Alors que James Cameron poursuit sa domination mondiale transgénérationnelle sur le cinéma avec sa saga Avatar, Titanic ressort en au cinéma. Une version remastérisée 4K et 3D flambant neuve pour ce chef-d’œuvre intemporel, qui fête ses 25 ans. Retour sur le dernier grand film Hollywoodien du XXe siècle :
Titanic. Film connu de tous, au succès gargantuesque (avec plus de 21 millions d’entrées dans l’Hexagone, il est encore à ce jour le plus gros succès au box-office français) et qui fut un triomphe aux Oscars (pas moins de 11 statuettes reçues pour 14 nominations). Et si le film de James Cameron parait aujourd’hui une évidence qualitative vue sa renommée, il faut aussi se rappeler que ce n’était pas le cas avant sa sortie en 1997.
Plus connu pour ses grands films d’action-SF (Aliens, Terminator 2, Abyss), James Cameron surpris son monde en s’attaquant à Titanic, décrit comme un « Roméo & Juliette sur un paquebot ». Bénéficiant à l’époque du plus gros budget qui soit (200 millions de dollars, sur un budget initial de 110 millions), le projet a néanmoins fait la une des tabloïds en tant qu’échec pharaonique pré-programmé (au point de valoir des démissions au sein de la Fox avant l’heure).
Bref, tout le monde était contre Big Jim et son film un peu fou qui soit disant n’intéresserait personne. Pourtant, un vieil adage dit bien que si quelque chose intéresse Cameron, le grand public ne pourra qu’adorer, et en se penchant sur Titanic on peut très aisément comprendre ce qui a pu charmer le cinéaste canadien, pour ainsi amener sa carrière (et le cinéma) vers de tous nouveaux horizons !
Romance Titanesque
Pour les quelques retardataires, Titanic est évidemment basé sur le naufrage réel du RMS Titanic le 4 avril 1912. Le plus grand navire du monde à l’époque effectue son trajet entre l’Europe et New York, et tente de battre un record de vitesse pour son inauguration. Et comme tout récit mythologique (nous reviendrons sur cette dimension-ci), la folie des grandeurs de l’Homme s’est vue frappée du courroux divin, sous la forme d’un iceberg que le paquebot heurta. S’ensuivra le fameux naufrage, plus de 1500 passagers périssent dans les eaux glacées de l’Atlantique.
Une histoire qui tend vers le film catastrophe et à l’issue connue donc, mais que Cameron va nous conter par le prisme d’une romance : celle impliquant Rose DeWitt Bukater (Kate Winslet), une passagère de première classe qui tente de se suicider pour se libérer des contraintes imposées par son entourage, et Jack Dawson (Leonardo DiCaprio), un impétueux vagabond qui embarque à la dernière minute en troisième classe pour rejoindre les États-Unis.
Sur ses 3h de film, Titanic impressionne toujours autant sur ses choix créatifs, l’exécution sans faille de son scénario empli de richesse, ainsi que sur sa portée émotionnelle. Ingénieur dans l’âme, adepte de nouvelles technologies, passionné des fonds marins et toujours désirer de pousser les possibilités du medium cinéma vers l’avant, James Cameron a sans aucun doute vu Titanic comme un ajout de choix à sa filmographie.
Quand la Légende rencontre l’Histoire
Et l’introduction (avec les regrettés Bill Paxton et Gloria Stuart) résume à elle seule l’entreprise du projet, à savoir une reconstitution minutieuse du fameux naufrage (avec évidemment quelques libertés prises). Aidé d’experts en la matière et d’un département costumes-production design colossal, James ira même jusqu’à s’impliquer dans une expédition auprès de la vraie carcasse du Titanic (dont on a même quelques plans de drones sous-marins en début de film) afin de documenter le mieux possible son métrage.
Mais tout comme la fameuse simulation du naufrage (outil narratif impeccable permettant d’informer le spectateur sur le déroulé de la catastrophe, mais aussi d’amener une tension permanente), « la réalité était bien différente » et Cameron nous invite avant tout à un récit humain et émotionnel pour décupler l’impact de l’Histoire !
Issu d’un milieu prolétaire (aspect qui traverse toute la filmo du bonhomme en se mettant toujours du côté des petites gens), Cameron dresse une vraie fable en présentant les versants extrêmes de la richesse au sein même du monde que représente le Titanic. Une Tour de Babel sur l’eau où les fractures sociales sont représentées par des étages, et où la fournaise des plus pauvres côtoie les transats des nantis. Au bout du compte, l’issue tragique peut être vue comme une étude sur la condition humaine, un discours sur la révolution industrielle (responsable de la grande fracture économico-sociale du siècle à suivre) mais aussi un conte à la portée mythologique.
Le mythe de Titanic : entre Raison et Passion
Déjà avant Avatar, James Cameron insufflait des références Bibliques dans son Titanic avec son lot de référence à l’Apocalypse et l’Évangile (ces visions de corps dans les flots et d’Arche en perdition associés à un déclenchement de l’Apocalypse lorsque le masculin et le féminin échangent leur premier baiser) pour investir tout son récit. Il s’agit sans doute là d’une des (nombreuses) raisons qui ont fédérer le public mondial autour de cette romance entre Jack et Rose.
