Plus de 9 ans de développement plus tard, The Flash sort enfin dans les salles obscures. Film charnière dans le changement de politique chez DC, cette aventure « solo » de l’homme le plus rapide de l’univers concentre tous les travers du blockbuster Hollywoodien actuel, noyant ses quelques belles idées dans un capharnaüm de fan-service sans âme.
Flash est un des grands noms de DC Comics, et pourtant il aura fallu plus de 9 ans de devloppment hell avant qu’un film dédié lui soit-consacré. Ainsi, plusieurs réalisateurs ont été associés (de près ou de loin) au projet The Flash, que ce soient Robert Zemeckis, Jonathan Goldstein & John Francis Daley (Donjons & Dragons), Rick Famuyiwa (The Mandalorian) ou Phil Lord & Chris Miller (Spider-Man Across the Spider-Verse).
The Flash : le projet le moins rapide de l’univers DC
Il est d’ailleurs cocasse de citer ces derniers, tant on trouve des éléments dramaturgiques similaires dans The Flash (au résultat bien moins réussi). Andy Muschietti (It) a donc repris le flambeau, pour un film opérant la fin de l’ancien DCEU, faisant office d’aventure solo explorant le personnage, mais aussi de plongée dans le multiverse de DC !

The Flash prend ainsi place après les évènements de Justice League, alors que Barry Allen tente encore une fois de lier son identité super-héroïque et son activité de criminologue. Mais alors que le procès de son père (pour le meurtre présumé de sa mère Nora) est sur le point d’avoir lieu, Barry découvre qu’il peut remonter le temps grâce à la Force Véloce.
Malgré les mises en garde de Bruce Wayne (Ben Affleck), Barry va empêcher le décès de sa mère avec succès. Mais ce simple changement va avoir pour conséquence de réécrire l’Histoire : Zod (Michael Shannon reprend son rôle de Man of Steel) débarque donc sur Terre sans que Superman ne soit présent. Épaulé d’un Barry Allen plus jeune, Flash va avoir recours à l’aide d’un Bruce Wayne bien différent : un Batman plus âgé, incarné par Michael Keaton (les 2 opus de Tim Burton).
Force Véloce parasitée
En lisant ce pitch, les ingrédients semblent donc présents pour proposer un film super-héroïque à la fois personnel (via l’arc familial des Allen) mais aussi ludique, en mode Retour vers le Futur. Et The Flash arrive parfois à créer un humour situationnel plutôt bien amené : d’un sauvetage de bambins en pleine chute libre en passant par l’aspect buddy movie des 2 Barry, jusque dans cet aspect à la Flashpoint où on le voyage dans le temps permet d’offrir une alternative à des éléments connus.
Mais malheureusement, The Flash représente avant tout ce qui se fait de pire dans l’industrie Hollywoodienne actuellement, gangrénée par un fan service qui parasite les velléités créatives initiales (hello No Way Home), et qui dessert totalement l’histoire qui nous est racontée ! Passée la mise en place globale des enjeux, le scénario se contentera d’empiler les séquences sans grande construction dramaturgique, pivotant ses axes narratifs autour de l’implantation de nouveaux personnages.

Il y a du plaisir de revoir Michael Keaton en Batman, 30 ans après Batman Returns. Et s’il a son lot de moments badass en costume, difficile de pleinement valider la démarche tant ce dernier n’a aucune problématique ou enjeu dramaturgique en lien avec son personnage. Un faire-valoir tout simplement, à l’instar d’une excellente Sasha Calle en Kara Zor-El. Mais si elle amène une intensité de jeu et une belle prestance à Supergirl, elle aussi demeure rapidement évacuée en tant que personnage (malgré un sous-texte intéressant dans son rapport à l’humanité) pour ne représenter que les muscles lors du climax.
Un vrai film The Flash s’est perdu quelque part
Et si The Flash ne brille aucunement par l’utilisation de ses personnages, Barry Allen a au moins un arc, allant d’un point A à B. Et pourtant, difficile de passer outre le sentiment des réécritures successives du projet, impactant évidemment l’évolution du personnage et les choix qu’il devra faire. Le tout se concentre donc lors du climax, donnant là aussi son importance au 2nd Barry Allen (plus irritant et juvénile encore !).
Et si Ezra Miller assure dans ce double-rôle, c’est bien l’espagnole Maribel Verdú (Y tu mamá también, Le Labyrinthe de Pan) qui irradie le plus l’écran, pourtant dans une simple poignée de séquences. L’émotion semble donc montrer sa tête par le pas de la porte…dommage que tout cela soit noyé encore une fois par les ruptures de ton incessantes et le joyeux bordel qui constitue le projet The Flash.

Car outre son intrigue constituant un grand pas de côté sans réel impact (n’espérez pas un reboot de l’univers DC avec ce film), The Flash réussit également l’exploit d’être le blockbuster à 300 millions de dollars le plus laid et le plus foiré techniquement depuis Gods of Egypt ! Les séquences en intérieur n’ont heureusement pas ce problème, mais il suffira d’un passage en Alaska, du dernier tiers ou bien d’une représentation du voyage temporel pour se brûler la rétine face aux arrière-plans CGI complètement artificiels.
Au milieu de tout cela, on se contentera de la représentation des 2 Ezra Miller (confondants de réalisme) et de quelques sursauts réguliers de mise en scène, où Andy Muschietti offre une action lisible mettant à l’honneur les capacités des personnages (et ce dès la poursuite en Bat-moto initiale !). Pas de quoi pardonner le gros cafouillage visuel que représente The Flash cependant…
Les pires caméos du genre
Et si cela ne se suffisait pas, The Flash parvient à planter le dernier clou de son cercueil dans son tout dernier segment, offrant au spectateur le pire ce qu’on peut trouver comme « caméos », allant jusqu’à déterrer les fonds de tiroir de l’histoire de DC (jusque dans du projet avorté). Inutile de préciser que ces instants de gênance crasse semblent tout droit sortis de reshoots intempestifs ou d’un algorithme démoniaque.
Vous l’aurez compris, The Flash n’est finalement qu’un énième échec du genre, et un parfait exemple des dérives Hollywoodiennes. Prêt à tout pour que leur investissement à long terme fasse recette, DC finit donc d’enterrer 10 ans de franchise Frankenstein ! En espérant désormais que James Gunn reboote tout cela sur des bases saines.
The Flash sortira au cinéma le 14 juin 2023
avis
The Flash a par instants des idées, de l'humour et un soupçon de cœur, mais se révèle in fine comme une gigantesque foirade à plusieurs centaines de millions de dollars. Un blockbuster laid qui ne sait jamais réellement ce qu'il veut être, et qui enterre l'univers DC tel qu'on le connait. Mauvais tout simplement !