Le roman Exécution de Pascal Marmet est disponible depuis le 26 mai 2022 aux éditions M Plus. Cet ouvrage de 204 pages risque d’en faire frissonner plus d’un. Grâce à un rythme impeccable et des personnages puissants, le récit palpitant passionne, de la première à la dernière page.
Le roman de Pascal Marmet prend place au 36 quai des Orfèvres, où un évènement va bouleverser le quotidien des hommes et des femmes qui y travaillent. L’avocat Nicolas Fender a été sauvagement assassiné dans les sous-sols du palais de justice, un lieu hautement symbolique. Comment est-ce que la sécurité a pu ignorer la présence d’un meurtrier, au sein de cet établissement très réputé ? Cela semble invraisemblable… D’autant plus que le coupable est un professionnel, selon les dires du médecin légiste. Les officiers de la police judiciaire, l’équipe des experts scientifiques ne trouvent aucun élément exploitable — rien à part une pointure de chaussures et des traces de mains. François Chanel mène l’affaire sous les ordres de la fameuse « Mademoiselle Maigret », une femme à poigne, qui s’impose avec ferveur dans un univers très machiste et pensé pour les hommes. Petit à petit, l’enquêteur se rend compte des penchants problématiques de la victime qui agissait en prédateur sexuel. D’ailleurs, son obsession pour Madame Bovary ponctue le récit. Chaque début de chapitre s’ouvre par une citation du roman de Flaubert, en établissant un lien direct entre Emma Bovary et les péripéties traversées par l’équipe de « la crim ».
Dans son manoir à Milly-la-Forêt, le mort a su protéger ses secrets, honteux et terribles. Avec un profil pareil et des déviances avérées, le lecteur se demande bien comment un prédateur a pu ainsi percer les sphères de la justice et se faire respecter… La brigade criminelle peut compter sur la minutie de François Chanel et d’Alain et d’une jeune stagiaire très intelligente, Domitille de Darmoy. Par ailleurs, Alain est un étrange personnage qui a développé un syndrome bien particulier. Grâce à son brillant esprit de déduction, celui-ci « voit » des choses, sous forme de flashes. Par exemple, il parvient à percevoir le visage de l’assassin ainsi que le nom d’un bateau, qui serait mêlé à l’affaire… Ce pouvoir presque surnaturel repousse les limites du cerveau humain. Le charismatique François Chanel réussit petit à petit à traverser ce labyrinthe, malgré l’absence de preuves et des pièces à conviction qui tardent à se montrer.
Déjà dans le roman Tiré à quatre épingles, François Chanel avait mené l’enquête. Ici, Pascal Marmet ressort son personnage du placard pour lui donner du fil à retordre. Avec des codes très prisés dans le genre du polar, Pascal Marmet y insuffle un côté moderne, dépoussiéré. Les âmes les plus sensibles ressentiront l’effroi, face à des scènes décrites à la perfection et des détails sordides. Le corps mutilé de l’avocat Nicolas Fender hantera le lecteur pour longtemps ! Également, l’auteur a décidé d’écrire des flashbacks, qui permettent au lecteur de visualiser les faits, lui donnant un train d’avance sur l’enquêteur Chanel et sa bande.
Contrairement au cliché de la victime qui était « simple, débordante de vie et généreuse », le mort est une ordure. Avec un tel profil, Monsieur avait sans doute des ennemis… Mais qui le haïssait au point de le torturer et de le massacrer de la sorte ?
Grâce à son format court, l’ouvrage se dévore en quelques heures. Il sera difficile, voire impossible de se retenir de tourner les pages de ce thriller au final qui désarçonne. En outre, des thématiques très « sensibles » comme le djihadisme sont abordées et servent la narration. Dans ce récit où la manipulation est constante, le lecteur touche à l’horreur absolue. Entre viols et terrorisme, le bilan est dramatique. L’écrivain a su insuffler une dose de modernisme, tout en jouant avec des éléments classiques et bien reconnus du monde criminel. Le résultat est donc à la hauteur des fans de polars. Dans l’esprit vengeur d’une âme animée par la haine et le fanatisme, le visage d’un système corrompu apparaît en pleine lumière. François Chanel et sa bande réussiront-ils à lever le mystère et à coincer l’auteur des faits ? Au cours de cette traque, même l’enquêteur finit par évoluer. Cet approfondissement du personnage un brin misogyne et de la vieille école pourrait bien grandir, au contact de femmes intelligentes, dont la jeune stagiaire qui l’impressionne grâce à sa vivacité.
Une ambiance noire et glauque, installée par le chef d’orchestre Pascal Marmet, qui vous promet une immersion addictive et une expérience de lecture inoubliable.
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