Tales of the Jedi, c’est Dave Filoni qui, entre la deuxième saison de The Bad Batch et la troisième de The Mandalorian, propose d’approfondir la destinée de deux Jedi bien connus. Pour un bonus vraiment utile ?
Tales of the Jedi fait partie de la pléthore de projets annoncés par Lucasfilms pour étendre le catalogue Disney+ que personne n’attendait vraiment. Si l’excitation était à son comble à l’annonce de Kenobi, The Acolyte et Ahsoka, cette énième proposition animée semblait sonner comme une redite pour un Dave Filoni récemment transfiguré en gardien de musée, ne cessant de recycler du fan-service à outrance pour distiller un quelconque intérêt à des productions déjà dispensables (on pense évidemment à The Book of Boba Fett). 6 épisodes, d’une durée variant de 12 à 18 minutes, et le retour d’Ahsoka, une fois de plus, cette fois accompagnée du comte Dooku pour un petit bonus vraiment utile ?
Petite histoire, grands personnages
Tales of the Jedi débute ainsi par la naissance d’Ahsoka, ainsi que de ses dons. Un épisode parfaitement dispensable, où il se passe finalement très peu de choses, et commence d’abord par faire craindre le pire. Que va réellement pouvoir nous proposer Dave Filoni sur un si petit format ? Comment va-t-il pouvoir approfondir des personnages déjà multi-exploités jusqu’à l’écœurement et de plus avant une série complète dédiée à l’un d’entre eux ? Et bien, si ce minimalisme effraie au premier abord, c’est heureusement pour le meilleur. Parce qu’au détour de petites histoires dans la grande, Tales of the Jedi propose de réels jolis instants.
Bien au-delà du fait de proposer un peu de gras entre La Menace Fantôme et La Revanche des Sith, et de convoquer une fois encore Anakin Skywalker, Obi-Wan Kenobi et Mace Windu, les véritables héros sont ici plus petits, mais leur histoire a ici autant de mérite à être racontée. De la naissance du mal dans les yeux d’un fidèle chevalier jedi qui voit ses convictions s’ébranler, et d’une observation plus creusée de l’impassible et aveugle servitude des chevaliers de la Force au détriment d’un pouvoir aveugle et toujours aussi inefficace, Tales of the Jedi se noircit d’épisodes en épisodes pour observer deux cheminements déchirés mais complémentaires.
Portraits croisés
Si l’on a toujours beaucoup reproché à l’écriture de George Lucas d’être naïve, caricaturale et grossière, Dave Filoni semble ici évertué à combler les plaies béantes de l’architecte pour en retirer le meilleur. Yaddle, cantonnée à une maigre apparition dans la prélogie, propose ici des scènes déchirantes face à un comte Dooku déchiré, superbement campé par Corey Burton. Tales of the Jedi délaisse ainsi le fan-service pour creuser les fêlures de personnages dont le sort de la galaxie a fait bien des ravages, à l’image de l’excellent travail mené sur la non moins recommandable The Bad Batch, dont cette proposition semble suivre, même plus modestement, la même démarche.
De The Clone Wars et son animation 3D ayant franchement vieilli face à l’indémodable et incontournable Clone Wars de Genndy Tartakovsky, les équipes de Dave Filoni y revêtent ainsi un voile sombre où les cicatrices et les mines affaissées sont ici de rigueur, offrant ainsi parfois des tableaux sombres et étouffants. D’un bonus passablement utile, Tales of the Jedi s’avère finalement être une bonne surprise, aussi modeste que les personnages dont elle s’entend croquer le portrait, et c’est bel et bien sa réussite, comme sa plus fragile limite.
Tales of the Jedi est disponible sur Disney+.
Avis
Modeste, imparfaite mais juste et sincère, Tales of the Jedi s'éloigne rapidement de l'inutile bonus pour s'inscrire dans la veine plus intimiste et fataliste de The Bad Batch. Exit donc le fan-service de Dave Filoni sur les séries live Star Wars pour un retour à ce qu'il sait apporter de meilleur à l'œuvre de Georges Lucas.