La Guerre des Lulus, adaptation de la bande-dessinée à succès, voit Yann Samuel retrouver les aventures enfantines de sa version de La Guerre des Boutons pour une adaptation toujours aussi lisse.
La Guerre des Lulus est donc la deuxième guerre à hauteur d’enfants de Yann Samuell, metteur en scène du culte Jeux d’enfants ayant consacré le couple Marion Cotillard et Guillaume Canet, et perdant à 100 000 entrées près de la bataille opposant les deux remakes de La Guerre des Boutons, où le projet de Yann Samuell avait du crier défaite face à La Nouvelle Guerre des Boutons de Christophe Barratier. Le réalisateur nous avait aussi laissé d’affreux souvenirs, de l’horrible L’âge de raison avec Sophie Marceau, en passant par son Fantôme de Canterville. Abonné aux comédies familiales, son adaptation de la bd à succès La Guerre des Lulus, si elle s’avère être un choix logique de casting, demeure cependant toujours aussi lisse, certes honnête mais cruellement convenue.
Adaptation sans bulles
La Guerre des Lulus est donc adapté de la formidable série de bande-dessinée crée par Régis Hautière et Hardoc. D’orphelins jetés en pleine Première Guerre Mondiale, les deux auteurs ont ainsi su brillamment confronter l’insouciance de l’enfance avec l’horreur de la guerre, en dépeignant à la fois une lutte pour la survie contre le froid et la faim émaillée de rencontres humanistes. Le scénario de Yann Samuell va cependant bien trop vite pour saisir toute la richesse de l’œuvre originale, couvrant plusieurs tomes en près de deux heures, lancé comme un train à toute allure ne prenant jamais vraiment le temps de creuser ses situations et ses personnages. François Damiens, Isabelle Carré, Alex Lutz, Isabelle Carré, Ahmed Sylla et Didier Bourdon ne paraissent ainsi être que de prestigieux guests venus s’inscrire en haut de l’affiche pour rendre le projet plus rentable.
Parce que d’une mère endeuillée, d’un professeur envoyé au front, de la rencontre avec un allemand, La Guerre des Lulus semble finalement avoir trop peu de temps pour creuser tout cela, y préférant le rythme efficace d’une aventure familiale menée tambour battant mais délaissant néanmoins tout possible approfondissement. On ne verra ainsi que très peu les quatre orphelins délaissés tentant de rejoindre la Suisse dans leur quête de survie quotidienne, alternant les pique-niques de fortunes avec des acteurs passés faire un coucou, et les conclusions tragiques. À force de répéter sa mécanique, le long-métrage égare ainsi toute émotion et ce malgré la sympathie de ses cinq jeunes interprètes.
À toute alulure
La Guerre des Lulus n’en demeure pas moins une sympathique aventure familiale, rythmée et remplissant honnêtement son contrat. Parce que la rencontre avec le soldat allemand, évènement incontournable du formidable deuxième tome, s’avère scrupuleusement respectée, et la fable humaniste de Régis Hautière et Hardoc fonctionne alors le temps de quelques brefs instants. Mieux, Yann Samuell signe peut-être ici l’une de ses meilleures mises en scènes, notamment sur un champ de bataille, en pleine guerre de tranchées. Il est ainsi dommageable de ne trouver que de petites satisfactions, comme des moments fugaces, au milieu de cette aventure qui ne prend jamais le temps nécessaire, se rêvant déjà en nouvelle franchise.
On ne garde ainsi que très peu de souvenirs notables de La Guerre des Lulus, trop occupée à divertir et pas assez à émouvoir et à creuser ses formidables et nombreux sujets. Yann Samuell signe ainsi l’un de ses meilleurs films (ce n’était pas compliqué), et une aventure familiale louable, mais manquant cruellement d’âme. De la fantaisie d’une bande-dessinée, cette adaptation prouve, une nouvelle fois, qu’après Le Petit Spirou et autres Gaston Lagaffe, le cinéma se trouve bien à la peine pour conserver toute la fougue artistique du neuvième art en le transfigurant en des produits bien trop lisses et formatés, manquant cruellement de fantaisie et de bulles.
La Guerre des Boutons est actuellement au cinéma.
Avis
La Guerre des Lulus s'avère être une énième, honnête mais convenue, adaptation de bande-dessinée. Yann Samuell ne conserve que trop peu ce qui faisait le sel de la série littéraire pour délivrer un produit au rythme trop efficace, trahissant ainsi nombre d'aspects inhérant à l'œuvre, et sacrifiant nombre de grands acteurs ici transfigurés en simples guests. Se rêvant déjà en franchise, La Guerre des Lulus a ainsi (presque) oublié d'être sympathique.
Un commentaire
Quelle est la réponse a pourquoi n’ont il pas de nom de famille
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