O’Dessa est un film post-apocalyptique tourné tel un opera rock ! Débarqué sans grande pompe sur Disney+ et mené par Sadie Sink (Stranger Things), le résultat est une amère déception tout simplement !
O’Dessa a tout de la petite proposition sortie de nulle part que l’on voudrait aimer ! Produit par Searchlight (la branche « auteur » de Disney a qui on doit au hasard West Side Story ou Un parfait inconnu), cette réalisation du débutant Geremy Jasper n’a pourtant nullement le droit à une sortie salle, préférant le streaming comme toute production modeste sortant des carcans modernes.
Sadie Sink pousse la chanssonnette
Il y a de quoi interpeler ceci dit, rien que dans son casting principal : la jeune Sadie Sink (Stranger Things, The Whale) tient un premier rôle, épaulée du non-moins excellent Kelvin Harrison Jr (Waves, Elvis). Le tout dans un un monde alternatif proche de la dystopie post-apocalyptique : la civilisation n’existe plus réellement, tandis que la dernière ville humaine est sous le joug du tyran Plutonovitch, un magnat des ondes hertziennes désormais reclus sur une île où le divertissement cathodique contrôle les masses.

C’est dans ces conditions que nous découvrons O’Dessa Galloway (Sadie Sink), une jeune femme vivant seule avec sa mère mourante dans une ferme isolée. Alors que les récoltes se meurent et que la terre est rongée par du carburant ressemblant à du sang plomb. Découvrant qu’elle est la 7e et ultime génération d’une lignée de troubadours ayant pour vocation de rétablir la lumière en ce monde, O’Dessa s’en va affronter son destin tout en faisant la rencontre d’Euri Delvish (Kelvin Harrison Jr.), une star sous la coupe du régime totalitaire ambiant.
Le Retour du Troubadour
O’Dessa a ainsi tout d’une relecture du voyage du héros par Joseph Campbell : une structure désormais sur-éculée depuis Star Wars et Conan le barbare jusqu’au récent Dune ou Avatar. Un élu, un monde en perdition, un régime tyrannique, une figure parentale disparue, un grand pouvoir (qui implique des grandes responsabilités) à manier, le passage à l’âge adulte…
Le film ne réinvente strictement rien, pourtant difficile de ne pas un tantinet accrocher aux prémices du métrage devant une formule qui a su faire ses preuves en termes d’efficacité. D’entrée de jeu, O’Dessa affiche également la volonté de proposer un focus certain sur la musique, accompagnant le quotidien des deux personnages principaux, tandis que la folk et le rock sont utilisés tels le blues (une manière d’y voir un outil émancipatoire par la chansonnette et la gratte).

Mais rapidement le bas blesse profondément, tant dans la forme que dans le fond. O’Dessa a beau être chatoyant dans ses lumières d’intérieur, le film souffre non seulement d’un manque flagrant de moyens techniques pour donner du corps à ce monde malheureusement anonyme, et d’un scénario tenu. Dès que le spectateur et la protagoniste découvrent la fameuse Salicyte City, l’illusion s’effrite tel un château de sable..
O’Dessa ou l’occasion manquée
Production design crypto-90’s, 4-5 cosplayeurs dans 2-3 rues pour mimer un peu de vie, un ponton, une arrière-salle de karaoke et un appartement utilisés comme sets principaux… tout transpire l’économie dans O’Dessa ! Certes, ce sont les idées qui font un film avant tout, mais dès lors qu’une romance s’installe entre les 2 personnages principaux, le tout vire au pilotage automatique jusqu’à un climax musical sans réel poids (et ne parlons pas de la figure antagoniste principale aux abonnés absents, au profit d’une Regina Hall grimée comme dans un Mortal Kombat).

Le film manque donc clairement de focus et d’écriture, ou bien même d’exploitation précise de son concept musical. Pourtant…. O’Dessa évite régulièrement le naufrage ou un caractère insipide via une identité kamikaze faisant parfois plaisir vis-à-vis de ce qu’il aurait pu être ! Car cela beau être bordélique, cela ne ressemble finalement pas à d’autres productions récentes, en plus porté par un duo d’acteurs de talent qui investissent comme ils peuvent leurs personnages, tels des Romeo et Juliette révolutionnaires.
Mieux encore, la finalité de O’Dessa évite tout happy ending facile ou morale à coups de forceps, préférant la puissance d’évocation et la nécessité de l’héritage culturel comme vraie libération des esprits. Une protée politique qu’on aurait aimé largement plus approfondie ceci dit, car en l’état, c’est bien un sentiment de gâchis qui domine dans ce O’Dessa finalement déceptif !
O’Dessa est sorti sur Disney + le 21 mars 2025
avis
O'Dessa avait tout de la petite proposition mutante et réjouissante qu'on aimerait aimer : un bon casting, du post-apo, une emphase sur la portée de l'art et de la musique pour briser les chaînes du totalitarisme.. et même si sa finalité vise juste, difficile de ne pas y voir une occasion gâchée de par son manque d'écriture et de moyens. Dommage !