Après une première saison plutôt intéressante et novatrice dans le paysage du MCU, Loki s’offre un angle plus intime pour sa saison 2, plus discrète mais diablement efficace.
Alors que le TVA est en perdition, Loki se retrouve à errer dans le temps tout en essayant de sauver ses nouveaux amis (et tout le multiverse) d’une oblitération temporelle. Fer de lance de l’écurie Marvel sur Disney+, la saison 2 de Loki permet de retrouver avec un plaisir certain les aventures du Dieu malicieux tout en développant la quête personnelle du protagoniste, en proie à des questionnements existentiels. En somme de belles promesses, concrétisée dans un final magnifique malgré quelques lourdeurs scénaristiques.
Créée par le papa de Rick et Morty (la saison 7 est un bonheur d’ailleurs), la saison 1 de Loki (notre critique de cette escapade dans le multiverse) était scénarisée par une writer’s room peuplée de nombreux noms tandis que cette deuxième salve d’épisodes n’est le fruit que d’une seule plume, Eric Martin. Ainsi, cette unité narrative va autant servir Loki que par instants déstabiliser le spectateur puisque cette saison 2 plus minimaliste parait parfois comme plus anecdotique que la première. Paradoxale mais pourtant lourde de sens.
Back to the multiverse
Avec une direction plus sereine de l’écriture, la suite des aventures de Loki est donc bien moins spectaculaire, préférant se focaliser sur l’intime et la psychologie de nos protagonistes, même si plane vite sur ces nouveaux épisodes le risque de destruction de l’espace-temps, carrément. Une mise en scène de type huis clos permet donc d’asseoir l’intrigue sur les toujours excellentes épaules de Tom Hiddleston, rutilant dans sa veste à revers. On se cantonne (presque toujours) aux couloirs et bureaux du TVA où l’on apprécie les introspections de Loki au sein de ce pèlerinage de reconstitutions architecturales vintages, bien référencées au 70’s tant dans le choix des typos que des couleurs, papiers peints des locaux ou encore des habits des protagonistes, donc c’est charmant.
Pourtant, malgré une approche un peu claustrophobique (c’est du Marvel mais ils essayent quand même de faire les choses bien), tout ceci semble parfois ne pas trop savoir où aller. Sous couvert de ce postulat minimaliste, on dirait que le show tente plutôt de camoufler son manque d’action par de vaines tentatives de dynamiser son récit en envoyant vite fait Loki et Mobius (génial Owen Wilson) dans deux trois missions perdues dans le temps et qui finalement n’apportent pas grand-chose. En résulte une impression étrange, comme si la série tentait de retrouver les éparpillements épiques de la première saison tout en essayant de se restreindre pour mieux se recentrer sur ses personnages. Un contraste ambivalent, parfois un peu ennuyeux, ni trop intimiste ni trop spectaculaire, le postérieur entre deux fauteuils Heiner Golz quoi.
A tel point que le show essaye même de nous entraîner dans une pseudo course contre la montre pour sauver le temps et le multiverse de leur destruction en nous menant par le bout du nez. Entre diatribes pseudo scientifiques et élucubrations abstraites pour tenter de concrétiser la quête de nos héros, qui vont jusqu’à s’entourer d’un variant gentiment irritant de Kang (Jonathan Majors est presque absent du show vu ses déboires avec la justice et donc de son effacement du MCU), le projet s’apparente presque à un McGuffin narratif géant assez grossier qui vient par moments nous plonger dans une douce catatonie. On nous prend pour des idiots mais on est diverti.
Grosse plus-value d’ailleurs, en dehors de nous faire kiffer (pardonnez l’expression) avec les errances temporelles et donc de voir notre cher Loki se téléporter littéralement partout et nulle part à la fois, c’est de voir Kevin Feige et Marvel capitaliser sur la présence de Ke Huy Quan qui intègre le MCU comme nouveau technicien du TVA. L’acteur oscarisé pour Everything Everywhere All At Once ajoute une bonhomie certaine et semble à lui tout seul donc justifier de l’aspect spaghettifié du temps (si t’as vu EEAAO tu comprendras le coup des spaghettis). Une belle trouvaille pour contextualiser et imager la destruction temporelle et permettre à Loki d’organiser un peu le plat de bolognaise préparé par Kang.
Cependant, le final permet d’y voir plus clair dans ce plat de pâtes narratif, de retrouver la grandeur de Marvel tel qu’on l’aime et qu’on l’apprécie, dans la canonisation de ses personnages. Or c’est ça que cette saison tente d’accomplir, achever de transformer Loki en grand gentil. Une réussite plutôt efficace, pour finir d’asseoir ce fan-favorite comme la pierre angulaire du MCU et sa prochaine phase. Pour ce faire, après avoir été tout en retenu durant 5 épisodes parfois inégaux, le season finale permet ainsi de conclure l’arc du personnage initié 11 ans plus tôt, illustrant parfaitement le Glorious Purpose énoncé dans le premier Avengers et qui résonne enfin dans une conclusion épique et follement grandiloquente.
Glorious spoilers
Le multiverse maintenant consolidé est maintenu par Loki, troquant son trône asguardien pour celui intemporel, devenant ainsi le Dieu des histoires, itération connue des lecteurs des comics qui est capable de réécrire les évènements et les récits. Un pouvoir commensurable permettant à notre anti-héros préféré de manipuler les mythologies divines de ses collègues déifiés et les destinées des autres héros chez Marvel. Un dieu du multiverse qui, dans la série, redonne un souffle de vigueur à Yggdrasil (l’arbre de vie nordique), en lui donnant comme nouvelles racines les branches du temps elles-mêmes. De quoi proposer une éternité de bons et loyaux services tout en restant caché mais indispensable à la bonne tenue du monde et donc du multiverse et donc du MCU.
Parfois inégale pour masquer son manque de dynamisme, la deuxième (et dernière ?) saison de Loki permet surtout de se focaliser sur le dieu de la malice et lui offrir une belle et dernière aventure, paradoxalement centrale au futur du MCU. Une glorieuse conclusion.
La saison 2 de Loki est disponible sur Disney+
Avis
Malgré quelques inégalités narratives, cette deuxième et dernière saison de Loki nous offre une conclusion intime, permettant d'ériger le Dieu de la Malice en nouvelle icône du MCU. Du beau boulot.