Nous sommes en 2019 et Devolver, le fameux éditeur d’indé -pour ne pas en finir avec les paradoxes-, nous propose de découvrir les bootleg maisons de leur propre catalogue de titres ! Premier pas de génie dans le petit monde du jeu meta, il frappe de nouveau en 2020 avec Devolverland Expo.
« Devolverland Expo is a first-person ‘marketing simulator’. »
Voilà. Ils sont marrants les petits gars de chez Devolver et Flying Wild Hog hein ? Ils nous feraient presque oublier que l’on s’apprête à participer, de notre plein gré et avec un enthousiasme certain d’ailleurs, à une vaste opération publicitaire, condensée dans un délicat petit .exe et disponible -gratuitement encore heureux- comme un jeu. Voilà d’ailleurs les tags associés sur Steam, il y a de quoi rire je vous l’assure.
Malgré cela, il s’agit bel et bien du jeu de la conférence de Devolver, comme le jeu avatar d’Ubisoft est l’adaptation en jeu vidéo du film de Cameron. Devolverland Expo est l’adaptation du Devolver Direct 2020, son adaptation vidéoludique donc. Adaptation qui comme la conférence, a bien comme finalité de vous vendre les VRAIS jeux de l’éditeur – ça et faire valoir l’image de marque différenciante de Devolver, mais passons.
Développés par les petits gars et garces – je suppose – de chez Flying Wild Hog, le studio derrière les très sympathiques reboot de Shadow Warrior ainsi que Hard Reset, cette plongée dans le Devolver Verse s’avère-t-elle être au moins un peu plus que ce qu’elle semble être ? Outre son concept de départ très cynique et devolveresquement drôle, y a t’il un coeur battant sous ces flyers publicitaires, un jeu caché au détour d’un trailer mal monté de Shadow Warrior 3 ? Tout un tas de questions qui méritent réponses.
Le jeu des jeux est moins bien que les jeux qui sont pourtant dans le jeu… ou un truc du style !
Le plus dur est passé puisque pour tout vous dire, la question de la qualité intrinsèque de “Devolver 2020 le jeu vidéo” est assez facilement résoluble ou bien résolvable, choisissez donc. Il manque de temps, de maturité, Devolverland Expo semble avoir été traité comme on se l’imagine qu’il le soit en observant son contexte de sortie. Comme une blague qui doit certes tenir debout, mais qui n’a pas besoin de marcher non plus -avec ces petits pieds de blague voyez vous. À ce prix et certainement aussi dans ce délai, il n’était pas question de trop en faire.
Un aspect “service minimum” se fait tout de suite ressentir :
très peu d’options – impossible de modifier les commandes par exemple -,
un framerate balbutiant sans que le rendu lui soit particulièrement réjouissant. Pareillement les collisions et l’inertie du personnage semble un peu flottantes, pas toujours très au point.
Des reproches d’autant plus étonnants que le jeu est en soit complètement dans le domaine d’expertise de son studio habitué au shooter. Shadow Warrior 2 faisant des merveilles côté Game feel. Peut-être le passage à l’Unreal Engine ? Shadow Warrior 2 tournant quant à lui sur leur moteur maison. Mais alors pourquoi changer de technologie pour un titre de si petit calibre ? En profiter pour se faire la main ? Sans doute… Des réponses se trouveront certainement dans leur prochain jeu, Shadow Warrior 3 qui espérons le, sera largement plus maîtrisé techniquement. De toute façon, d’ici là nous aurons tous oubliés Devolver The Video Game of Devolver’s Video Game.
Côté level design, c’est jour de famine. Bien qu’il semble dans ses premiers instants esquisser une certaine ouverture, il vient très vite cloisonner le joueur, le plongeant ainsi dans le marasme de celui qui se sait prisonnier, comme sous 4 dalles polygonales. On nous avait promis une convention abandonnée, nous avons des conduits de circulation d’air. Quoi de plus excitant me direz-vous ? Des égouts peut-être… Mais il n’y en a pas, rassurez-vous, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.
Dans Devolverland Expo, des implications qui nous dépassent
On déambule donc de salle en salle, de bande d’annonce en trailer, de trailer en bande d’annonce. Des vidéos qui sont d’ailleurs ni évitables ni passables rapidement. C’est en général qu’au bout d’une bonne minute que le jeu nous laisse “passer l’annonce” si on le souhaite, mais attention si telle est votre décision, pas de succès ! Le genre de détails qui ne te font pas oublier que tu es avant tout dans un cadre promotionnel.
D’ailleurs, avis aux amateurs de succès et autres viagra pour complétionnistes compulsifs, le jeu peut-être parfaitement platiné en moins d’une heure, ce sont des choses triviales mais je pense que Devolver le sait bien, des cartes Steam à échanger et des succès faciles permettent toujours d’attirer le chaland.
Pour le reste il est assez compliqué de vous évoquer le titre, après tout qu’y a-t-il dans un first-person ‘marketing simulator’ ? Un boss de fin ? Oui . Un Power Glove ? Oui. Des lasers ? Oui. Un puzzle convenu ? Oui, évidemment. Des robots et des flingues ? Non… “un” flingue mais bien “des” robots.