Ella Rumpf, rôle-titre du film Le Théorème de Marguerite, a été récompensée du César de la révélation féminine cette année. Réalisé par Anna Novion, le film retrace le quotidien de Marguerite, brillante étudiante en mathématiques à l’ENS.
Avec Le Théorème de Marguerite, Anna Novion met en lumière la vie d’une étudiante de l’ENS, école qui fait rêver les étudiants.
Le cliché des filières
Rien de bien nouveau sur ce point, si on a toujours ri du fait que les classes de scientifiques étaient essentiellement composées par des garçons, Marguerite est ici la seule fille de sa promo. Certains clichés qui courraient déjà dans la cour de récré ne délaissent pas le grand écran. Raie au milieu, regard fuyant, épaules courbées… Autant d’éléments qui définissent un matheux. Là-dessus, c’est plutôt réussi, on voit très bien quel type de personnage campe Ella Rumpf.

Pour le reste, de nombreux éléments feront écho pour certains spectateurs étudiants. Les courageux qui auront entrepris un travail de recherches pourront attester de cette obsession pour le sujet qui, nuit et jour, vient hanter les pensées. Le rapport avec le directeur de recherche (Jean-Pierre Daroussin) est aussi très intelligemment cerné. On ressent bien cette envie de la part de Marguerite de le confronter, un mélange entre admiration et une envie de le défier qui fait très authentique. Enfin, pour tous ceux qui ont un jour mis les pieds à l’ENS, c’est extrêmement drôle de reconnaître les locaux. Chapeaux bas à la réalisatrice qui aura poussé le détail jusqu’à filmer l’Ernestophone, fanfare de l’école.
Une histoire un peu trop bien tracée
Le Théorème de Marguerite, c’est donc de bons personnages, un espace réaliste et authentique, mais c’est malheureusement aussi une histoire cousue de fil blanc. On voit tout venir à des kilomètres et c’est lassant. Un œil cinéphile saura reconnaître bon nombre de signes avant-coureurs de situations qui, inéluctablement, finissent par se produire. L’histoire est tellement prévisible qu’en un sens, elle en devient ennuyante.

C’est tellement facile de comprendre qu’elle va flasher sur le mah jong et que l’intrigue va s’emparer de ça… Quelle surprise le dénouement avec Lucas (Julien Frison) ! Si on voit tout ça venir, il y a aussi quelque chose de très attachant dans ce film. Un peu à l’image des mauvaises comédies romantiques qu’on s’obstine à regarder, on sait comment ça se passe, pourtant on regarde.
Une intrigue toute douce
Le Théorème de Marguerite nous fait le même effet. Une intrigue toute douce pour un film à regarder un soir, sans prise de tête. La mise en scène n’est pas des plus extraordinaires, le cadre filmé est sympathique, académique mais sans plus. Malgré tout ça, il y a quelque chose de chouette dans ce métrage. En un sens, on pourrait s’identifier au personnage de Marguerite. Et même si c’est un cliché, on a tous rencontré ce genre de fille un jour dans notre vie.

Aucun des autres acteurs ne campent des personnages qui crèvent réellement l’écran. Mais, après visionnage, ce n’est pas si grave. Ils ont tous quelque chose d’authentique, comme si on les avait tous une fois croisés dans notre vie. Ce réalisme présent à en déborder dans le film est peut-être ce qui en fait son charme. Encore une fois, si on regarde une comédie romantique en sachant comment tout va se terminer, ici, c’est un peu pareil. C’est juste plaisant de regarder une histoire se terminer bien. Sans artifices, juste la réalité.
Le Théorème de Marguerite n’est peut-être pas le plus transcendant des films de l’année. Mais il faut tout de même accorder au film la capacité de faire échos avec notre corde sensible. On aime regarder Marguerite s’évertuer à écrire des formules mathématiques, le film aborde d’ailleurs les maths sous un angle qui ne dégoute pas. Même s’il faut se l’avouer, sur ce point, on n’y comprend strictement rien. C’est donc un film sympa à regarder pour une soirée douillette.
Le Théorème de Marguerite est sorti en salle le 1er novembre 2023 . Le film est disponible en VOD depuis le 29 février et en DVD et BRD depuis le 5 mars 2024.
Avis
Le film d'Anna Novion a quelque chose de très amusant à regarder lorsque l'on est soi-même étudiant et connaisseur de l'univers des grandes écoles. Pour le reste, ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais c'est la promesse d'un moment chouette à passer.