Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin est un film de science-fiction qui aborde de manière originale le thème de l’invasion extra-terrestre. Elsa, 23 ans, a toujours été proche de son grand-frère Franck, spationaute disparu mystérieusement trois ans plus tôt…
Trois ans après la disparition de son frère Franck, Elsa peine à reprendre le contrôle de sa vie. Jusqu’au jour où une forme de vie inconnue la contacte, prétendant pouvoir ramener son frère sur Terre, une proposition qui ne vient pas sans une certaine condition…
Le classique de l’invasion extra-terrestre
Dès la scène d’ouverture, le spectateur sait qu’il est face à un film de science-fiction, ou du moins d’un long métrage qui va parler d’aliens. En effet, Pendant ce temps sur Terre oscille intelligemment entre des scènes en 2D et des plans de la réalité. Elsa est dessinatrice à ses heures perdues, et on comprend aisément que ce sont ses dessins qui rythment le film de ces petites saynètes animées dans lesquelles se dessine un vaisseau spatial et quelques personnages aux allures d’extra-terrestres… Autrement dit, c’est assez tôt dans le long-métrages que s’installe la perspective de l’arrivée d’une forme de vie non identifiée.
L’invasion extra-terrestres est un poncif en science-fiction. Cette année encore, l’adaptation du best-seller de Liu Cixin Le problème à trois corps traitait de l’arrivée future d’une civilisation inconnue. Pour un amateur de SF, rien de bien surprenant donc. De prime abord, Pendant ce temps sur Terre réussit à installer une atmosphère qui s’effondre progressivement sur elle-même. On sent bien que les choses se détériorent progressivement, et surtout que quelque chose est en train de devenir hors de contrôle. Sur ce point, c’est donc assez réussi. La promesse d’un débarquement d’aliens est intelligemment travaillé et parvient même à en devenir plutôt innovante.
Une science-fiction qui se veut sobre
Seulement voilà, si cette manière de traiter cette thématique centrale de la SF est originale, il faudra bien avouer qu’on se fait résolument chier. Certes, la lenteur est nécessaire et va tout à fait dans le sens d’une ambiance qui se détériore. De plus, cette ambiance lourde et plutôt glauque est parfaitement dosée, mais ça ne suffit pas. Pendant ce temps sur Terre ne fait que retarder quelque chose qui n’arrive jamais. Et c’est frustrant. On a envie de voir les choses s’activer, bouger un peu plus. Ce souhait est sûrement motivé par la solitude apparente des personnages du films. Il n’y en a que très peu, les décors sont globalement assez dépouillés, le mot d’ordre est donc la sobriété.
Mais, sobriété dans un film de SF, ça ne passe pas. À moins d’être absolument maitrisée. Et ce n’est pas le cas ici. Le propos reste cohérent, mais devient trop vite redondant. Par moment, les scènes dans la forêt font échos à des films comme The Lobster de Yorgos Lanthimos. Pour ce dernier, l’étrangeté est de prime et règne sans conteste sur toute l’histoire. A côté, Pendant ce temps sur Terre donne cette impression de courir après ce genre d’ambiance lourde, étrange, sans jamais parvenir à l’atteindre.
Elsa est triste, triste, triste, triste….
Elsa, protagoniste du film, est interprétée par Megan Northam. Son personnage peine à se reconstruire après le drame qui a touché sa famille. Et tout cela est parfaitement compréhensible. Mais, le film tourne presque exclusivement autour d’elle et ça en devient peut-être un peu agaçant de la voir arborer toujours la même expression. Sur ce point, il est difficile de savoir ce qui dessert réellement Northam. En effet, son personnage n’est pas inintéressant et a un potentiel qui semble trop peu exploité. C’est la mise en scène qui ne rend pas parfaitement justice à l’actrice. Elle est filmée sous toutes les coutures, des gros plans de son œil à des profils très serrés de son nez ou de son menton. On la voit donc tout le temps et son manque de panel d’émotions en devient d’autant plus criant.
Certes, à cela il est plutôt aisé de rétorquer que c’est aussi le principe du film. La suggestion s’accompagne nécessairement d’une attention accrue sur autre chose, et cet autre chose, c’est le visage de Megan Northam. Cette sur-présence du personnage à l’écran est également desservie par une colorimétrie trop fade qui lui donne une mine éteinte. Et si à nouveau, c’est un paramètre qui se justifie dans l’existence fictionnelle du personnage, il en devient plutôt assez lassant. On voit sans cesse le même visage pâlot avec la même expression faciale.
Pendant ce temps sur Terre est un film qui rate malheureusement son objectif. Si la promesse n’est pas entièrement tenue, il est nécessaire de souligner que le traitement du thème de l’invasion d’extra-terrestre est tout de même particulièrement originale. De fait, Pendant ce temps sur Terre gagnerait peut-être à une expansion de son univers fictionnel par un format sériel.
Pendant ce temps sur Terre est en salle depuis le 3 juillet
Avis
Pour un amateur de science-fiction, la promesse tenue par le synopsis de Pendant ce temps sur Terre est de taille. Pourtant, elle n’est pas tenue. L’histoire qui semblait de prime abord si attrayante tourne vite en rond et devient, de fait, rapidement ennuyante…