Après des versions tous publics problématiques, Rebel Moon revient tel qu’imaginé par Zack Snyder : un Director’s Cut toujours en 2 parties, pour un total de 6h de film. Avec sa classification réservée à un public adulte, que valent vraiment ces versions ?
On ne va pas revenir en long en large en travers sur ce qu’est Rebel Moon (notre Critique de la Partie 1 et de la Partie 2 étant toujours disponibles). Néanmoins un questionnement demeure toujours vis-à-vis de la légitimité des précédentes versions tous public de ce projet fantasmé par Zack Snyder.
Quelque part entre Star Wars, Les 7 Samouraïs et Métal Hurlant, Rebel Moon affichait d’entrée de jeu un terrain récréatif pour Snyder, compilant bon nombre d’influences dans un mash-up certes peu original, mais régulièrement ludique. Le souci néanmoins tenait dans le fait que le produit fini… ne semblait aucunement fini !
Entre des coupes narratives flagrantes, des personnages plus illustratifs qu’autre chose, une action bridée et une facture technique un peu brin aléatoire, le projet se cassait la figure dans une 2e Partie conjuguant toutes les tares de Rebel Moon. Pourtant, des qualités étaient présentes, mais le deal de Zack Snyder avec Netflix pour sortir des brouillons tous public rappelait également le Napoléon de Ridley Scott : lorsqu’on supprime les velléités créatives et plus d’un tiers du récit, difficile d’obtenir un film qui tient debout.
Rebel Moon : un Director’s Cut sous le signe de la chair
C’est donc avec un certain intérêt qu’on a scruté ce Director’s Cut (globalement 6h de film au total sans les génériques) et d’entrée de jeu on note des améliorations majeures. Rebel Moon nous enlève le monologue surexplicatif pour mieux introduire l’Amiral Noble, désormais aux commandes d’un génocide sur une planète. Violence graphique (des femmes dénudées marquées au fer rouge, des civils à la tête explosées…) et gravitas sont d’ailleurs immédiats, tandis que le personnage d’Aris (complètement périphérique et oubliable auparavant, qui devient un protagoniste secondaire cette fois) trouve de l’incarnation dans un univers résolument plus graphique.
Cela tombe bien, même d’un point de vue visuel Rebel Moon est dorénavant fignolé. Ce sera d’autant plus flagrant dans la Partie 2, techniquement impeccable dans ses effets volumétriques et de destruction. La photographie plus désaturée alliée aux effets de particules plus accentués et une lumière plus travaillée rendent la facture visuelle de Rebel Moon aboutie à tous points de vue (excepté quelques arrière fonds de planètes plus secondaires… mais rien de dérangeant !).
Bref, techniquement ce Director’s Cut est donc une réussite flagrante, mais quand est-il du reste ? On abordait le caractère adulte, et bien qu’il faille mettre des guillemets sur ce terme, Rebel Moon s’apparente déjà plus à la vision de Snyder : du space opera piochant à la fois chez Warhammer ou Gears of War, ou un bad guy s’amuse à du soft-hentai tentaculaire, où des dents sont arrachées sur les morts, où les cadavres servent à alimenter les turbines d’un Empire adepte d’atrocités en tous genres, et où chaque action se conclue généralement par une effusion d’hémoglobine.
Space opera qui sent le sang
Aisément le film le plus violent de Snyder depuis 300, Rebel Moon corrige ainsi le tir en terme d’action : cette fois-ci chaque coup a un poids, et rend l’univers moins chaste (scènes de fesses comprises, qui malgré un caractère gratuit apparent, montre une certaine évolution affective et émotionnelle de Korra).
Ce sera d’ailleurs un des points forts de la Partie 2 (dorénavant la meilleure), proposant quelques passages de boucherie où adversaires et fermiers collatéraux se font joyeusement déchiquetés. C’est peut-être rien dit comme cela, mais voir un space opera blockbusteresque proposer ce genre d’éléments demeure relativement inédit.
Pourtant, des problèmes demeurent, ou sont nouvellement créés. Tandis que Rebel Moon s’accorde à donner de plus amples scènes de vie sur Veldt, la seconde moitié du premier film se révèle toujours aussi problématique dans l’introduction des fameux rebelles. Peu ou pas d’ajouts, alors que ce Director’s Cut rend le récit de Rebel Moon moins programmatique (là encore + d’allers et retours pour voir le quidam du village s’afférer ou le robot Jimmy acquérir progressivement son humanité).
Des personnages au traitement programmatique
Le passé de Korra est par ailleurs exploré de manière plus ample, tandis que le flux narratif s’articule bien mieux. Malheureusement, tout cet arc postérieur demeure le gros défaut de Rebel Moon, qui même à l’entrée de la Partie 2, ne parvient jamais à bien écrire le renversement de pouvoir orchestré par Balisarius (le tout est encore plus mal écrit que chez Lucas), ni à bien contextualiser le formatage infantile de Korra (et donc son revirement de de situation).
Néanmoins, la discrète dimension mythologique de Rebel Moon fonctionne relativement lorsque Snyder arrête d’empiler les dialogues : l’introduction de la figure de Kali (déesse indienne de la préservation et de la prospérité) sous la forme d’une géante biomécanique emprisonnée se veut un ajout offrant une dimension space fantasy à l’ensemble, et supportant la lutte contre la technocratie impériale.
C’est peu, mais conjugué à des interactions de personnages bienvenues dans la Partie 2 (donnant donc plus de chair aux protagonistes) permet de supporter le gravitas musclé d’un climax là encore mieux agencé. Titus montre donc ses qualités de meneur, Nemesis n’est toujours pas développée mais son lien par le regard d’un enfant la rend plus humaine, et Tarak est désormais plus proche de ceux qu’il cherche à protéger.
World-building toujours timide
Des ajustements qui ne vont ainsi pas révolutionner Rebel Moon, mais qui contrairement aux précédents cuts, rendent cette fois le visionnage plus agréable. Le tout ressemble ainsi à un film, malgré un manque d’efficacité narrative dans la Partie 1, et un world-building soit timide (pourtant la Partie 1 dure 3h), soit peu travaillé (les jumeaux Bloodaxe demeurant encore une fois la 5e roue du carrosse).
En conclusion, ceux qui ont aimé Rebel Moon trouveront ici une version définitive nettement plus proche de la vision de son auteur. Pour les réfractaires, ce Director’s Cut corrige bon nombre d’éléments sans pour autant modifier l’ADN du projet. Pour les autres, pas de débat : Rebel Moon doit être vu dans cette version !
2 commentaires
Ce film est une purge, à commencer par son casting. L’écriture est absente. Snyder est tout simplement surcoté. Ce qui sauve parfois ses projets ce sont les équipes qui l’entoure.
Il n’a jamais eu l’envergure de ses ambitions.
Aujourd’hui il essaie de gérer davantage ses films et l’on découvre ses lacunes.
Que l’on aime ou pas ses propositions, il faut surtout se rendre compte que ses plus hauts faits d’armes (Dawn of the Dead, 300 ou Watchmen) tiennent aussi car il y avait de bons scénarios ou un bon matériau de base !