Fraichement arrivée sur Apple TV+, la série Slow Horses commence, malgré son titre paradoxal, sur les chapeaux de roues, pour un thriller britannique excellent.
Pour ceux qui foirent une mission du MI5, direction Slough House, un département réservé aux losers du renseignement britannique. C’est là qu’un agent prometteur se retrouve et, malgré la consigne de ne rien faire, va tenter de redorer le blason de ces ratés de l’espionnage. Toujours en quête d’excellence télévisuelle, avec des téléfilms qui raflent tout aux Oscars ou avec des séries d’une qualité rare, Apple TV+ continue son petit bonhomme de chemin en nous proposant Slow Horses, un petit bijou sériel à suivre d’urgence !
Slow Horses est écrite et adaptée du roman éponyme de Mick Heron par Will Smith (pas l’acteur récemment viré de l’Academy mais l’un des scénaristes de Veep ou de The Thick of It), soit un bonhomme rompu à la satire. Alors quand l’irrévérence britannique côtoie les hautes sphères de l’espionnage crasse, on tutoie les étoiles. Si, si. Du moins c’est ce que laissent deviner les premiers épisodes du show, qui mettent ainsi en lumière le ton et l’ambiance générale de cet ovni délectable.
Tinker Tailor Soldier Spy
En effet, affublé du style narratif britannique et de son immuable causticité, le résultat de cette association savoureuse entre thriller politique et humour dépressif fait de Slow Horses un bien beau projet. Loin de s’apparenter à des James Bond mis au placard, on obtient plutôt des agents paradoxalement plutôt réalistes. A l’instar d’un Bureau des Légendes avec ses ordinateurs en panne et les souris qui cabriolent derrière les dossiers, ces espions déclassés fouillent les poubelles, picolent ou lâchent des pets.
Un autre regard sur l’espionnage où la réalisation granuleuse de James Hawes (The Alienist, Raised by Wolves…) trouve le paroxysme de sa ringardise dans la sobriété parfaite de Gary Oldman qui reprend, après La Taupe (Tinker Tailor Soldier Spy en VO), un rôle d’espion bureaucratique absolument délicieux. Sauf qu’ici, fini le flegme britannique iconique de l’acteur dandy et bonjour la partition crasse d’un chef graisseux, cantonné à ses chaussettes trouées et à son verre de scotch désespérément vide. Une partition contrastée par les petits losers énergiques, Jack Lowden en tête d’affiche ou la flamboyante Olivia Cooke, sans compter sur l’exact opposée de Oldman jouée par une Kristin Scott Thomas tout en élégance. La matriarche incarne ici la big boss, pimpante et au centre d’une agence toute technologique et teintée de bleu, opposée aux couleurs sépias et renfermées du bureau de Oldman.
Une ode aux misfits, comme l’annonce Mick Jagger dans son titre solo et interprété spécialement pour la plateforme à la pomme, Strange Game, qui nous offre ainsi un générique tout en nostalgie lancinante, en parfaite adéquation avec une ambiance qui traîne des pieds. Forcément, le gros de l’intrigue résidera sur les épaules des personnages plus dynamiques que notre Gary désabusé, les cancres. Des parias qui, contre toute attente, parviendront probablement à résoudre une enquête politique inédite (des néo-nazis qui prennent en otage et menacent de décapiter un Pakistanais) qui ne leur est pas destinée.
Slow Horses constitue donc pour l’instant une sorte d’origin story pour une équipe de bras cassés d’ores et déjà attendrissante et ça tombe bien, ce n’est que le premier des 11 romans contant les aventures du personnage joué par Gary Oldman… et la série est déjà renouvelée. Vite ! la suite !
La saison 1 de Slow Horses est actuellement diffusée sur Apple TV+
Avis
Les premiers épisodes de Slow Horses annoncent un nouveau petit bijou britannique, une série d'espionnage au discours satirique, où les parias du MI5 ont pour une fois la chance de briller, surtout sous la supervision d'un Gary Oldman parfaitement désabusé.