Le dilemme est un thriller psychologique qui nous plonge dans un huis-clos familial où des secrets viennent rendre l’air irrespirable.
Le dilemme est ce que l’on pourrait appeler une fiction familiale contemporaine. Après nous avoir littéralement captivés d’un bout à l’autre avec son redoutable page turner ‘Derrière les portes‘, B.A Paris nous offre ici un roman d’un genre totalement différent. Pas d’enquête, pas de véritable intrigue, tout le suspense de cette histoire tient autour de non dits qui menacent à chaque instant de faire imploser une famille. Alors, Le dilemme : c’est oui ou bien c’est non ?
Une intrigue psychologique en demi-teinte
Livia prépare la soirée de ses rêves pour son 40ème anniversaire. Son mari, Adam, fait tout pour que le moment soit à la hauteur de ses attentes. Il lui réserve d’ailleurs une surprise : Marnie, leur fille, arrivera de Hong Kong comme la cerise sur le gâteau d’anniversaire ! Enfin, ça, c’est ce qui était prévu. Mais la soirée se déroule… et Marnie n’arrive pas. Adam apprend alors une nouvelle potentiellement dramatique, dont il ne sait que faire… Le dilemme mise ainsi toute son intrigue sur la dimension psychologique de l’histoire.
Que ferions-nous face à un tel dilemme ?
On se laisse facilement prendre au jeu. Car les questionnements, les craintes, et l’impression parfois de ne plus pouvoir faire marche arrière qui animent ce mari désemparé sonnent juste. Et on se demande régulièrement ce que nous aurions fait à sa place, face au cas de conscience auquel il se retrouve confronté. Fait-il preuve de courage ou de lâcheté ? D’égoïsme ou de générosité ? Pas si évident au fond…
Là où l’intrigue gagne en densité, c’est lorsqu’on découvre que Livia garde, elle aussi, un secret au sujet de leur fille. Et qu’elle aussi attend le « meilleur » moment pour le dévoiler à Adam. Ces deux secrets qui s’entrecroisent donnent lieu à des situations de tension, des quiproquos et autres mensonges, qui se déroulent tous dans le huis-clos de la maison familiale, dont l’atmosphère devient étouffante.
Un suspense bien maîtrisé
Pour ce qui est de créer de la tension, B.A. Paris sait y faire. Pour rendre la lecture captivante aussi, notamment en alternant entre le point de vue d’Adam et celui de Livia, heure par heure, à travers des chapitres courts et rythmés. Autant de procédés qui nous permettent de bien saisir la complexité des situations auxquelles sont confrontés chacun de leur côté les deux parents, et de nous mettre à leur place.
Les secrets n’en sont rapidement plus pour nous, lecteurs, qui ne faisons alors qu’attendre que les grenades dégoupillées finissent par exploser. Une menace qui pèse sur chaque page et qui parvient à nous tenir en haleine jusqu’à la fin, et ce malgré les invraisemblances. Lequel de ces deux secrets éclatera le premier ? Quelles seront les conséquences sur ce couple et sur cette famille ?
Une intrigue un peu tirée par les cheveux
Bon, soyons honnêtes, on a du mal à croire que des parents puissent se dissimuler à l’un et à l’autre des informations aussi graves au sujet de leur fille pour ne pas gâcher une fête d’anniversaire ! Certes, une fête très attendue depuis longtemps, mais tout de même ! On nage en plein délire, et surtout en pleine immaturité relationnelle. C’en est parfois un peu dérangeant, d’autant que ni l’un ni l’autre de ces deux personnages ne sont franchement attachants, ce qui ne facilite pas l’empathie.
Mais ça fonctionne !
Malgré tout, B.A. Paris réussit quand même son coup. Car elle touche à des thèmes essentiels sur lesquels elle nous fait réfléchir, l’air de rien. Comme la force des liens amoureux, l’importance de la communication, ou encore la difficulté à se débattre dans ses propres contradictions. On s’y retrouve forcément un peu, on ne s’ennuie pas, et on passe un bon moment de lecture, même si l’auteur nous a habitués à mieux. Ce sera donc un petit oui, mais un oui quand même pour Le dilemme.