Acid Cyprine est un spectacle décalé qui nous parle avec humour et férocité de la place des femmes dans la société.
Dans Acid Cyprine, la compagnie Sapiens Brushing nous embarque dans un tourbillon d’énergie pour s’attaquer de manière originale aux rapports hommes/femmes et à tous les clichés et tabous qui les accompagnent. En rapport direct avec le public, les quatre comédiennes de cette création nous offrent un très bon moment de tragi-comédie clownesque, dans lequel nous nous sommes toutefois un peu perdus…
« Messieurs, vous allez briller par votre absence ! »
Un vent de fraîcheur et de liberté
C’est sur ‘Libérée délivrée’ que s’ouvre le spectacle. Puis, quatre femmes arrivent sur scène en robes de princesses et en baskets pour nous parler de liberté, de consentement. Ainsi, le ton est donné. Et, au cas où ce ne soit pas encore tout à fait clair, elles nous le précisent d’emblée : si vous n’avez ni second, ni troisième, ni quinzième degré, il est encore temps de quitter la salle !
Il y a de la générosité, de l’audace, de la justesse dans la manière dont ces quatre comédiennes prennent à bras-le-corps leur sujet. Elles se complètent d’ailleurs très bien, et c’est une belle complicité, non seulement entre elles mais aussi avec le public, qu’elles parviennent immédiatement à créer. Et cela se termine souvent en joyeux brouhaha !
Un fond qui se perd dans la forme
Les clichés autour du prince charmant, le machisme, la minimisation des violences sexuelles, les jugements liés au corps et aux tenues vestimentaires, le diktat de la virilité… : tout y passe. Ainsi, elles interrogent intelligemment les espaces de liberté des femmes aujourd’hui et leurs limites, avec lesquelles elles jouent sans cesse.
Pourtant, les promesses du début nous ont semblé s’égarer un peu en chemin, car le spectacle tend à se perdre dans son manque de structure. En effet, ça part dans tous les sens. Et si cela apporte une certaine originalité et du dynamisme, le message finit par se noyer sous des couches de second degré, d’ironie, de burlesque, d’auto-dérision, ainsi que dans des sketchs qui s’éternisent parfois un peu. Si bien que l’on ne comprend même plus tout à fait l’intention de certaines scènes auxquelles on se contente de rire.
De l’humour avant tout
Du coup, les messages du spectacle passent au second plan, et c’est l’aspect divertissant qui l’emporte. Alors forcément, il nous attrape et nous émeut ce petit temps de confidences qu’elles s’accordent tour à tour à la fin. Car, à vrai dire, nous aurions aimé un peu plus de moments comme celui-là, profonds et sensibles, que l’humour ne vient pas étouffer.
Ainsi, ce que l’on retiendra surtout c’est l’énergie communicative des 4 comédiennes, les sorties de scène en roulés-boulés, les costumes en forme de pénis, et rien que nous ne sachions déjà. Et c’est tout de même un peu dommage pour un spectacle qui tient entre ses mains toute la matière pour créer du débat, et inciter à la réflexion, bien que le public soit probablement déjà acquis au propos.