Deadpool & Wolverine s’incrustent dans le MCU dans ce nouvel opus qui a pour ambition de faire le pont entre la saga mutante de la Fox et les Avengers de Disney, et par la même occasion essayer de rebooster une franchise en perte de vitesse. Le plus célèbre des anti-héros s’avère-t-il être le messie de Marvel Studios ?
Alors que Deadpool veut rejoindre les Avengers pour devenir un véritable héros, il se fait recruter par la TVA pour faire le ménage dans le multivers. Cependant, le sien est en danger et il va devoir faire appel à Wolverine pour le sauver. Une rencontre au sommet.
Le projet était ambitieux. Pharaonique, entre intégrer les mutants au sein du MCU, ressortir Logan d’outre tombe, être le premier Rated-R de Marvel Studios, servir de conclusion à l’ère Fox à coups de caméos tout en offrant une suite au parcours de Wade Wilson et faire avancer l’intrigue du multiverse de la saga principale. Plein de promesses qui s’avèrent au final être le plus gros défaut du film : l’impossibilité de cocher toutes les cases.
Deadpool : Marvel Jesus ou plutôt Marvel Judas ?
A titre purement narratif, Deadpool & Wolverine est un gros bazarre écrasé par ses ambitions. A force de devoir incruster plein de caméos, faire une avalanche de blague méta et représenter les codes du multiverse made in MCU, les auteurs du scénario se prennent les pieds dans le tapis en écrivant un semblant de fil rouge bien maigre pour servir d’excuse à ce que les protagonistes puisse aller de checkpoint en checkpoint à la rencontre des guest stars. De même, certains d’entre eux apparaissent sur le chemin de notre duo tel des PNJ pour faire avancer le scénario. Facile. Il faut aussi dire au revoir à la cohérence du fonctionnement du multiverse jusque-là installé par Doctor Strange 2 et Loki, ici il est plus simple de voyager dans les univers que de prendre une ligne de métro parisien pendant les JO.
Ce laxisme narratif est d’autant plus marqué par l’absence d’un antagonisme clair et défini. Que ce soit Paradox ou Cassandra Nova, leur justification pour leur plan machiavélique est inexistante, étant méchants et voulant la destruction d’univers seulement pour avoir des enjeux artificiels. Ne vous attendez donc pas à être pris dans des combats intenses, les scènes d’action, certes bien mises en scène par le très bon faiseur Shawn Levy, sont dénuées d’une quelconque tension et sont 99% du temps sujet à blagues. Elles résultent la plupart du temps de petites chamailleries et non de véritables péripéties. Notre cher mutant griffu se fait quelque peu manger à l’écran par un Deadpool écrasant, à la saillie inarrêtable, avant d’enfin revenir sur le devant de la scène une fois les deux tiers du métrage passé.
Donc ne cherchez pas de grande histoire derrière Deadpool & Wolverine, le film en est dénué. Tellement qu’il ne fait pas plus avancer l’intrigue du multiverse du MCU, étant l’équivalent d’un épisode filler (l’entièreté de l’intrigue se déroulant hors de l’univers de base). Par ailleurs la direction artistique est tout autant aux abonnés absents, alternant forêt, désert lambda, plaine naturelle et décors touts petits qui sentent bon le studio. La véritable force du métrage se trouve ailleurs et était déjà la force du précédent : son commentaire méta-textuel du genre.
On a eu la chair de Deadpool
En effet voire Deadpool commenter l’acquisition par Disney, tirer à balle réelle sur le MCU post-Endgame, cracher affectueusement sur l’époque 20th Century Fox, littéralement profaner le cadavre de Logan dans une scène d’intro qui restera dans les annales ou se moquer de l’attente des fans dont il a parfaitement conscience (et c’est là que nous voyons que Reynolds est avant tout un fan) est jouissif et donne tout l’intérêt du métrage. Si Deadpool 1 marquait pour l’intertextualité qu’il avait avec sa propre saga et le genre de son époque, celui-ci marquera pour le regard entier qu’il porte sur les productions super-héroïques de ses 30 dernières années. En ce sens, ce métrage est une véritable boite à jouet où le retour de certains héros mythiques (et d’autres moins) disparus des écrans (où même jamais apparu…) griseront les Marvelzouzes.
S’il y a moins d’invités surprises que ce que l’on aurait pu penser (réservant surement l’orgie pour Secret Wars), l’attente et le marketing créant peut-être une sur-hype autour de cela, ceux qui répondent présents font plaisir à voir et sont traités avec respect pour qu’ils aient des moments de gloire. Plus encore, toute la thématique d’avoir une conclusion est autour de ses personnages secondaires. A vrai dire, c’est à travers cet hommage du Marvel hors MCU (et globalement de la période 20th Century Fox) que le film relève le niveau de son fond, signant une page qui se tourne.
Deadpool & Wolverine à défaut d’être un film bien écrit et cohérent dans son histoire est au moins une comédie d’action qui réussit aussi bien son humour que la réalisation de ses combats tout en étant un commentaire hilarant sur son propre genre et un vibrant hommage à nos adaptations passées de comics. Marvel est mort, vive Marvel.
Deadpool & Wolverine est actuellement à voir au cinéma.
Avis
Deadpool & Wolverine, à défaut d'être un bon film dans ses mécaniques, saura rendre hommage à tout un pan du film de super-héros et se moquer avec malice de son genre.