrir aux fans un spectacle riche en action, en références et en émotions. À voir pour les inconditionnels de la saga, mais aussi pour les amateurs de cinéma d’action en quête d’un divertissement spectaculaire.
John Wick sort le 22 mars 2023 au cinéma.
Avis
Puissante conclusion à la franchise, ce quatrième volet bénéficie de l’attrait de chorégraphies de combat palpitantes avec entre autres l’arrivée d’un Donnie Yen tout en élégance. S’étirant par moments un peu trop dans le temps, John Wick : Chapitre 4 garde le meilleur pour la fin : un grand final dans les ruelles (et sur les boulevards) parisiens.