L’évangile de la colère est un polar noir et rythmé à l’intrigue dense et violente autour d’un tueur en série aux motivations troublantes.
L’évangile de la colère nous entraîne à la recherche d’un redoutable tueur en série qui mène la vie dure à la Brigade criminelle du SRPJ de Versailles. En effet, les crimes s’accumulent sans que rien ne semble les relier entre eux si ce n’est que le tueur est persuadé de répondre à une mission divine…
Bon, nous n’allons pas y aller par quatre chemins : nous avons eu beaucoup de mal avec ce polar… Et pourtant, croyez-nous, nous y avons mis de la bonne volonté et nous nous sommes accrochés. Mais la lecture s’est révélée laborieuse… pour ne pas dire interminable.
D’ailleurs, pour tout vous dire, tandis que nous écrivons ces lignes, nous n’avons pas encore lu la fin. Et laisser tomber un livre de presque 600 pages à moins de 40 pages de la fin, ça questionne tout de même. Alors, la faute à quoi ?
Un héros peu crédible
Seth Koh est un héros tout en failles. Très borderline, animé par un désir de vengeance et une colère dont on ne sait jamais quand ni sous quelle forme elle pourrait jaillir. Il est le nouveau chef de groupe qui vient d’intégrer la brigade criminelle du SRPJ de Versailles. Pas pour rien qu’on le surnomme « le zombie ». Sa psychologie est très détaillée et l’on s’intéresse au moins autant à lui qu’au fameux tueur du coup ! Si ce n’est plus.
Pour autant, on s’interroge tout de même sur la légitimité de sa présence dans cette brigade au vu de sa situation et de son passé… En effet, ancien militaire aux méthodes douteuses, il sort d’un hôpital psychiatrique et est toujours toxicomane. Sans parler de l’évidente vendetta qu’il sera tenté de mener à travers ces nouvelles fonctions… Moyennement crédible donc.
Une écriture mécanique
C’est ce qui nous a le plus posé problème dès les toutes premières pages. Car l’intrigue se tient et il y a du rythme. De ce côté-là, L’évangile de la colère fait le job. Chacun de ces crimes semble être plus horrible que la précédente par sa mise en scène, toujours inspirée de fresques que l’on trouve dans les vieilles églises : les Danses macabres. Seulement, il n’y a pas d’âme qui émane de ces pages, pas d’émotions ni de profondeur…
S’il y a vraiment un Dieu, ses fidèles seraient en droit de se demander s’il est en pleine possession de ses moyens et en état de régner sur sa création , se dit-il.
Une plume mécanique, des personnages auxquels on ne s’attache pas. Rien que des faits, des descriptions, une narration « médicale », froide. Et cela commence dès le tout premier chapitre qui nous plonge dans une scène de violences physiques particulièrement détaillée qui s’étale sur cinq pages. Une entrée en matière, longue pour rien, qui nous a rebutés d’emblée. Mais ça, c’est une question de style et de sensibilité. Disons que nous ne sommes absolument pas clients.
Un goût de déjà (trop) vu
Un tueur plus intelligent que tout le monde qui s’inspire d’œuvres d’art pour ses crimes et se prétend agir pour le compte de Dieu… Bon, en terme d’angoisse il y a de quoi faire, mais on a déjà vu plus original comme intrigue. Et puis, Ghislain Gilberti ne cherche pas à faire dans la dentelle ni dans la nuance.
Du coup, si vous aimez que le récit se focalise sur l’enchaînement des faits, sur l’enquête, et que vous ne courrez pas derrière d’autres émotions que le suspense, vous devriez vous plaire au milieu dans cette enquête. D’autant que le rythme ne faiblit pas, ça c’est certain, et vous tiendra en haleine si vous avez tendance à piquer du nez en bouquinant. Enfin nous, ça ne nous a pas suffit du coup…
L’évangile de la colère, de Ghislain Gilberti, est paru le 21 avril 2022 aux Éditions Hugo Thriller.
Avis
Il n'est pas nécessaire d'avoir lu les précédents œuvres de l'auteur pour se plonger dans L'évangile de la colère. Mieux vaut toutefois avoir une certaine appétence pour les polars où violences physique et psychologique exacerbées. Et ne pas trop chercher l'originalité de l'intrigue.