On ne nie ni le statut d’auteur trop rare ni la position de cinéaste majeur à l’insatiable William Friedkin. Pourtant, on continuait jusqu’ici de considérer sa réadaptation du Convoi de la Peur comme un parent pauvre de sa filmographie. Comme nous le prouve la sublime restauration signée La Rabbia, nous ne pouvions avoir plus tort.
Sorcerer réduit les contours de son récit en un essentiel élémentaire, matrice de la notion d’aventure et du dépassement de soi qu’elle implique. On suit deux hommes en fuite acheminer en une jungle hostile et sinueuse deux camions emplis d’une matière extrêmement inflammable. Tendus sur le fil d’un danger silencieux, ces trognes vont lutter poussées par une animalité que la mise en scène capture avec un éreintant amour.
Cinéaste fin, Friedkin profite d’une longue introduction pour nous faire apprécier ses personnages et leur donner des motifs solides. Le parcours du combattant qui fait office de deuxième moitié propose ce que le cinéma de genre peut offrir de mieux, culminant en une scène sur un pont à la mise en scène de très haut niveau. On en ressort en se rappelant l’importance de William Friedkin, cinéaste trop peu aimé à sa juste valeur.
Sorcerer sort le 15 Juillet 2015.