Bien entendu, impossible d’aborder correctement Titanic sans parler du duo principal, qui crève l’écran de la première à la dernière seconde. Leonardo DiCaprio accèdera directement au statut de star internationale, tandis que Kate Winslet écopera sans doute du plus beau rôle du film, en demoiselle s’émancipant peu à peu des conventions patriarcales obsolètes afin de reprendre sa vie en main : James Cameron a toujours été là pour dresser de vraies portraits de femmes fortes et inspirantes…Rose ne fait évidemment pas exception !
On l’a également connu pour de beaux personnages de premier plan, mais avec Titanic c’est aussi l’occasion d’apprécier une vraie grande romance Hollywoodienne qui fera chavirer même les cœurs de pierre. Une dualité entre raison et passion que l’on doit bien sûr à son casting impeccable, à une direction parfaite, mais avant tout à une écriture au cordeau sans un seul bout de gras. C’est simple, impossible de retirer un seul rouage de cette grosse machinerie si bien huilée, le rythme du récit faisant passer un nombre conséquent d’informations en de laps de temps très court (la séquence du dîner étant par ailleurs une vraie leçon de storytelling), tout en laissant de vraies respirations lyriques ponctuer le film.
Dégraissage à l’extrême
L’on pourrait disséquer le film en détail, mais Titanic se vit aussi bien par les tripes que par l’intellect, porté par le présentation des personnages, du setting (superbe scène où le navire prend enfin le large et où on peut apprécier l’imposant travail de direction artistique ou bien technologique de Digital Domain) et les diverses problématiques nuisant à l’union des deux protagonistes. Mais c’est véritablement dès la scène de danse irlandaise (là encore portée par une fluidité de montage bien inédite dans le cinéma de Cameron) que le spectateur ne peut plus être lâché sur les 2 heures suivantes, où le romantisme exacerbé laisse place au tragique.
Un sens de la tragédie qui ne fait pas de quartier, où un final inoubliable sur un radeau de fortune laisse également place à des visions de bébé mort congelé dans l’eau, où une mère récite une dernière berceuse à ses enfants, où un couple âgé s’enlace une ultime fois dans les draps… Titanic reste donc une vraie leçon de « film de fin du monde » à la portée beaucoup plus viscérale que n’importe quel film à plus grande échelle.
Nous parlions déjà de la reconstitution minutieuse des décors, mais Titanic est aussi un formidable bond technologique (comme souvent chez James). Le film bénéficie évidemment de maquettes en tout genre, et même d’une reproduction 1:1 du fameux paquebot (Cameron a cependant fait construire qu’un côté afin d’inverser numériquement la même face par la suite) pour un résultat palpable et spectaculaire. Le résultat n’aurait cependant pu être le même sans de nouveaux outils : incrustations de visages numériques, travelings augmentés par ordinateur, foules de figurants et autres cascadeurs factices… Nul doute que tout ceci aura servi un peu plus tard au Seigneur des Anneaux ou Matrix Reloaded !
Le dernier grand film du XXe siècle
Au même titre qu’un Fight Club ou Matrix, Titanic peut se targuer d’être LE film ayant définitivement amorcer le XXIe siècle, tout en synthétisant les grands récits du XXe siècle (le cinéma de David Lean ou bien Autant en emporte le vent étant des références bien assumées). Bref, un monument que l’on ne présente plus, qui aligne autant de seconds couteaux talentueux (Kathy Bates, Bernard Hill, Jonathan Hyde, Victor Garber, Frances Fisher ou encore Billy Zane en infâme antagoniste) à bon escient que l’utilisation magistrale de la musique de James Horner (sans aucun doute sa plus grande composition). Bref, non Titanic ne peut se résumer à la chanson de Céline Dion, car avec ce très grand chef-d’oeuvre, James Cameron s’est définitivement imposé comme le maître du Monde !
Pour conclure, Titanic était déjà ressorti en salles en 2012 (engrangeant près de 350 millions de dollars mine de rien !) pour une version 3D. Pour les 25 ans, le voilà de retour dans une version en trois dimensions immersive, mais complètement remastérisée en 4K : la netteté est de mise, permettant d’encore mieux apprécier la photographie de Russell Carpenter (Avatar – la Voie de l’Eau) ainsi que le travail technique bénéficiant d’un impressionnant coup de polish. Une nouvelle version définitive absolument parfaite pour (re)découvrir cet immense film donc !
Titanic est au cinéma en version remastérisée depuis le 8 février 2023
avis
25 ans plus tard, Titanic reste un sommet de cinéma,que ce soit pour James Cameron ou pour le cinéma Hollywoodien. Un conte historique et apocalyptique comme on en fait plus (ou comme on n'en a jamais eu ?) au romantisme exacerbé et à la dimension émotionnelle poignante. Un spectacle gargantuesque indémodable, à la fabrication parfaite et au casting hors-pair. Un chef-d’œuvre tout simplement à redécouvrir de toute urgence dans son plus bel écrin !