Lunar Remastered Collection adopte une charte résolument rétro et ce faisant, ne s’adresse pas à tout le monde.
Lunar I et II ont d’abord fait les grandes heures de la Sega CD en se hissant au rang des jeux les plus vendus sur la console au Japon. Ensuite portés sous les titres de LUNAR: Silver Star Story Complete et LUNAR 2: Eternal Blue Complete sur Playstation 1 en 1996 et en 1998, ce sont ces versions aujourd’hui contenues dans la compilation Lunar Remastered Collection. Éditée par GungHo America, la firme co-gère désormais les licences du développeur japonais à l’origine de Lunar, Game Arts. Pas de panique, GungHo America est familière du catalogue du nippon, car elle est aussi la distributrice des remasters de Grandia. Notre JRPG Lunar semble ainsi entre de bonnes mains pour subir un bon lifting. Cependant, les mécaniques limitées de jeu de la Sega CD, les demoiselles à secourir et les donjons rétros sauront-ils encore faire mouche en 2025 ?
On rembobine vers la Genèse des JRPG
Lunar ramène aux poncifs du JRPG, avec ses héros candides, ses dragons et ses nanas à secourir dans un univers fantaisiste médiéval. Dans le premier opus, Alex veut devenir le prochain maître dragon, tout comme on s’imaginait futur maître de la ligue Pokémon quand la licence vendait encore du rêve. Sans oublier qu’il devra secourir la belle Luna qui se fera évidemment poursuivre, kidnapper et enfermer, comme toute princesse qui se respecte. Lunar II nous propulse 1000 ans plus tard, mais rien n’a vraiment changé. Hiro devra protéger, secourir et délivrer la déesse Lucia des griffes de Léon, un général fou qui la prend pour l’incarnation du mal. Game Art se contente d’un scénario superficiel pour peaufiner l’humour de ses titres. Ils ratissent large, du bas étage avec la crème pour hémorroïdes au grivois totalement assumé du second opus. Et pour la première fois, les jeux intègrent les sous-titres officiels français pour bien apprécier la profusion de punchlines.

La musique constitue le second point fort de la licence. Leitmotiv des deux aventures, elle enveloppe les donjons et les villages d’une ambiance entraînante et originale. Nos deux héroïnes principales, Luna et Lucia, s’exaltent aussi par le chant dans les nombreuses cinématiques animées. Lunar I porte ainsi tout le charme et la nostalgie des anciennes techniques d’animation (Hunter X Hunter, Ghost in the Shell). Les cinématiques de Lunar II, en revanche, se montreront rigides et moins travaillées. Et si l’expérience vire au « cachez cette animation que je ne saurais voir », Lunar Remastered Collection a tout prévu. Nous pouvons basculer entre la résolution d’époque en 240p ou celle de notre appareil, à l’envie ! Mieux encore, les paramètres offrent plusieurs filtres CTR, pour retrouver la même image que sur notre cathodique partie trop tôt à la déchetterie.
Classique des classiques
Le dynamisme de l’intrigue est hélas rompu par des phases de jeu aujourd’hui désuettes. Pourtant, les premières heures déploient un gameplay précis, technique et très intéressant. Et le savoir-faire indéniable de Game Arts en level design de donjons participe aussi de la réussite des titres à leur sortie. Labyrinthiques et ingénieux, Lunar I et II ne font pas dans la linéarité. Notre équipe encore faible fait face à des ennemis qui frappent fort, toujours plus en nombre dans des décors tortueux. En sus, nos personnages et les ennemis occupent tout l’espace sur l’écran de combat. Nos amis n’ayant pas toujours une portée assez importante pour aller toucher les guêpes, les crapauds et les momies, il vaudra mieux rester sur la défensive que tenter une offensive vaine. De plus, certains donjons ne comportent que des monstres insensibles aux attaques corporelles. Une bonne gestion des sorts et des points de magie sera nécessaire pour sortir de ces mauvaises passes.

Ainsi, les jeux atteignent une bonne vitesse de croisière passées les trois à quatre premières heures. Une fois les soins débloqués et les points de magie suffisants, les monstres ne représenteront plus un grand danger. Pour les boss, une préparation honnête suffira, sans vraiment tomber dans des sessions intensives de farm. Et la répétitivité de l’enchaînement cinématique, village, donjon commence à poindre. Lunar I et II ont pris la poussière. Malgré leur originalité, ces longues phases de donjon à répétition ne tiennent plus en haleine. En sus, les décors qui pixelisent méchamment et les flashs lumineux rappellent l’importance de soigner les graphismes de son remaster.
Retour vers les archaïsmes
De plus, ces remasters ne dépoussièrent pas certaines mécaniques qui en auraient pourtant eu bien besoin. Tout d’abord, les titres traînent des archaïsmes lors des combats. Petite devinette, je lance un sort dont la zone d’effet sera : 1E, ZE, TA, ou encore LD, que signifient ces acronymes ? (*Réponse en fin d’article). Tout ceci demeure peu évocateur et une petite clarification n’aurait pas été de refus. Autre concept désuet, un seul membre de l’équipe peut fuir le combat sans entraîner ses coéquipiers. Une mauvaise manipulation et le soigneur se fait la malle, abandonnant ses compagnons agonisant sous les dards des guêpes mutantes…

Les menus et invites de commandes se montrent aussi non-intuitifs à souhait, même en sélectionnant leur version remasterisée. Si vous optez pour un soin en combat, le menu reviendra automatiquement à cette même commande au prochain affrontement. Prudence sera de mise pour éviter la déroute. Idem dans les menus, gare à ne pas aller trop vite ! Il faut vérifier de ne pas appuyer sur charger la sauvegarde, au lieu de créer une nouvelle sauvegarde, car le curseur serait resté sur l’option (#vécu). La manipulation se montrera d’autant plus douloureuse que les sauvegardes sont 100% manuelles et ne comportent pas de système de secours. Oui, le toc de sauvegarder après chaque combat tendu, et trois ou quatre fois, au cas où… De fait, les aventures durent environ 20 à 25 heures, mais comptons au moins un heure de perdue pour les oublis de sauvegarde.
Dans le rétro
À l’ancienne comme à l’ancienne, Lunar Remastered Collection livre ces deux JRPG dans leur jus. Les graphismes et la bande-son ont heureusement été revus, même si les pixels baveux restent de mise. Ainsi, côté gameplay, rien n’a changé. Les mécaniques d’époque accusent le poids de l’âge et la longueur des donjons pourront rebuter les personnes qui n’y sont pas habituées. Cette compilation est définitivement un produit de niche destiné aux amoureux de JRPG rétros.
Lunar Remastered Collection sort le 18 avril 2025 sur PS4 (compatible PS5), Xbox One (compatible Series X|S), Nintendo Switch et PC.
*Réponses à la devinette (selon l’interprétation déduite locale, la signification officielle pouvant varier) : 1E : 1 Ennemi, ZE : Zone Ennemi, TA : Tous les Alliés, LD : Ligne Droite.
Avis
Lunar Remastered Collection s'adresse définitivement aux fans de JRPG rétro. Nous y retrouverons tout ce qui fait le charme de ces softs, de l'aventure fantasy aux mécaniques de jeu aujourd'hui archaïques. Cela dit, un lifting plus assumé des menus et des décors n'aurait pas été de refus.
- Scénario
- Gameplay
- Durée
- Graphismes
- Bande-son