C’est mort (ou presque) est un seul en scène (ou presque) de Joachim Latarjet. Accompagné de ses instruments, il nous propose un spectacle musical poétique sur un livre de Charles Pennequin : Pamphlet contre la mort.
Joachim Latarjet est assis face public au milieu d’une scénographie de quatre mètres sur quatre. Autour de lui se multiplient les instruments de musique – guitare, basse, trombone, tuba contrebasse et baglama – les instruments de MAO – looper à dix entrées, sampler, ordinateur – et les micros. Il est au centre d’un étrange univers, son univers, éclairé par des rampes LED aux ambiances lumineuses envoûtantes.
Latarjet est un fantôme flottant dans l’obscurité, son ombre se projette sur le mur derrière lui, grande, immense. Son regard se perd dans le noir et ne nous fixe que rarement. Emporté par sa musique il ferme les yeux ou observe un point au-delà de sa ligne d’horizon. Joachim Latarjet nous hypnotise de sa présence, de sa voix et de sa musique.
On avance en spirale
Pour Latarjet, « les phrases de Pennequin avancent en spirale ; ce sont des boucles qui avancent« . Les mots se répètent, les phrases se répètent, les sons se répètent, et pourtant, ses idées vont toujours un peu plus loin. Charles Pennequin creuse ses pensées jusqu’au bout, multipliant les épiphores, les anaphores, les allitérations, les assonances et les anadiploses. Une langue de la sonorité et de la boucle.
Et voilà que Latarjet construit son spectacle à la manière des poèmes de Pennequin : en spirale, en boucle. Il part d’un endroit pour y revenir, terminant là où il a commencé, une épanadiplose narrative qui englobe un spectacle qui se nourrit de lui-même. Sa musique se fonde exactement sur le même mouvement circulaire : grâce à son sampler et à son looper, Latarjet crée des ritournelles, son leitmotiv à lui. Les rythmes se répètent, les accords se répètent, les clusters se répètent, les motifs se répètent, et nous emmènent avec eux dans une direction donnée.
Multi-instrumentiste
Joachim Latarjet est multi-instrumentiste et surtout tromboniste. Il est un homme orchestre capable de composer des musiques où chaque instrument s’additionne au précédent. Il y va de ses rixes à la guitares, de ses sons graves au tuba, de ses sons aigus aux inspirations orientalistes au baglama (instrument d’origine turc à cordes pincées). Sa voix elle-même se décline en de multiples facettes : il chante, parle, souffle, crée des bruitages et des sons à partir de sa respiration. A l’aide de vocodeurs, il en change le timbre et la tessiture. Parfois, ses paroles se dédoublent et des éléments préenregistrés se joignent à sa performance live. Latarjet ne cesse de surprendre.
C’est mort (ou presque) fait vibrer des textes qui parlent de la vie, un spectacle musical magnétique.
C’est mort (ou presque), écrit par Charles Pennequin et mis en scène par Joachim Latarjet Et Sylvain Maurice, avec Joachim Latarjet, se joue du 3 au 21 juillet 2024 à 18h40 au Théâtre du Train Bleu.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.
Avis
C'est mort (ou presque) est un spectacle musical qui mêle la poésie des mots de Charles Pennequin aux compositions de Joachim Latarjet. Une performance qu'il faut écouter tout en se laissant envouter.