Après un manga iconique et un film également culte, on attendait la nouvelle série animée made in Netflix avec impatience, et force est de constater qu’effectivement, Scott Pilgrim prend son envol.
A Toronto, un jeune homme de 23 ans, bassiste dans un groupe de rock et fan de Nintendo, tombe amoureux d’une fille rencontrée dans ses rêves. Mais pour sortir avec elle, il devra affronter ses sept exs maléfiques. Un pitch connu de tous les fans, que ce soit du comics de Bryan Lee O’Malley ou du film de Edgar Wright et pourtant, la série Scott Pilgrim prend son envol, en parvenant à tirer son épingle du jeu sans pour autant tomber dans la redite facile. Une prouesse explosive.
Créée et scénarisée par O’Malley et produite par Wright, la nouvelle série dopée à l’énergie vidéoludique est donc visiblement entre de bonnes mains. Les papas de ce portage télévisuels veillent donc à continuer les aventures de leur bébé sur Netflix via le studio d’animation Science Suru (l’incroyable Devilman Crybaby) qui s’occupe de la réalisation pour un résultat parvenant sans faute à s’émanciper des matériaux originaux et ce de manière grandiose.
Scott Pilgrim vs The World
De prime abord, même si on attendait cette nouvelle adaptation avec impatience, on doutait un peu de l’utilité d’offrir un troisième médium, sorte de transposition batarde entre le comics original et le film en live action. Pourtant, Scott Pilgrim prend son envol comme un grand adulescent furieusement décidé à affronter le monde des adultes, sans essayer de marcher sur les traces de ses deux parents et en s’assumant seul, envers et contre tous.
Néanmoins, même s’il essaye de se forger sa propre identité sans risquer d’être comparé au manga ou au film, l’animé continue de brouiller les pistes de sa filiation en adaptant parfaitement le premier tome de O’Malley tout en adoptant les voix du casting du film pour ses personnages animés. Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Chris Evans, Brie Larson ou Kieran Culkin reprennent du service pour parfaire cette symbiose originale et inédite.
Alors on navigue en eaux connues sans pour autant pouvoir escompter prédire ce que la narration de Scott Pilgrim apposera sous nos mirettes ébahies. Pleine de surprises et de rebondissements imprévisibles, l’attente est bouleversée, l’expérience totalement jouissive. Les références pleuvent, comme autant de lettres d’amour au retro-gaming, à la pop-culture, à la musique rock ou au véganisme, tout en embrassant et en bafouant les codes établis par le film ou annoncés par le comics.
Ainsi, Scott devient finalement malgré lui le spectateur de sa propre série, laissant donc la lumière aux personnages secondaires. L’occasion pour Ramon Flowers (doublée on le rappelle par Elizabeth Winstead) toute lattitude pour exploser et s’offrir un arc narratif inédit, indispensable et loin du male gaze habituel. De même les exs brillent également d’un traitement original, plus intime, moins stéréotypés. Les bougres.ses sont plus attachant.e.s et affichent plus de complexité, même si leur caractéristiques finissent par les rattraper et ne peuvent empêcher un sourire de s’afficher sur nos visages hilares. Mais « whatever ».
Alors, en plus d’être inattendue, cette série de 8 épisodes parvient à créer sa propre histoire, sa propre mythologie. La série, pareille à un ado rebelle n’en faisant qu’à sa tête, nous gratifie d’un ride vertigineux, halluciné. Un voyage émotionnel bouleversant, fortement mis en valeur par une animation virevoltante et haute en couleur. Un arc-en-ciel de pixels et de personnages kawaii dont la mise en scène dynamique, agrémenté d’une bande-son rock iconique, nous délivre des scènes d’action épiques autant que des séquences débordantes d’amour pour les personnages.
Car c’est également et surtout de ça que parle Scott Pilgrim, d’amour avec un grand A. Une quête ultime dont le big boss n’est autre que vous-même, menaçant et désespéré de finalement s’octroyer un peu de bonheur, celui auquel on aspire tous mais dont on peine à croire à la légitimité. Une bataille de tous les instants, contre vents et marées, mais surtout les exs maléfiques. Ah nan, ça c’est Scott, et seulement Scott. Whatever.
Complètement inattendue, forte de sa propre narration et de son propre style graphique, la série animée Scott Pilgrim prend son envol et représente le coup de foudre télévisuel de cette fin d’année, une délicieuse réussite.
Scott Pilgrim prend son envol est disponible sur Netflix depuis le 17 novembre 2023.
Avis
Fort de l'émancipation du comics et du film éponyme, la série animée Scott Pilgrim prend son envol et prend également notre coeur. Une réussite délicieuse, inattendue et imprévisible. Game on.