Adapté du roman éponyme de 2019, Les Indomptés (On Swift Horses en VO) est un film choral chroniquant le destin interconnecté de 4 personnages dans l’Amérique des 60’s. Servi par un casting de talent, l’ensemble manque de corps pour pleinement convaincre.
Présenté en 2024 au Festival de Toronto, Les Indomptés est le passage au cinéma de Daniel Minahan ! Un nom qui ne dit peut-être pas grand chose au quidam, pourtant ce dernier a déjà une longue carrière à la télévision en ayant mis en boîte des épisodes de plusieurs show cultes lors de l’âge d’or d’HBO (Six Feet Under, The Newsroom, Deadwood, Game of Thrones..).
Dernièrement, on lui doit également la réalisation de quelques projets résolument queer comme Fellow Travelers, ou bien la mini-série de Ryan Murphy Hollywood ! Cela tombe bien, cette dernière partage des similitudes d’intention avec Les Indomptés : nous sommes dans l’Amérique post-WW2, alors en pleine mobilisation en Corée, et dans un récit choral.

Muriel (Daisy Edgar-Jones) débute une nouvelle vie avec son mari Lee (Will Poulter) dans une banlieue résidentielle en Californie. Au même instant, le frère charismatique Julius (Jacob Elordi) vient semer le trouble dans le vie du couple. Un triangle amoureux éphémère en somme, avant que Julius ne décide de partir pour Las Vegas.
Il fera la rencontre de Henry (Diego Calva), un immigré mexicain avec qui il s’engagera non seulement dans une combine d’arnaque au casino, mais également une romance passionnée. Une exploration amoureuse taboue pour l’époque, que Muriel va également vivre avec Sandra (Sasha Calle), une voisine désireuse de vivre de la manière la plus libre possible.
Americana contrarié
Les Indomptés porte ainsi bien son titre, tissant la portrait d’âmes solitaires en quête de leur propre identité profonde, tandis qu’ils se retrouvent cloisonnés dans une position sociale inhérente à l’Amérique d’antan. Pourtant, quelque chose coince à mesure que le récit souhaite décoller, engoncé dans des non-dits trop peu maîtrisés qui brident toute irruption d’émotion à fleur de peau.

Nous ne sommes donc pas dans In the Mood for Love, Brokeback Mountain ou Sur la Route de Madison (pour citer les exemples les plus évidents), tandis que Les Indomptés est à son meilleur uniquement lorsqu’il traite de la relation d’attraction-répulsion entre Jacob Elordi et Diego Calva. Un arc narratif globalement satisfaisant à ce niveau (bien que légèrement programmatique), tandis que Minahan a du mal à traiter sur un pied d’égalité chaque trame interconnectée.
Quand l’émotion est indomptée
Le plus flagrant tiendra dans l’autre personnage principal du film, incarné par une Daisy Edgar-Jones toujours aussi ravissante à l’écran, mais dont la sensibilité hermétique contamine toute émotion. Même constat pour le personnage-clé de Sandra, employé comme un token au service du développement de Muriel plutôt que comme un pivot à part entière. Que ce soit dans la naissance d’une amourette, la culpabilité refoulée liée à l’adultère, la rupture ou le réveil sentimental en plein Mexique, Les Indomptés reste à température ambiante !

Heureusement, le casting est bon, tout comme la mise en scène carrée de Minahan. On regrettera peut-être une patine visuelle semblant héritée du streaming, via une lumière calfeutrée et une reconstitution d’époque à l’économie. Il faudra donc attendre le dernier tiers du récit pour toucher du doigt le projet de Les Indomptés, via une fuite en avant que l’on aurait aimé romanesque et déchirante. Il faudra donc se contenter de ce résultat qui n’a rien de honteux loin de là, mais qui se veut en demi-teinte permanente !
Les Indomptés sortira au cinéma le 30 avril 2025
avis
Les Indomptés peut compter sur son casting de talent pour donner de la chair aux diverses trames constituant son récit choral. Dommage que la dramaturgie ne parvient pas à donner autant de corps à l'ensemble de ses personnages !