Obi-Wan Kenobi s’annonçait être la proposition la plus attendue et fantasmée de nombre de fans du personnage d’Ewan McGregor, et de la prélogie ultra-commentée de George Lucas. Mais qu’en reste t-il, au final ?
Obi-Wan Kenobi poursuit ce qu’avait plutôt intelligemment entamée The Mandalorian en 2017. On ne reviendra que subrepticement sur la proposition de Jon Favreau, qui a malheureusement donné naissance à toute une ère de nostalgie tendance fanfiction. Le Livre de Boba Fett avait ainsi démontré le pire de ce que cette tendance pouvait engendrer : un simple désir de fan qui s’essouffle pour se raccorder maladroitement avec The Mandalorian, et une fois de plus, les fantômes de la trilogie originale. Obi-Wan Kenobi, développée par Hossein Amini et Joby Harold, condense ainsi cette dernière proposition avec une veine plus intimiste, sans jamais ne véritablement savoir proposer quelque chose de neuf.
Fanlogie
Obi-Wan Kenobi ne semble ainsi jamais avoir compris le revers artistique qu’était L’Ascension de Skywalker. Semblable à une autre grosse franchise actuelle avec de gros dinosaures, Hollywood, après avoir tenté un vent de fraîcheur au détour de deux opus très critiqués (The Last Jedi et Fallen Kingdom) s’est contenté de regarder dans le rétroviseur au détour de propositions vides uniquement dopées à la nostalgie. Faire revenir d’anciens personnages, les faire répéter où même rejouer des répliques et des scènes cultes à la lettre en simples conservateurs de musées, tel était le crédo, synonyme de succès faciles, et de communion avec les fans.
Obi-Wan Kenobi ne s’en cache ainsi pas et ce, dès son introduction. Sous forme de montage nostalgique et amoureux de la prélogie où les fans arrivent en terrain connu, la série nous propose de retrouver des personnages aimés et adorés. Là où Le Livre de Boba Fett se livrait à un exercice de résurrection, la série réalisée par Deborah Chow se construit sur une promesse de duel vengeur entre la figure du Jedi retiré d’Obi-Wan Kenobi, et celle de Dark Vador, et d’un Anakin Skywalker qui n’est plus. Que raconter alors, de ce personnage vieilli, affaibli, et retiré des sabres-laser, loin de l’héritage nostalgique en pilote automatique ?
Intime nostalgie
Ainsi, Obi-Wan Kenobi s’articule autour du même schéma scénaristique que The Mandalorian. Un personnage enfermé dans sa quête, pour l’un chasseur de primes mutique, pour l’autre, gardien d’un secret, tous deux retirés de leurs cheminements respectifs par une mission-sauvetage. Obi-Wan Kenobi, doit, à la non-surprise générale, après que la saga ait suffisamment capitalisée sur le jeune Luke Skywalker, sauver une jeune Princesse Leïla après une horrible (et involontairement risible) scène d’enlèvement. Cette dernière se trouve donc entre les mains d’une Troisième Sœur impitoyable aux ordres du Grand Inquisiteur, dont le but est de mettre le main sur l’ancien maître Jedi de celui qu’elle veut véritablement toucher, un certain Dark Vador.
Le scénario, en pilote automatique, n’est ainsi jamais la grande richesse de ce que se révèle être cette déception nommée Obi-Wan Kenobi, ayant au moins le mérite de ne durer que 6 épisodes. Où trouver alors une quelconque satisfaction dans ce qui s’apparente plus à une énième relecture nostalgique de la saga ? Et bien, dans l’intime. On ressent ainsi dans cette observation d’une galaxie livrée à un Empire tout-puissant, une observation du quotidien très réussie, que l’on ne trouvait que dans certaines bonnes séries animées de Lucasfilms et Disney+. Une résistance fragilisée, des héros sacrificiels et des familles sacrifiées au nom d’un Empire tyrannique, l’on avait vu ça dans Rogue One au cinéma, et dans la récente (et très recommandable) The Bad Batch sur Disney+.
Duels artistiques
Mais l’unique qualité d’Obi-Wan Kenobi, on la retrouve dans le talent d’Ewan Mc Gregor et d’un Hayden Christensen broyé par sa prestation dans la prélogie. Ces derniers y apparaissent ainsi aussi impitoyables l’un pour l’autre alors qu’ils sont également dévorés par leur passé respectif. Enfermés dans leurs erreurs, l’ancien maître Jedi et son apprenti ne rêvent que de vengeance pour l’un, et de faire le deuil de son apprenti pour l’autre. On comprend ainsi que leurs duels, seuls arguments de l’existence de la série, soient ainsi mis en scène avec autant de soin. On retrouve ainsi dans leur dernier affrontement tout ce qu’aurait dû être cette énième proposition à l’héritage facile et pompier. L’exploration intime de ses héros ne se ressent qu’au détour de ces duels où l’on sent enfin l’armure se fendre, au propre comme au figuré.
Au cinéma, comme en séries, la saga aujourd’hui portée par Disney n’a jamais réussi à créer des antagonistes aussi réussis que ceux d’antan, alors qu’il en existe tant dans l’univers aujourd’hui plus canonisé. Moses Ingram a beau être pétrie de talent, son personnage souffre d’une écriture fragile, comme les apparitions du Grand Inquisiteur. Un défaut narratif évident que l’on trouve également dans le personnage de Kumail Nanjiani, qui ne sert, comme ceux évoqués plus haut, que de simples facilités scénaristiques pour provoquer la rencontre des deux seuls héros de cette fade série.
On retrouve ainsi dans leurs duels, tout ce qui devait faire le sel de cet énième allitération d’un héritage glorieux sans cesse pillé sans la moindre imagination : une observation intime de deux âmes perdues, fendant enfin leurs armures et leurs âmes, le temps de quelques duels, au long d’un programme bien trop générique pour susciter la moindre excitation.
Obi-Wan Kenobi est disponible sur Disney+.
Avis
Obi-Wan Kenobi se contente, une fois de plus, de recycler sans inventivité un héritage déjà dépouillé. De cette nostalgie morbide présentée en pilote automatique par de simples conservateurs de musées, on ne retire d'Obi-Wan Kenobi que ce qui aurait dû être la série : l'affrontement intime de deux êtres déchirés, que l'on ne sent palpable qu'au détour de leurs seuls duels, et d'une observation plus humaine de la mainmise de l'empire sur toute une galaxie.