Pour son premier film, Sébastien Marnier brosse avec Irréprochable le portrait d’une femme à l’identité trouble et à la sincérité ambivalente. Constance est en quelque sorte une cousine éloignée de la Michelle d’Elle et de son bouillonnement intérieur camouflé aux yeux des autres. Si les interprètes respectives des deux films se dédient corps et âme dans leur rôle, l’application scolaire du jeune réalisateur fait pâle figure face à la virtuosité perverse du vieux briscard.
Le regard du cinéaste se dédie de tout jugement. C’est la grande qualité d’Irréprochable. Marnier épouse les élans spontanés de son personnage sans chercher à l’excuser ou à le rendre aimable. Une langueur se créée dans cette observation clinique qui rend chaque soubresaut percutant. Le malaise est d’autant plus grand que Marina Foïs s’abandonne dans ce rôle taillé sur mesure. L’actrice y fait preuve d’une maîtrise de sa palette émotionnelle renversante qui élève l’ensemble.
Suivre les sentiers battus. La distance chabrolienne, les instants de creux, les discussions de rien qui ont l’air de tout… Irréprochable coche parfois les cases du film de genre français avec une application qui frôle l’ennui. On a alors la sensation d’assister à une copie appliquée qui tend très timidement à s’affirmer, comme en témoigne une bande originale électrique et étonnante.