Ahsoka voit Dave Filoni s’emparer de sa première série live, pour une énième itération télévisée d’un univers de plus en plus générique, retombant au passage dans ses pires travers.
Ahsoka étend l’univers de The Mandalorian, maintenant, on le sait, en vue d’un long-métrage qui réunira tous les héros des séries Star Wars délivrées à la pelle sur Disney+, et qui sera mis en scène par Dave Filoni. Après les déboires d’une houleuse postlogie que nous avons abordés sous bien des aspects, la reprise en main de l’univers initié par George Lucas s’est donc faite sur petit écran avec des réussites (The Mandalorian, Andor), et quelques bonus plutôt dispensables entièrement pensés pour le fan-service (Obi-Wan Kenobi, The Book of Boba Fett). Cependant, maintenant qu’une certaine formule est établie, il est très rare que ces nombreux produits dérivés dérogent à la règle de la première série dont ils s’avèrent tous n’être, pour la plupart, que de fades répétitions.
Même avec Dave Filoni à la barre de sa première série live après autant de réussites animées, et un personnage aussi apprécié que celui d’Ahsoka Tano, ici campé par la géniale Rosario Dawson, entouré des non moins formidables Mary Elizabeth Winstead et Natasha Liu Bordizzo, un certain sentiment de fatigue demeure. Parce qu’à l’instar d’un Marvel Cinematic Universe, le besoin de perpétuelle connexion entre les séries susnommées délivre une certaine roublardise de la part de ses auteurs, même les plus talentueux. Et de la volonté de Disney de se réconcilier avec une fan-base meurtrie, avec cet Ahsoka, de ne s’empêcher de retomber dans les pires travers de sa postlogie, l’avalanche d’effets visuels et la prestigieuse direction artistique en moins.
Exploiter le Filoni
Parce qu’Ahsoka ressemble, à l’instar de The Book of Boba Fett à une fade fan-fiction. À savoir, un scénario minuscule, rappelant au passage étrangement celui du Réveil de la Force, et des personnages connus et adulés ne servant ici que de maigres présences pour tenter de le rehausser quelque peu, et surtout une fois de plus, de tenter de faire gober l’arnaque. On se demande ainsi rapidement la raison du nom de cette mini-série tant le personnage campé par Rosario Dawson s’avère désincarné au possible, ne servant finalement que de maigre lien d’un plan définitivement bien trop grand que ce soit autant pour le personnage, que pour l’entièreté de cette mini-minuscule-série. Parce qu’en huit épisodes, Ahsoka n’a finalement pas le temps, ni pour but de convaincre, mais d’enfin assembler les pièces des projets précédents pour accélérer le plan de Disney de renvoyer sa poule aux œufs d’or sur grand écran.
Et pour se faire, Dave Filoni se doit de trahir son travail ainsi que le retour à la modestie et aux influences principales de la saga opéré sur The Mandalorian pour délivrer une compilation complètement dévitalisée de toutes ses créations au sein de la franchise, de Clone Wars à Rebels. Ainsi, si dernièrement l’on s’était trouvés charmés par le travail de ce dernier sur les deux saisons de The Bad Batch ainsi que la plus modeste et intimiste Tales of the Jedi, (qui racontait au passage bien plus sur le personnage d’Ahsoka Tano en six épisodes de moins de vingt minutes que cette série qui lui est initialement dédiée) toute la machinerie désincarnée du studio semble ici avoir pris possession de son travail. Toute la mythologie mise en place par Dave Filoni se voit ainsi digérée sans la moindre audace ni sanctification, ne servant que de maigre prétexte au retour d’un antagoniste tant attendu, loupant ici au passage, tout comme tout ce que la série entreprend, complètement son introduction pourtant tant attendue, rappelant au passage le traitement réservé à Palpatine dans L’Ascension de Skywalker.
Travers of the Jedi
Ahsoka, doté d’un scénario absolument ridicule, de plus étendu sur huit longs épisodes, oscille ainsi entre son manque total d’audace, nous resservant derrière ses nouveaux personnages les pires travers d’une saga qui avait pourtant su, durant un court laps de temps, s’en débarrasser. On étire ainsi l’apparition d’Anakin Skywalker, on ne peut s’empêcher d’y placer de lourds clins d’œil, de la présence incompréhensible de C3-PO au name-dropping de la Princesse Leïa, et surtout, l’on rate une nouvelle fois complètement le coche d’humaniser et de creuser de nouveaux personnages, ici présentés comme de simples pions, dont les costumes et maquillages restent toujours impeccables, comme pour signifier leur manque total d’investissement dans ce récit en pilote automatique. Qu’ils se trouvent dissimulés dans des ventres de baleines de l’espace à la recherche du véritable intérêt de cette proposition aussi opportuniste que techniquement et scénaristiquement honteuse relève presque de la note d’intention.
Parce qu’Ahsoka, après avoir suscité l’ennui, et avoir tenté de chercher une direction, lorgne rapidement vers le ridicule d’un incompréhensible affrontement final censé poser les jalons d’une suite cinématographique construite en nouveau futur d’une saga encore à peine réveillée d’un malmenage quasi-intensif. N’ayant pas su respecter l’héritage de la franchise de George Lucas qu’en signant un gros chèque et en s’empressant de proposer des suites inabouties, en reniant au passage toutes les créations l’entourant, le repos n’aura finalement été que de courte durée avant qu’un nouveau ratage soit commis. Celui, ici du moins, d’avoir pressé les créations de Dave Filoni pour n’en proposer qu’un déballage aussi rachitique que peu appliqué, pour ne délivrer au final qu’un nouveau faux départ, une fois de plus sérieusement compromis, la faute à l’avidité d’un studio qui n’aura définitivement rien compris d’autre de sa saga qu’un empressement du bénéfice.
La première saison d’Ahsoka est disponible sur Disney+.
Avis
Ahsoka n'est rien d'autre qu'une introduction dévitalisée à un avenir cinématographique une fois de plus dangereusement compromis. Sacrifiant ses personnages et son intrigue dans l'empressement de renvoyer sa poule aux œufs d'or sur grand écran, toute l'œuvre de Dave Filoni se voit ici pressée pour n'en garder que le strict minimum d'un projet complètement vidé de toute substance, introduction ratée convoquant les pires heures de la postlogie.