En 2016, Behaviour Interactive dévoile Dead by Daylight, un survival horror multijoueur asymétrique. Quatre survivants se réveillent dans un monde de terreur et doivent échapper à un tueur. Après huit ans de survie face à l’Entitée, les développeurs s’associent à Supermassive Games (Until Dawn, The Dark Pictures Anthology) et révèlent ensemble les plus sombres secrets de l’univers avec The Casting of Frank Stone, un jeu vidéo interactif, cinématographique et immersif, pour le meilleur et aussi pour le pire.
L’ombre de Frank Stone plane sur Cedar Hills, une ville à jamais altérée par son passé violent. Comme un groupe d’amis va bientôt le découvrir, l’héritage sanglant de Stone est profondément ancré, laissant des cicatrices à travers les familles, les générations et le tissu même de la réalité.
Dead by Daylight, c’est un peu le Fortnite de l’horreur. Si le jeu propose un lore inédit avec une bonne quinzaine de personnages originaux – et gratuits – Behaviour Interactive a rapidement développé ses nombreux partenariats. Dès 2016, on voit apparaître Michael Myers et Laurie Strode de l’iconique Halloween de John Carpenter. S’en suivra l’intégration au fil des années d’une abondance de DLC – payants – des personnages des licences iconiques du cinéma, comme Scream, Les griffes de la nuit, Evil Dead, Alien ou encore Massacre à la Tronçonneuse notamment.
Là où tout a commencé
Véritable succès auprès des joueurs, on devine également son succès économique. Behaviour Interactive a commencé à développer de nouveaux jeux, dont le spin-off The Casting of Frank Stone, dévoilé en décembre 2023. Cette fois-ci, le développeur semble prendre un contre-pied total vis-à-vis de son blockbuster. L’expérience semble narrative, concentrée sur une mise en scène cinématographique plutôt qu’un gameplay multijoueur, tout en gardant la recette de base. Celle des slashers qui ont tant inspiré Dead by Daylight.
Ce qui saute aux yeux au démarrage de The Casting of Frank Stone, c’est sa beauté. Le jeu est sublime. La photographie très sombre et contrastée permet de donner un sentiment de mystère à l’univers. On soulignera une omniprésence des touches colorées au travers des scènes. Si la majorité se limite à l’opposition chaude et froide, on soulignera l’utilisation du vert ou encore du rouge à mesure que l’intrigue avance et que le surnaturel ou bien la violence surviennent. Le traitement colorimétrique n’est d’ailleurs pas sans évoquer des artifices cinématographiques du cinéma horrifique. Une inspiration omniprésente dans la réalisation du jeu qu’on retrouve également au travers des personnages.
À peu de choses près, on pourrait dire que c’est presque devenu une règle des films d’horreur. The Casting of Frank Stone est rempli de personnages clichés (le flic du coin, la bande de jeune, le serial killer). Sommairement caractérisés, on a du mal à éprouver une quelconque attache envers nos héros. S’ensuit un manque d’empathie et un certain désintérêt en ce qui concerne le destin des protagonistes, surtout que le joueur n’adopte pas un seul point de vue, mais un total de cinq personnages distincts, parfois même dans des temporalités différentes. Difficile de s’attacher à un héros en particulier, encore plus lorsqu’aucun ne dégage véritablement des caractéristiques dites « héroïques ».
De ce fait, le système de prise de décision sur lequel le jeu se base semble biaisé. Quand bien même chaque choix change le destin des personnages, on s’en fiche finalement un peu, d’autant plus qu’ils ne semblent pas avoir tant de poids qu’on nous l’indique – en tout cas, pas avant le grand final –. Le point de vue multiple dessert finalement beaucoup la dramaturgie qui manque d’enjeux. On notera néanmoins que The Casting of Frank Stone compte tout de même une quinzaine de fin alternatives.
Au-delà de son scénario original, The Casting of Frank Stone se veut être un véritable prequel à Dead by Daylight. Malgré ses apparences de slasher classique, le script développe un univers cosmique inspiré de l’œuvre de H.P Lovecraft. Finalement, c’est l’intrigue en arrière-plan qui se veut la plus intéressante car elle donne du corps au lore de l’univers auquel elle est connectée. Mais de fait, ça penche du côté de l’intrigue principale, avec des développements de personnages un peu trop légers et un rythme assez déstructuré, qui traîne sur la longueur, puis explose à la fin. Un climax un peu trop rapide d’ailleurs, malgré son côté assez explosif et jouissif. On aurait voulu en voir un peu plus. Dommage.
Côté technique, les décors ainsi que les personnages sont finement détaillés. Les animations de visage et de labiale sont parfaites et réalistes. En termes de gameplay, The Casting of Frank Stone reste assez limité. À la manière de Dead by Daylight, on retrouve les générateurs, les QTE ou encore plusieurs effets sonore du même jeu. Les phases d’exploration, elles, sont assez courtes et les quelques puzzles sont relativement simples. Enfin, on constate de légers problèmes d’optimisation du jeu ainsi que quelques soucis de caméra lors des phases de jeu.
The cutting room
Niveau rejouabilité, les développeurs proposent une section salle de montage. À la manière d’un réalisateur, celle-ci permet au joueur de revenir sur chaque décision prise durant sa partie afin d’en voir l’impact que ceux-ci auront sur le destin des personnages.
Survivant ou tueur de la première heure, The Casting of Frank Stone vous apportera quelques lumières sur les mystères de la brume et de l’Entitée qui hante Dead by Daylight. Pour les novices, ça sera peut-être une porte d’entrée vers de nouveaux cauchemars. Dans tous les cas, on reste un peu mitigé sur ce spin-off. Même si The Casting of Frank Stone est de bonne facture, le jeu souffre d’un rythme étrange. Trop rapide – comptez entre six et huit heures de jeu environ – à la fois très chargé et pourtant vide d’enjeux pour ses protagonistes. Souvent limité à deux choix par action, on se souvient des jeux Telltale (coucou The Walking Dead) avec jusqu’à quatre choix par action dont les décisions avaient de réels impacts sur la storyline, ce qui n’est pas le cas ici.
The Casting of Frank Stone est disponible depuis le 3 septembre 2024 sur PS5, Xbox Series et PC.
Avis
The Casting of Frank Stone n’est pas des plus mémorables. Gros bémol avec le système sur lequel le jeu se base. Deux choix par action semblent un peu légers mais surtout, ne semblent pas avoir d’impact direct sur l’intrigue. On ajoute à ça un point-de-vu multiple et des personnages pas des plus attachants, difficile d’éprouver de l’empathie envers eux. Le jeu reste une véritable pépite visuelle et un jeu intéréssant pour les fans hardcore de Dead by Daylight. À voir si les joueurs novices à l’univers y trouveront leur compte. Enfin, impossible de ne pas mentionner le très bel hommage fait à la pop-culture et au cinéma horrifique qui ont tant inspiré les développeurs et qui plairont très certainement aux cinéphiles !
- Graphismes
- Bande-sonore
- Gameplay
- Scénario
- Durée de vie