Présenté au Festival d’animation d’Annecy, Ultraman Rising est une nouvelle itération du plus célèbre super-héros japonais. Mis en scène par Shannon Tindle (Kubo et l’armure magique, Inoubliable Ollie), cette aventure revisite avec réussite le tokusatsu via sa dimension familiale !
En Occident on connait surtout le kaiju eiga (gros film de monstre dont Godzilla est la figure première) ou bien le super sentai (sagas super-héroïques de Bioman aux Power Rangers), mais beaucoup moins une certaine conjugaison des 2 genres : la série Ultraman ! Hérité du tokusatsu (le cinéma à effets spéciaux japonais), Ultraman est rapidement devenu une figure culte bien que peu exportée en dehors du Japon.
Ce super-héros géant d’origine extra-terrestre (dont les pouvoirs ont été confiés à un hôte humain à la Green Lantern) combat ainsi des monstres géants d’origine variée, et est également connu des amoureux du genre par ses poses célèbres. Décliné sous tous les supports imaginables, ce super-héros nippon avait eu un revival plutôt réussi il y a 2 ans sous la forme de Shin Ultraman, mais Ultraman Rising entend conquérir un public encore plus large.
Ultraman Rising : revival entre Orient et Occident
Première réalisation du scénariste Shannon Tindle (l’excellent Kubo et l’armure magique et la sous-coté Inoubliable Ollie), Ultraman Rising est un reboot complet destiné à la fois aux néophytes mais également aux fans de la licence. Se déroulant dans un futur proche, le récit nous présente Ken Sato : trentenaire solitaire à la fois champion de baseball, mais également secrètement le nouveau Ultraman !
En effet, de retour au pays après une vie aux États-Unis, Ken a repris le flambeau de son père en tant que justicier aux pouvoirs alien. Ayant bien du mal à joindre les deux bouts, son quotidien va être chamboulé lorsqu’après un combat face à Gigantron, il va recueillir une progéniture kaiju ayant éclos de sa coquille.
Et c’est dans cet aspect qu’Ultraman Rising se démarque : de manière plus ou moins traditionnelle, le récit de super-héros a souvent été synonyme de passage de l’adolescence vers l’age adulte, et d’acceptation des responsabilités. Des histoires symboliques qui nous renvoient à notre propre condition humaine en somme : et le film semble prendre cette route initialement, en présentant un tout jeune Ken Sato jouant au baseball avant que son père ne doive le quitter pour affronter une menace.
Un grand Kaiju implique de grandes responsabilités
Un trope classique du mythe super-héroïque, avant que ce rapport ne soit complètement inversé dans Ultraman Rising via un Ken Sato adulte, ayant perdu sa mère et rejetant son père. Vivant avec comme seule alliée une IA maternelle de remplacement nommée Mina, ce héros a qui rien ne réussit initialement va trouver sa catharsis de manière parallèle au parcours de son père.
Se faisant, Shannon Tindle renverse les codes du genre, où le monstre n’est plus la menace primordiale, mais le symbole d’un monde divisé et plus complexe à apprivoiser. Un refus de la binarité qui ferait presque penser à Dragons (le mini-kaiju Emi étant presque aussi mignon que Krokmou), tandis qu’Ultraman Rising abandonne pendant une bonne partie de son intrigue le drame super-héroïque pour se concentrer exclusivement sur les défis de la paternité.
Outre le fait qu’on sent le vécu véritable de son auteur, cette dimension rafraichissante évite un certain jeunisme ambiant dans le genre avec fraîcheur : mis à part les Indestructibles, la vie d’adulte et les problématiques familiales prédominantes ont souvent été écartées de la figure du super-héros. Mais au-delà de placer de vrais enjeux dramatiques dans les rapports père-fils, c’est aussi dans le lien d’un père à un enfant qu’Ultraman Rising puise son moteur narratif.
Gigantisme au service des petites gens
Malgré une caractérisation sommaire de son bad guy, le Dr Onda (chef de la Kaiju Defense Force) bascule en une séquence en antagoniste incarné par un simple regard de douleur posé sur une photo de famille, dernier lien du personnage avec une femme et une fille décédée lors d’un combat d’Ultraman face à Gigantron.
L’humain reste ainsi au centre du tokusatsu, tandis que la figure du super-héros est questionnée en filigrane. Mais alors que la lutte du bien contre le mal se veut plus trouble qu’à ses débuts, Ultraman Rising renvoie le kaiju eiga dans la cour des grands ! Rien que son climax musclé (qui na rien à envier à Pacific Rim) où Ultramen et kaiju se frittent contre du mecha dans une mise en scène embrassant à la fois les codes du genre et les possibilités de l’animation justifie le visionnage de ce vrai bon revival pour petits et grands. Une bonne pioche donc !
Ultraman Rising est disponible sur Netflix depuis le 14 juin 2024
avis
Autant drame filial touchant que meilleur film super-héroïque de l'année, Ultraman Rising revisite le tokusatsu nippon avec autant de révérence que de modernité. En résulte une aventure familiale aussi inspirée visuellement que thématiquement. Quand la paternité est traitée avec autant d'incarnation que les meilleures scènes de kaiju eiga vues depuis un moment, on se dit que le genre n'a encore rien de désuet !