Des mains en or, la nouvelle comédie d’Isabelle Mergault, s’avère aussi anachronique et carricaturale qu’heureusement portée par un duo d’acteurs qui fonctionne et une certaine sincérité.
Des mains en or est le quatrième film d’Isabelle Mergault, actrice, scénariste et réalisatrice qui aura été loin, au cours de sa carrière, de marquer les mémoires des plus cinéphiles d’entre nous. Mais voilà, malgré la simplicité de ses dispositifs, à vrai dire toujours des rencontres entre deux personnages (où deux mondes) diamétralement opposés, nous avions étés quelques peu touchés par Je vous trouve très beau, son tout premier long-métrage, sur la rencontre entre un agriculteur veuf et une jeune femme roumaine (Medeea Marinescu, lumineuse) rencontrée via une agence de rencontres (c’était en 2005). Michel Blanc y était très juste, et malgré les grosses ficelles du récit, les émotions parvenaient à affluer au-délà de l’écran. Parce qu’Isabelle Mergault, (également sociétaire des Grosses Têtes) malgré tout, demeure avant tout une cinéaste populaire.
Dès son premier long-métrage en tant que metteuse en scène, le succès fut au rendez-vous (et pas qu’un peu, avec près de 3,6 millions d’entrées), suivi par Enfin veuve et ses 2 millions d’entrées avant l’échec, plus mérité il faut le dire, de l’horrible Donnant Donnant pourtant porté par Daniel Auteuil et Sabine Azéma. Treize années plus tard, Isabelle Mergault reprend donc sa recette magique avec Des mains en or : François, un homme de littérature, cultivé, riche, forcément insupportable et prochainement académicien (Lambert Wilson, qui après Les Choses simples, semble rejouer à la fois le même rôle et le même film), et une vraie femme de la vraie vie des gens vrais qui connait les vraies choses essentielles, rencontrée après un accident de voiture, à savoir Marthe (Josiane Balasko), également guérisseuse, bouleversera la vie de François en lui soignant son infernal et très handicapant mal de dos.
Mal de clichés
Des mains en or débute ainsi de manière très difficile, doté d’une vision lorgnant entre l’anachronisme et l’insupportable carricature : les femmes ayant bénéficié d’opération(s) de chirurgie esthétique sont forcément stupides, les riches traitent leurs employés comme des esclaves, d’ailleurs très dociles, écoutent de la musique classique contemporaine et se moquent des pauvres, et ces derniers ne connaissent rien à la culture (confondant un écrivain avec un coiffeur), boivent, en passant leur vie au bar, sont vulgaires et parlent forcément forts. Un véritable calvaire, donc, semblable au récent Les Choses simples d’Éric Besnard, autre roi du cinéma franchouillard, où Lambert Wilson campait (déjà) la même carricature qui rencontrait un autre personnage de la vraie vie connecté aux choses essentielles après un même désagrément automobile.
Mais voilà, si l’on peut reprocher beaucoup (vraiment beaucoup) de choses à Isabelle Mergault, malgré quelques excès, son duo d’acteurs fonctionne et s’avère même apporter quelque chose de véritablement attachant à un projet qui semblait pourtant parti pour proposer tout le contraire. Josiane Balasko apporte ainsi une véritable touche d’humanité (et parfois de poésie, oui) à un récit à la fois alambiqué et grossier, tandis que Lambert Wilson s’avère parfois étonnamment en retrait après sa prestation en roue libre chez Éric Besnard (qui avait également réussi à tuer le charisme du formidable Grégory Gadebois). Leurs échanges sonnent parfois ainsi très juste, notamment autour d’une scène de téléphone où l’une avouera ses sentiments à l’autre, de manière assez touchante, il faut l’avouer.
Les choses simples
Et lorsqu’Isablle Mergault délaisse sa vision carricaturale de personnages bourgeois insupportables (était-ce en fait une vraie critique au vitriol de la bourgeoisie ?), campés, entre autres, par la pourtant formidable Sylvie Testud qui semble s’évertuer à jouer dans des projets de seconde zone malgré son immense talent, la cinéaste touche presque juste. Parce que la simplicité de la rencontre est ici campée avec beaucoup de justesse par deux interprètes qui se complètent et apportent tout ce qu’il fallait à ce sempiternel et carricatural téléfilm pour lui permettre de toucher quelque chose de plus sincère. Le charme opère ainsi, que ce soit durant une partie de loto-bouse (concept génial à étendre dans toutes les communes rurales de France), où une plus touchante scène de confrontation entre deux mondes, qui aurait pu sonner faux si elle n’était pas interprétée avec autant de sincérité.
Et c’est ce qui permet de désépaissir (un peu), les gros sabots du scénario et de la vision grossière d’Isabelle Mergault. Oui, Des mains en or ne révolutionnera rien au septième art, certes, sa vision de la France demeure aussi anachronique que grossière, et le visionnage dans une salle de cinéma ne permettra rien d’autre que le partage de sentiments simples, essentiels et universels : ceux du partage, et de l’amitié avant tout autre chose. Mais quand la cinéaste filme ce qu’elle aime, ce qui la touche vraiment, il réussit presque à transparaître une certaine sincérité, qui peu importe les âges et les classes sociales, continue d’apporter au cinéma catalogué comme populaire, absent des César, des récompenses, mais présent dans les coeurs d’un immense nombre de spectateurs, ses belles et fragiles lettres de noblesses, d’un public ayant bien besoin de ce genre de moment face à un quotidien plus que morne et étouffant.
Des mains en or est actuellement en salles.
Avis
On peut reprocher énormément de choses à Des mains en or, qui s'avère sauvé par son duo d'acteurs, mené par une Josiane Balasko pleine de poésie, et la sincérité d'une metteuse en scène qui se dévoile lorsqu'elle délaisse la grossière carricature pour filmer ce qu'elle aime vraiment. De l'amitié, de la sincérité, et quelques beaux moments font ainsi de cette comédie populaire un moment plus agréable qu'il n'y paraît.
5 commentaires
Très juste, j’ai aimé ce film.
Merci d’avoir lu notre critique, d’avoir pris le temps d’y répondre et de partager votre avis bienveillant !
Nous n’avons pas vu passer le temps… certes, parfois, on s’égare dans la caricature grossière mais cela fait du bien de se moquer de tous et de tout. Je recommande… bien meilleur qu’un antidépresseur
Pour ma part, j’ai bien apprécié le film, très bonne satire pour les professeur médecin qui ne donnent un avis qu’avec le vidal. Molière n’aurait pas fait mieux. Certes, très grande diffiérence entre les 2 milieux sociaux, mais émouvant et joviale.
Très très bon film. Nous avons adoré. On sort de la salle de cinéma heureux. Bravo à Isabelle Bergault.