C’est l’un des gros jeux de fin d’année : Indiana Jones et le Cercle Ancien s’est dévoilé pour la première lors d’un Microsoft Direct. Une présentation alléchante, qui laisse entrevoir que les papas de Wolfenstein (le talentueux studio suédois MachineGames) ont tout compris pour exploiter le célèbre aventurier au fouet. Pourtant, un élément semble faire débat inutilement…
C’est déjà une des grosses attentes de l’année : un jeu vidéo Indiana Jones ! Et pas par n’importe qui : les suédois de MachineGames, à qui l’ont doit l’excellente série-reboot de Wolfenstein ! Un studio talentueux, dont l’artisanat se ressentait dans un savant cocktail d’action pulp bien débridée, où le joueur mitraillait du nazi par paquets de 12, une arme dans chaque main, dans un ton irrévérencieux du plus bel effet.
Différente franchise, mais toujours contre les nazis
Coupler ces développeurs à la saga Indiana Jones relevait donc de l’évidence totale, d’autant plus que le prequel Wolfenstein The Old Blood nous envoyait en pleine Allemagne nazie dans les années 40, tout en amenant un élément surnaturel dans sa dernière partie. Bref, Indiana Jones et le Cercle Ancien part donc ses bases tout à fait solides, auprès d’un studio ayant largement les qualifications requises.
Dès lors, la présentation de quasi un quart d’heure par les suédois de MachineGames et bien sûr Todd Howard (PDG de Bethesda Studios et personne à l’initiative du projet auprès de Lucasfilm) permet d’apprendre pas mal d’éléments intéressants ! En premier lieu cet opus se déroule en 1937, soit 1 an après Les Aventuriers de l’Arche Perdue, et 1-2 ans avant La Dernière Croisade. De quoi ancrer cette nouvelle aventure dans le canon officiel, tout en respectant les codes de la franchise.
Indiana Jones et le Cercle Ancien : sa place n’est pas dans un musée
Et si l’aspect visuel des visages n’est pas entièrement photoréaliste, on peut déjà voir que l’in-game a fière allure, proposant une fidèle modélisation du visage d’Harrison Ford (Richard Darbois revient même pour la VF), alors que l’archéologue est incarné via performance capture par Troy Baker (Joel dans The Last of Us). On peut déjà voir un antagoniste plutôt charismatique en la personne de Emmerich Voss (un officier nazi incarné par Marios Gavrilis), un personnage obscur du nom de Locus (joué par Tony Todd, éternel Candyman et VO de Venom dans Spider-Man 2), et un potentiel love interest nommé Gina Lombardi (Alessandra Mastronardi).
Rayon scénario, le soft nous emmènera entre les temples Sukhothai de Thaïlande, les pyramides de Gizeh en Égypte, les monts enneigés de l’Himalaya, la forteresse du Vatican à Rome et plus encore. Le but serait de trouver une relique volée au Marshall College, tandis qu’Indy va découvrir que plusieurs sites antiques ont été construits à des points stratégiques du globe, constituant le mythique Cercle Ancien !
Polémique en crâne de cristal
Pourtant, depuis que les images ont été dévoilées, un débat fait rage sur Internet : est-ce décevant que ce Indiana Jones et le Cercle Ancien soit un FPS ? Une question saugrenue qui pose des questions sur la légitimité de cette approche, autant que sur la perception du grand public vis-à-vis des jeux vidéos sous licence. En effet, à l’heure des gros blockbusters AAA, il faut malheureusement établir un triste constat d’uniformisation des jeux d’action-aventure de type narratif.
De Uncharted à The Last of Us, en passant par Days Gone, God of War, Gears of War, Tomb Raider, Horizon, Assassin’s Creed, Ghost of Tsushima ou même les Spider-Man, l’industrie semble toujours encline à la course au photoréalisme graphique, et aux même types d’interface/interactions/direction artistique/gameplay. Une standardisation qui aura même touché Ubisoft sur un jeu comme Immortals Fenyx Rising (dans un cadre différent), taxé à l’époque de gros rip-off de Zelda Breath of the Wild.
Pourtant, difficile de nier l’impact d’un Naughty Dog ou Ubisoft dans le paysage vidéoludique. Ainsi Kratos n’aurait sûrement pas eu une telle résurrection sans The Last of Us, et la saga Batman Arkham n’aurait jamais eu les mêmes mécaniques sans Assassin’s Creed… tandis que les nouvelles aventures de Spidey doivent presque tout à la chauve-souris de Rocksteady !
Ainsi, un jeu Indiana Jones base énormément d’opinions pré-établies sur ces avatars vidéoludiques que sont Nathan Drake et Lara Croft. Deux héros cultes du jeu vidéo directement inspiré par l’aventurier au chapeau… lui-même créé suite à une frustration de Spielberg et son impossibilité de réaliser un James Bond.
Entre singularité d’approche et cohérence créative
Hors c’est sans nul doute auprès de l’agent 007 que la clé d’adaptation d’Indy se situe, sachant que les plus grands jeux centrés sur l’espion de Sa Majesté sont également des FPS (Goldeneye 64 et Nightfire). Autre point non négligeable : le directeur créatif du jeu n’est nul autre que Jerk Gustafsson, déjà responsable de The Darkness (FPS adaptant le personnage de comics éponyme), et l’excellent Chronicles of Riddick – Escape from Butcher Bay.
Ce dernier partage d’ailleurs la même philosophie que Indiana Jones et le Cercle Ancien : être le personnage éponyme dans une vue subjective, tout en proposant des cinématiques (où tel un film on verra les acteurs interagir) et des passages à la 3e personne (pour les séquences de plate-forme). Le FPS a souvent eu comme approche l’effacement du personnage au profit du point de vue du joueur (c’est même la base des RPS tels que Starfield ou Cyberpunk 2077), mais c’est oublier que les franchises Deus Ex, Half-Life, Duke Nukem, Bioshock… ou Wolfenstein ont su imposer des protagonistes marquants malgré le fait que l’on voit la quasi entièreté de leurs actions via leurs propres yeux !
In fine, il suffit des quelques passages de gameplay (certes manquant un peu de punch pour l’instant mais attendons de vraies séquences jouables !) pour être totalement confiant sur la direction de ce Indiana Jones et le Cercle Ancien. Une aventure linéaire qui nous permettra d’explorer des environnements ouverts, en infiltration ou en bourrin (on voit des interactions avec divers objets jusque dans les séquences à énigme), tout en usant du fouet en combat ou en déplacement : l’immédiateté et l’immersion semblent bien là, et nous ne sommes pas trop vieux pour ces conneries !