La petite ritournelle de l’horreur est un polar glaçant qui nous plonge dans une enquête dense et rythmée autour de meurtres d’enfants.
La petite ritournelle de l’horreur porte bien son nom. Car on pourrait presque l’entendre, la mélodie sinistre qui hante ce roman. Tandis qu’il fait des travaux dans la maison de campagne qu’il vient d’acheter, un homme découvre un cadavre d’enfant emprisonné dans l’un des murs qu’il tentait d’abattre. Et ce n’est pas le seul secret que semble abriter cette bâtisse sordide dans laquelle vivait auparavant une dizaine d’enfants et leur famille d’accueil, un couple aux pratiques plus que douteuses.
Cécile Cabanac offre ici une troisième et terrifiante enquête à la commandant Virginie Sevran et à son binôme Pierre Biolet. Et à ses lecteurs, un récit captivant et marquant.
« Les corps démembrés, lacérés, poignardés, les petits vieux maltraités, battus à mort… Ensemble, Biolet et elle avaient eu leur lot d’atrocités qui avaient fini par les endurcir. Mais les enfants… ça non, elle ne s’y ferait jamais. »
Une intrigue qui secoue
Cela faisait longtemps qu’un polar ne nous avait pas plongés dans une atmosphère aussi oppressante et sinistre ! Quelle histoire ! Dès les premières pages, on comprend qu’il va falloir que l’on s’accroche. L’intrigue est rude, c’est certain, mais elle a le mérite de nous emmener là ou nous n’avons pas l’habitude d’aller.
Une vieille bâtisse plongée dans une brume glaciale presque omniprésente, des corps d’enfants retrouvés emmurés, un couple qui adoptait des enfants pour leur faire vivre l’enfer, une éducatrice restée sourde aux appels de détresse de ces derniers… Pas de doute, nous sommes bien au cœur de l’horreur !
Comme si on y était !
Dans les polars, l’intrigue prend souvent le pas sur le style, ce qui n’est pas le cas ici. En effet, Cécile Cabanac possède une véritable maitrise du rythme, du suspense, mais aussi du style. Ainsi, sa plume très fine et descriptive offre un rendu particulièrement visuel et nous fait ressentir la colère, l’incompréhension, l’inquiétude, la peur.
Relativement courts, les chapitres alternent les points de vue. Ainsi, nous observons l’intrigue se dérouler à travers les yeux des enquêteurs mais aussi à travers ceux des suspects. Ce qui nous permet d’avoir une vue d’ensemble de l’histoire et d’y entrer encore un peu plus profondément au fil des nombreux rebondissements. La tension ne faiblit jamais, et on est happé par la lecture. Tout ce que l’on attend d’un polar en somme !
De l’humanité au milieu de l’horreur
Et puis, l’auteur s’est appliquée à construire la psychologie de chacun de ses personnages avec la même précision que celle déployée dans la description des décors et de l’ambiance, ce qui appuie encore un peu plus le côté réaliste de l’ensemble. Même la construction des personnages secondaires est soignée, si bien que même s’ils sont nombreux, on les mémorise et on se les représente sans difficulté tout au long du récit.
D’autant que l’on s’attache à ces policiers dépeints avec beaucoup de nuances, à la relation complice de Sevran avec son binôme Biolet. Et l’on est touché par l’instinct protecteur de la commandant pour Dombard, ce lieutenant rebelle et impulsif d’une cinquantaine d’années dont les méthodes ne font pas l’unanimité. Au beau milieu des monstruosités auxquels ils sont confrontés, leur humanité fait du bien et apporte un peu de réconfort. Quant à la petite ritournelle de l’horreur, pas sûr qu’elle parvienne à nous quitter…