Après un pilote accrocheur et prometteur, Escape at Dannemora est arrivé à son terme. S’il confirme son potentiel, le show de Ben Stiller n’est pas parfait. Une série en huit épisodes qui se savoure, mais bien éloignée de son grand frère Prison Break.
Pour sa première incursion du côté de la télévision, le réalisateur de Zoolander réussit son pari avec Escape at Dannemora. En racontant l’histoire de David Sweatt et Richard Matt, il parvient à tenir en haleine les téléspectateurs. Plutôt que de proposer une multitude de personnages principaux, l’Américain fait le choix de se concentrer sur les deux détenues, interprétés par Paul Dano et Benicio del Toro, ainsi que Tilly Mitchell, campée par la méconnaissable Patricia Arquette. Récompensée par un Golden Globe pour sa prestation, l’actrice est éblouissante et a réussi à chiper la statuette à la non moins exceptionnelle Amy Adams (Sharp Objects).
Ce parti pris offre au réalisateur le temps de développer à son rythme chacun des protagonistes, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Ceux qui s’attendent à des épisodes avec mille rebondissements resteront sur leur faim. Lent dans sa construction et son rythme, le show se rapproche plus de The Wire que Prison Break. Avides de liberté, les détenus et l’employée de prison ont tous les trois des raisons de vouloir quitter le pénitencier.
Escape at Dannemora : entre film et série
Mais cette lenteur est également le point faible de la série. Certains passages sont vraiment surperflus (les allers-retours dans les entrailles de la prison) et auraient pu être raccourcis. On devine facilement que Ben Stiller n’aurait pas eu autant de liberté s’il avait choisi le cinéma pour raconter cette histoire. Très long film ou mini-série, Escape at Dannemora navigue entre deux eaux et semble parfois chercher son identité. Un sentiment que tous ceux qui ont déjà vu Les Evadés (sorti en 1995), avec Tim Robbins et Morgan Freeman, comprendront. Car le show se rapproche bien plus du film de Frank Darabont que du feuilleton événement de 2005. Peut-être l’inexpérience de Stiller dans les productions télévisuelles, ou son habitude pour celles du grand écran.
Si la comparaison avec les aventures de Michael Scofield et Lincoln Burrows est inévitable, celles de Paul Dano et Benicio del Toro ont au moins un avantage. Leur séjour hors de la prison est captivant et beaucoup moins capillotracté. On se prend d’affection pour eux, même si ce ne sont pas des saints. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, et celle de la série est juste, renvoyant toute ce beau monde à ses doutes et ses erreurs.
Loin d’être parfait, Escape at Dannemora est pourtant à recommander. Son casting cinq étoiles et l’issue de cette chasse à l’homme sont autant d’argument pour se plonger dans cette histoire vraie qui a passionné des millions d’Américains à l’été 2015.