La ligne rose nous plonge dans les aventures trépidantes de trois opératrices des PTT dans les années 20.
Au bout de la ligne rose : Marthe et Denise, deux « demoiselles du téléphone ». Elles établissent à une cadence étourdissante la liaison entre les personnes qui appellent et leurs interlocuteurs. Marthe, désespérée de ne pas trouver l’amour, en profite pour répertorier discrètement tous les bons partis de la capitale dans un petit carnet tandis que Denise, jeune fille de la haute bourgeoisie, a un penchant pour les enquêtes !
L’arrivée en plein coup de feu de Jeanne, une remplaçante tout droit venue de province, va semer la panique de bien des manières… et pour notre plus grand plaisir !
Et le téléphone rose naquit !
L’intrigue se met rapidement en place et l’arrivée de cet électron libre dans l’équipe insuffle un vent d’audace. Pour aider Marthe à enfin rencontrer un homme, Denise lui organise un rendez-vous téléphonique avec un « bon parti », veuf et séducteur. Sans le savoir, elles viennent de créer un service inédit : le téléphone rose ! Les jeunes femmes se laissent peu à peu prendre au jeu. Et à travers leur voix, source de tous les fantasmes, elles se retrouvent à donner du plaisir aux hommes.
Mais cette invention va susciter bien des convoitises et les obliger à affronter quelques obstacles de taille. Jeanne avait prévenu pourtant : « Pas d’zig dans l’biz ! » ! Ainsi, elles vont devoir faire face à la jalousie de certaines collègues, à un gangster opportuniste ou encore à la police des mœurs… Bref, une aventure qui ne sera pas de tout repos et qui dévoilera un peu plus la personnalité de chacune.
Un trio explosif
Il se dégage une énergie communicative et beaucoup de fraîcheur de cette pièce au rythme effréné ! Aussi bien dans la mise en scène, très enlevée, que dans l’interprétation de ces trois comédiennes facétieuses, pétillantes et charmantes. Les personnages aux caractères bien trempés et un brin loufoques qu’elles incarnent se complètent à merveille. Et impossible de ne pas rire devant ces séquences téléphoniques pendant lesquelles « Marthe batifole au combiné ! ». Entre gêne et amusement, elles cèdent à l’érotisme sans jamais basculer vers la vulgarité.
Si on se régale de la gestuelle, des mimiques et du langage d’époque de ces trois demoiselles qui n’hésitent pas à remettre en cause l’ordre établi, on flirte çà et là avec la comédie de boulevard. En effet, ça parle fort, ça surjoue parfois un peu, les coups de théâtre s’enchaînent, les changements de scène se passent sur fond de musiques virevoltantes… Un peu troublant par moments, mais pas de quoi nous perdre pour autant.
Un propos et une approche originales
Car le plaisir que l’on prend à suivre les aventures originales de ces opératrice des Années Folles l’emporte. D’autant qu’elles évoluent dans un décor très réaliste et astucieux qui nous promène entre leur lieu de travail, l’appartement dans lequel elles cohabitent et un bar dans lequel elles ont leurs habitudes. Et, hormis un passage chanté dont ni la pertinence ni la qualité ne nous ont convaincus, l’ensemble s’enchaîne avec beaucoup de fluidité et d’efficacité. On ne décroche pas (bien que ce soit tentant !)!
Au-delà de l’aspect divertissant, il est également intéressant de revisiter cette époque et ses élans, prémices du mouvement des femmes à l’assaut de leur liberté, de leur indépendance et de leur féminité dans une société très patriarcale. C’est un regard original et intéressant sur une profession venue tout droit du passé, qui nous emmène à mille lieux de nos smartphones et d’Internet. Et c’est un très bon moment que l’on passe, et que l’on vous conseille… sur tout la ligne !