Lune jaune – La ballade de Leila et Lee est un récit à imaginer, un road trip entrepris par deux adolescents.
Imaginez que le public entre dans la salle. De part et d’autre du plateau, en fond de scène, se tiennent deux comédiens : Thibault Pasquier et Titouan Huitric. Imaginez que des accords à la guitare retentissent, joués en live par Nico Morcillo, assis sur une chaise au centre du plateau. Imaginez encore qu’à l’avant-scène se détache une bande lumineuse. Au centre de cette bande est assise Leïla, interprétée par Marion Bajot. Leïla porte une tunique jaune un peu vieillotte et un jean. Elle tient dans sa main un carnet rempli de textes et d’images découpées dans des magazines people. Imaginez Leïla en train d’écrire dans ce carnet. Puis Leïla se lève et prend la parole.
S’inventer un monde
Leïla Suleiman a 17 ans et vit à Inverkeithing dans la banlieue d’Edimbourg. Leïla se présente à nous, elle est la narratrice principale de son histoire. Imaginez Leïla en train de décrire les personnages de son récit. Elle tient dans sa main leur fiche, avec leur prénom et leurs caractéristiques principales. Elle nous parle de Lee Macalinden, plus connu sous le nom de « Stag Lee », le petit caïd de la ville. Imaginez Thibault Pasquier quittant l’ombre du fond de scène en entendant le prénom de Lee. Il s’avance sur le plateau et entre dans l’arène, cet arc de cercle blanc entouré d’une estrade lumineuse où se joue l’action de l’histoire. Il est Stag Lee, avec sa casquette rouge vissée sur la tête.

Cette arène est l’espace mental de Leïla, son lieu de projection. C’est ici qu’elle apprendra et évoluera, dans ce conte initiatique dont elle est l’auteure. Lune Jaune – La Ballade de Leïla et Lee est une histoire qui se déroule dans sa tête. Leïla imagine et nous emmène avec elle dans son récit. Surnommée « La silencieuse » depuis le jour où elle a décidé de ne plus parler, elle prend ici la parole pour échapper à sa réalité et devenir quelqu’un. Pour la toute première fois, elle vit, elle est là, elle existe, elle se sent bien et prend part à une aventure : sa fuite aux côtés de Lee Macalinden après le meurtre de Billy, le beau-père de Lee. Dans Lune jaune réalité et fiction se mélangent et on ne sait jamais exactement de quel côté on se trouve, mais quelle importance ?
Être la cheffe d’orchestre
Lune jaune est encore un peu balbutiant, à l’image de ses deux protagonistes, Leïla et Lee, qui se cherchent encore. Le texte aurait peut-être mérité d’être écourté pour gagner en rythme, notamment lors de la première partie du spectacle qui traîne un peu en longueur. Il faudra attendre le début de la fuite pour que l’histoire prenne davantage en profondeur et que l’on s’attache aux personnages. L’apparition de Franck (Olivier Barrère), le garde-chasse, ajoutera une autre dimension au récit et permettra à Leïla et Lee de gagner en indépendance. Ensemble, ils formeront une bande hétéroclite perdue dans la montagne enneigée.

Pour découvrir Lune Jaune, il faudra se laisser porter par l’imagination de Leïla, la laisser être la cheffe d’orchestre de son histoire.
Lune jaune – La Ballade de Leïla et Lee, écrit par David Greig et mis en scène par Olivier Barrère, avec Marion Bajot, Thibault Pasquier, Olivier Barrère et Titouan Huitric, s’est joué du 3 au 21 juillet 2024 à 9h55 à La Manufacture.
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Avis
Lune Jaune - La Ballade de Leïla et Lee est un conte initiatique inventé par Leïla elle-même. Entre récit d'aventure et recherche de soi-même, ce spectacle nous amène dans un road trip enneigé.