A une semaine de la sortie de Spider-Man : No Way Home qui réunira très certainement les trois itérations cinématographiques de l’homme araignée, il est plus que temps de revenir sur toutes les péripéties du plus grand héros Marvel sur grand écran !
Alors que le premier opus n’est pas encore arrivé sur le grand écran, Sam Raimi planche déjà sur une suite. Après le week-end d’ouverture au box office et ses résultats stratosphériques (un résultat total de 825 millions de dollars dans le monde), Sony n’attend pas pour officialiser une suite, prévue en 2004. Le film sort et le succès est au rendez-vous. Plus encore, les critiques sont dithyrambiques et le métrage est toujours considéré aujourd’hui comme le meilleur du genre. Mais 17 ans après sa sortie, il est temps de prendre un certain recul et nuancer le tout, au risque peut-être d’amoindrir le mythe… Sortez les armes !
Mais attendez tout de même ! Car une chose est indéniable avec Spider-Man 2, c’est qu’il reste un bon film et une excellente suite. Là où le premier peut aujourd’hui avoir un peu mal vieilli dans certains de ses effets spéciaux et astuces de mise en scène, il est impressionnant de constater que sa suite sortie seulement 2 ans après n’a aucunement pris une ride. Sam Raimi repousse une nouvelle fois les limites pour offrir un divertissement encore plus spectaculaire que le premier. La caméra est plus virevoltante, favorisant les plans longs et les mouvements amples pour ne rater aucune miette des affrontements. Le tout aidé par un découpage qui porte le soin de bien spatialiser ses décors, pour une immersion d’autant plus prenante.
Il est saisissant de se rendre compte à quel point le réalisateur arrive encore à insuffler à chacune de ses scènes une saveur qui leur est propre. Ainsi aucune n’est redondante et tout est fait pour qu’elles soient mémorables. Ce qui est le cas. Le réveil d’Octopus à l’hôpital, en plus d’être une auto-référence à son Evil Dead, a la maestria d’être une véritable séquence horrifique tout en étant tout public. Pas besoin de gore : les jeux de reflet, les vues subjectives, la violence tangible des coups et des corps propulsés, la lumière très ombragée iconisent directement ce nouveau méchant et ses bras articulés. Et que dire de la séquence du métro aérien, hormis qu’elle est encore aujourd’hui une des scènes les plus spectaculaires de tous les temps. La vitesse, le compte à rebours avant une catastrophe en approche, la vie d’innocents en danger, le dépassement des limites physiques du héros : Raimi est parfaitement conscient de tous les ingrédients nécessaires pour pousser toujours plus haut les enjeux.
Spider-Man No more !
Mais l’écriture du personnage principal est aussi l’exemple parfait de ce qu’il faut faire dans une suite. Là où dans le premier il s’agissait d’une métaphore du passage à l’âge adulte et d’en accepter les responsabilités, ici son parcours, dans une continuité impeccable, aborde les conflits de la vie d’adulte (les plus matures remarqueront que dans le 1 Peter découvre son corps en plein changement alors que dans ce second opus il subit littéralement une panne…) et du poids des responsabilités. Directement inspiré du comics numéro 50 intitulé Spiderman No More !, qui a bien failli donner son titre à ce film, le masque du héros est devenu trop lourd à porter pour ce pauvre Parker qui n’arrive pas à concilier sa vie privée avec sa vie héroïque. Il décide alors d’abandonner le costume et ses responsabilités pour s’adonner à des plaisirs futiles. Mais cela bien évidemment avant qu’il ne reprenne conscience qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, qui ne tarderont pas à le rattraper…
La mode des suites étant de toujours faire plus épique, il est très osé ici de se focaliser sur une inactivité du héros et par conséquent d’amoindrir le nombre de scènes spectaculaires. Inspiré par Superman 2, le récit pousse encore plus le choix de s’axer sur les conséquences de la vie de super-héros et non de ses actions. Mais l’économie de scènes d’action ne vient pas entacher le plaisir de visionnage tellement ces décisions scénaristiques sont fluides et cohérentes narrativement.
Mais comme précédemment annoncé, tout n’est pas forcément au beau fixe. Le mechant principal, parfaitement casté en la personne d’Alfred Molina, se voit affublé de motivations diaboliques quelque peu légères. Il est effectivement difficile d’adapter les ennemis de Spider-man car dans leurs versions d’origines ce sont de véritables pages blanches, ayant des intentions ne dépassant jamais l’envie de richesse. Faire du Doctor Octopus un scientifique idéaliste en début de film était une excellente idée pour lui donner plus de relief. Cependant son passage du côté obscur s’avère pour le moins facile, justifié une fois encore par une folie causée par ses expériences. Une petite redite du personnage du Bouffon Vert. De plus, il suffit d’un dialogue plein de bon sentiment pour le faire revenir à la raison. Facile on vous dit.
Mais bon nous pouvons aisément passé outre cela, l’interprétation et la mise en scène du personnage rattrape le tout. Cependant, là où le bas blesse, c’est encore (plus) sur la relation Mary Jane/Peter. Le couple s’engouffre un cran au dessus dans ce qui se fait de pire dans les drames romantiques, à coup de triangle amoureux et des deux protagonistes faisant un jeu de “Je t’aime, moi non plus”. Si pour Peter cela reste cohérent avec son parcours, Mary Jane est réduite à une potiche qui ne souhaite qu’une chose : conquérir Spider-Man.
Les feux de l’amour
En effet, alors qu’elle s’apprête à se marier, et à effacer Parker de sa vie (car celle-ci fait un caca nerveux qu’il ne puisse venir à sa représentation de théâtre…), elle tente de reproduire son baiser à l’envers qu’elle a eu avec le super-héros, mais avec son futur mari. Elle se rend compte alors que ce dernier n’est pas Spider-Man, ou bien qu’elle n’a pas la même passion avec lui, et fait un total revirement, retournant dans les bras de Peter qu’elle soupçonne d’être le tisseur. Cela l’a fait passer pour un personnage complétement superficiel qui n’a que pour but de séduire l’image même d’un mâle Alpha (Flash dans le 1, le spationaute dans le 2 et évidemment surtout l’homme araignée). Pas étonnant lorsqu’on s’attarde sur les scénaristes d’origines de cette suite, le duo Miles Millar et Michael Gough, créateurs de Smallville. Une série particulièrement marquée par sa niaiserie.
Ces points en font un suite en deçà du premier opus. Mais cela n’entache pas les autres qualités d’écriture et de réalisation. Sam Raimi a choisi l’axe narratif parfait pour continuer le parcours de son personnage, les métaphores qui en découlent tout autant qu’en améliorant d’un cran sa réalisation. Un grand film une fois encore.
Spider-Man 2 est actuellement disponible sur Netflix.