Peu avant la saga d’Un justicier dans la ville qui fera leur succès, le duo Charles Branson / Michael Winner se retrouvait une seconde fois pour Le Flingueur, film ô combien révélateur d’une époque.
Nihiliste. 1972, les États-Unis tente d’en finir avec le Viêt Nam et les Américains se désolidarisent toujours davantage. Dans ce climat du chacun pour soi, Winner signe son œuvre la plus désabusée en mettant en scène un tueur de sang froid (Bronson), sans aucune attache ni respect pour la « Justice ». La scène d’ouverture d’une dizaine de minutes résume à elle-seule toute la façon de penser du long-métrage : sans aucune parole, on y voit Bishop préparer son assassinat et le maquiller en accident. Il est méthodique, mécanique – d’où le titre original : The Mechanic -.
Amoral. Tout du long, le réalisateur s’empêchera de juger les actes de son « héros » qui n’a besoin d’aucune justification. On retiendra cette séquence glaçante où une jeune fille menace de se suicider devant les deux hommes impassibles, sans qu’à aucun moment quelqu’un remette en cause ce qui se passe. Le Flingueur ne s’embarrasse pas de sentiments, ni bons ni mauvais, et s’assume comme tel. Un film dérangeant ? Peut-être. Puissant ? Assurément.