La saison 4 de The boys vient de se conclure sur Amazon Prime et, comme on l’indique dans le titre, les derniers épisodes viennent sauver le reste d’un certain relâchement.
Pendant que Butcher se bat avec un cancer inéluctable, les Boys essaient d’empêcher Homelander et de nouveaux Supes d’accéder à la maison Blanche, ou presque. The Boys, la poule aux œufs d’or de Amazon Prime revient pour une quatrième saison pas piquée des hannetons mais celle-ci tend un peu trop souvent vers le too much pour paraître aussi fraiche que les précédentes propositions du show adapté des comics de Garth Ennis.
Toujours scénarisée et showrunnée par le papa de Supernatural, Eric Kripke, cette 4e saison de The Boys annonce un tournant dans le show super-héroïque de Amazon alors qu’elle promet une ultime et dernière saison comme conclusion. L’occasion de commencer à resserrer les intrigues, à éliminer certains personnages, tout en arquant doucement sa phase terminale, comme Butcher quoi. Pourtant, à l’instar de tous les noms qui défilent pour la réalisation ou l’écriture de chaque épisode, ces nouveaux épisodes paraissent un tantinet décousus, sans véritable direction autre que celle, évidente, d’annoncer sa fin imminente.
F$cking brilliant
Prétextant son sentiment conclusif, la saison 4 de The Boys tente le tout pour le tout en allant encore plus loin dans son irrévérence. Ou son gore / trash, disons-le franchement. A tel point que cette manœuvre parait un rien futile et artificielle si ce n’est de nous détourner du fait que narrativement… on fait du surplace. Un peu paradoxal quand on voit que l’arc narratif de cette saison se veut plus cérébral avec la mise en place d’un complot national, fomenté par Homelander et de nouveaux Supes comme Sister Sage (Susan Heyward) pour tenter de renverser l’ordre établi et de mettre les super-héros aux commandes des USA. Pourtant c’est laborieux… presque au second plan tant il y a d’intrigues secondaires à mettre en place pour pas grand chose.
On va tempérer un peu nos paroles parce que le show reste excellent dans sa facture iconoclaste et sa critique acerbe d’une politique américaine républicaine. C’est dans ses caricatures des évangélistes et du puritanisme, qui condamnent l’avortement, ou de l’organisation d’un pouvoir fascisant que la série excelle et continue de nous régaler. Et ce jusqu’à brouiller étrangement la fameuse maxime : la réalité dépasse la fiction. Pas chez les Simpson et apparemment pas dans l’esprit de Eric Kripke. Pour preuve avec la récente tentative d’attentat à l’encontre de Donald Trump qui fait forcément au season finale de cette saison 4. Troublant et terrifiant. D’actualité et pertinente, cette teneur reste le gros point fort de la série.
De même certains protagonistes continuent d’être agréablement et très justement développés. Toni Starr par exemple nous offre un jeu incroyable pour faire de Homelander un sociopathe plus terrifiant que jamais. Karl Urban est magistral et Jeffrey Dean Morgan apporte également une certaine plu value au show, en plus de rassembler l’équipe de Supernatural, qui ne sera complète qu’avec l’arrivée de Jared Padelicki lors de la saison 5 mais passons. D’autres plus discrets se voient octroyer de beaux moments à l’écran, comme l’introduction de Sister Sage, la rédemption de A-Train (Jessie Usher) ou l’ascension de Victoria Neuman (Claudia Doumit), magnifiquement plus centrale dans cette intrigue politisée. Du beau monde pour du bon boulot !
Brillantly f$cked
Par contre certains souffrent de développements inexistants ou incompréhensibles. L’emprisonnement de Frenchie n’a que peu d’intérêt si ce n’est de libérer le planning de l’acteur et Hughie (Jack Quaid) est dans cette saison 4 de The Boys complètement traumatisé et malmené par les évènements. Passant du deuil à l’infidélité au viol sans que cela ne semble altérer le personnage, le pauvre est torturé psychologiquement mais n’en garde visiblement aucune séquelle.. pourquoi pas. Une forme de détachement de ce qui se passe ou de ce que l’on voit et qui vient justement amoindrir ce que l’on nous montre.
Surtout que cette saison 4 de The Boys pousse encore plus haut le curseur du gore/trash dans des séquences d’une violence inouïe (l’épisode où Homelander retourne au labo où il fut élevé est incroyable mais d’une barbarie folle) ou d’un sadisme sexuel malaisant (l’épisode où Hughie se retrouve dans le donjon de Tek Knight) ou des scènes totalement dérangeantes (comme les séances de lobotomies coquines de Sage avec Deep) sans que tout ceci ne fasse avancer l’intrigue. Quand c’est le doucement le cas, on se demande quand même à quoi servent certaines digressions comme le retour de Stan Edgard (Giancarlo d’Esposito) au milieu d’un troupeau de moutons carnivores dopés au V.
Alors certes ’est rigolo et WTF mais contrairement aux saisons précédentes, c’est ici dommageable puisque ça sert surtout à ralentir le manque d’approfondissement scénaristique du virus et du coup d’Etat que prépare Homelander. De même, il n’y a quasiment aucun lien avec Gen V (alors qu’on s’était amusé à vous faire un méga récap) sauf quand certains personnages sont montrés ici et là pour justifier l’existence du spinoff. C’est triste que l’ensemble ne décolle véritablement que dans les derniers (ou le dernier) épisode après avoir erré pendant plusieurs heures, agréables c’est certain, mais très inconsistantes et sans véritablement développer un propos tenu et pertinent. A l’image d’une réalisation proprette dès lors qu’il s’agit de mettre en scène des séquences en CGI très bien intégrées ou de jouer sur les hors-champs pour montrer la sauvagerie des Supes, sinon c’est comme le reste, très potache et survolé, même si on ne peut dénigrer certains passages mémorables.
Forcément on essaie de gratter là où ça fait mal parce que cette saison 4 de The Boys est franchement jouissive, comme d’habitude, mais il règne ici un sentiment bizarre, de manque d’accomplissement, comme si cette saison n’était qu’un préambule à la suivante. Dommage donc, mais sympathique tout de même.
La saison 4 de The Boys est disponible sur Prime Video.
Avis
Très sympathique via sa pertinence irrévérencieuse, si on met de côté les horreurs qui nous sont exposées, cette quatrième saison de The Boys est cependant moins palpitante que les précédentes. La faute à une narration disparate, annonçant surtout sa conclusion imminente.