Initialement prévu l’an dernier, Sans un Bruit 2 débarque enfin pour la réouverture des salles de cinéma ! Après un premier opus de bonne facture, marquant l’incursion de John Krasinski derrière la caméra, cette suite se révèle une vraie réussite. Un pari gagnant qui ne se contente pas de réutiliser une formule galvaudée, mais arrive par petites touches à étendre son univers post-apocalyptique et à proposer 1h30 de pure tension !
Sans un Bruit (ou « A Quiet Place » en VO) s’était révélé être un joli exercice de style en 2018, en plus d’un vrai succès pour une première réalisation. Bien qu’un chouilla scolaire par instants, suivre la famille Abbott tenter de survivre dans un monde où des créatures à l’ouïe ultra fine zigouillent toute forme de vie humaine proposait son lot de tension savamment orchestrée. Se finissant sur (spoiler) la mort du patriarche et un moyen de trucider les vilaines bestioles (qui ressemblent à un mix entre le Demogorgon de Stranger Things et le Clicker de The Last of Us), le film ne demandait qu’une suite pour étendre l’univers et poursuivre les aventures de Evelyn, Regan et Marcus, Sans un Bruit 2.
Sans un Bruit 2 débute (plus ou moins) directement après le précédent. L’unique décor de la ferme (désormais partie en fumée) laisse place à l’exploration des alentours, et à l’introduction de tous nouveaux personnages. Une volonté d’expansion bienvenue, sans être dans la redite… l’adage des suites de bonne facture donc ! Une démarche qui se traduit d’entrée de jeu par la formidable séquence d’introduction du film : le 1er jour de l’arrivée des-dites créatures sur Terre.
L’occasion de découvrir que John Krasinski s’est encore mieux rodé en tant que réalisateur : mise en scène immersive, multiplication des points de vue à travers les 4 membres de la famille, captation du danger global tout en ne perdant jamais ses personnages... On cite La Guerre des Mondes de Steven Spielberg dans une formidable séquence de près d’un quart d’heure. Un petit uppercut dont on ressort légèrement frustré : en effet, on aurait aimé un préquel, mais le retour dans le présent ne démérite aucunement.
Alors que nos 3 héros s’aventurent en terrain inconnu, ils font la rencontre de Emmett (un Cillian Murphy qui vole la vedette à chaque scène), survivant solitaire qui a tout perdu. Alors que Marcus est blessé et Evelyn doit s’occuper de son enfant, Emmett et Regan entreprendront un périple vers la côte, afin de trouver l’origine d’un mystérieux signal radio. Évidemment, tout ce beau monde va rencontrer diverses embûches, dans un monde encore plus hostile que dépeint dans le premier film !
Les derniers d’entre-nous
Exit le semi huis-clos donc, bonjour aux dangers de l’inconnu. Tout au long de ses 1h30, Sans un Bruit 2 ne lâchera pas le spectateur. Enchaînant les moments de suspense et de tension, le film ne demeure pas juste un rollercoaster adrénaliné. Encore plus qu’en 2018, Sans un Bruit 2 traite avec justesse ses personnages en continuant un arc narratif plus abouti. Là où les parents étaient au centre, ici ce sont les enfants qui brillent (en particulier Regan, qui suit les traces de son père). Un passage vers l’âge adulte accentué, sans pour autant délaisser les adultes et leurs propres traumas.
Au centre donc, le personnage de Emmett, dont le duo avec Regan n’est toujours pas sans rappeler un certain Joel-Ellie. Les inspirations de Krasinski ne s’arrêtent évidemment pas là : road trip entre un père ayant tout perdu et une fille ayant perdu son père, course contre-la-montre pour le salut de l’humanité, rencontres hostiles… La mythologie embrasse les codes du post-apocalyptique sans pour autant perdre son identité. Certes, le silence est beaucoup moins appliqué à la mise en scène, mais ce que l’on perd en postulat de base on le gagne en efficacité et sensation.
En terme de regrets, on pourra un tantinet pester sur la durée du film qui ne permet pas de totalement exploiter le world-building voulu. Sans rentrer dans les détails, toute la seconde partie du métrage s’intéresse à un nouveau groupuscule de survivants mené par Djimon Hounsou. Mais sans vouloir sacrifier le rythme, cette découverte fait plutôt office de voyage express, quitte à bazarder du personnage rapidement. Pareil, une autre faction très intéressante d’hommes qui n’émettent aucun son ni parole n’est pas traitée à sa juste mesure. De légers écueils encore une fois compensés par la maîtrise globale du film !
Une suite encore meilleure
Au final, Sans un Bruit 2 s’impose comme une réussite en tant que pure suite, que film d’horreur sous tension et confirmation des talents de Krasinski à la mise en scène. Parvenant à emballer des moments intimistes significatifs tout comme des segments d’action où le danger peut arriver à chaque portion d’un plan, la fabrication et le soin global ne sont que l’illustration de la sincérité apportée par son réalisateur.
Par ailleurs, on notera encore une fois la force du casting (Emily Blunt, Cillian Murphy, Noah Jupe ou Milicent Simmonds) ou l’efficacité de la musique de Marco Beltrami (Logan, Le Mans 66). Enfin, Sans un Bruit 2 est une belle déclaration d’amour au plaisir du visionnage en salles ! Bien qu’un chouilla programmatique sur certains abords, on tient là un bien beau film de genre tout simplement ! A voir si le 3e film, réalisé par Jeff Nichols, saura aller plus loin dans la singularité !