« J’ai la pétoche, Poncho.
– Déconne pas, je t’ai jamais vu avoir la pétoche !
– Je sais pas ce que c’est mais ça nous suit. Et je sais que c’est pas un homme… On va tous y rester.
– C’est si terrible que ça The Predator ? »
C’est marrant la vie parfois. Quand on t’annonce que Shane Black, scénariste et réalisateur émérite, acteur dans le premier film de 1987, s’occupera de ressusciter The Predator sur grand écran, tu te demandes bien ce qui pourrait mal tourner. Puis des bribes de scénario apparaissent, suivies des premières images, et là tu sens cette perle de sueur couler le long de ta tempe. Qu’est-ce que c’est ? De la peur ?! Mais non, c’est Shane Black et il n’y a ni Alien ni Adrien Brody, pourquoi tu aurais peur ?
Après presque deux heures, le générique défile et tu sors difficilement de ton hébétement, pas totalement sûr de ce que tu as vu. Au moins tu te rassures, tu ne files pas aux toilettes rendre ce qui t’a servi de repas juste avant. Tu peux même dire que ce bon vieux Black n’a pas manqué de générosité côté action et hémoglobine. Il sait que t’as signé pour de la violence, pas pour Barbie au royaume des fées, et il t’en donne pour ton argent.
Et puis Black c’est surtout un sens du buddy movie et du dialogues alors forcément sa bande de bras cassés conduite par Boyd Holbrook possède beaucoup de charme. Le film n’est jamais meilleur que lorsque ce petit groupe se balance des punchlines bien viriles autour d’une Olivia Munn G.I. Jane.
The Predator n’a pas une gueule de porte-bonheur
Le hic là-dedans, c’est que le long-métrage ne s’appelle pas Les Joyeux Dingos, mais The Predator et qu’il semblerait que Black n’ait pas vécu la même expérience que nous en 1987 (ni même en 1997). Quoique s’il a arrêté de regarder le film à la mort de son personnage, ça explique peut-être beaucoup de choses…
De chasseur malin et invisible, notre E.T. rasta est ainsi devenu un gros bourrin un peu con, qu’il soit upgradé ou non. Car oui, comme tout bon revival qui se respecte (coucou Jurassic World), à Hollywood « nouveau » signifie « génétiquement modifié ». Bref, tout ça pour dire que ta tension n’a connu qu’un pique lorsque tu as cru que tu verrais Olivia Munn nue parce que pour le reste, c’est du frontal au ras des pâquerettes.
Le scénario cumule les explications à la mords-moi-le-nœud juste pour faire avancer tous les neuneus dans la bonne direction, avant de se dire que finalement il s’en fout – le nombre de WTF atteint des records –. On tient ainsi un Kamoulox géant dont le point d’orgue sera une scène finale qui te hantera toute ta vie Billy. Attends, qui a vraiment écrit ce truc ? Fred Dekker ? Le mec de RoboCop 3 ? D’accord.
On taperait bien sur Shane Black (et on l’a un peu fait), mais hormis quelques séquences de groupes, on ne voit pas vraiment le travail du bonhomme. Ni dans un script qui se torpille, ni dans un montage qui se permet de tuer des personnages importants en un clignement d’oeil, ni dans une réalisation d’une banalité exemplaire. Et on passe les reshoots bien visibles qui nous offrent des effets numériques totalement bâclés. Rien ne ressemble au réalisateur et il manque tellement de choses au long-métrage qu’on accuserait presque le stagiaire de s’en être occupé pendant que tout le monde était parti pisser.
Shane Black, c’est pourtant un The Nice Guys bien cool
Alors oui, l’expérience n’était pas plus affreuse qu’un Alien vs Predator ou un Predators, « mais c’est coton, j’y enverrais pas un chien vérolé » comme dirait Billy…