En cette période de disette cinématographique, on te propose cette comédie familiale sympathique qui fera voyager petits et grands dans le temps.
Inspiré de la bande-dessinée Le Temps des Marguerite de Robin et Vincent Cuvellier, qui établissait une faille spatio-temporelle entre 1910 et 2010, le film de Pierre Coré établit, lui, un passage entre 1942 et aujourd’hui à l’aide d’une malle magique que vont emprunter deux jeunes filles en manque de père. Marguerite quitte alors la Seconde Guerre mondiale pour notre présent, tandis que Margot laisse notre monde moderne pour visiter la France partiellement occupée.
Captivés dès le départ par le parallèle entre les deux époques, il n’aura pas fallu longtemps avant d’être déçus par une reconstitution historique passable dans laquelle les soldats d’Hitler passent pour des idiots maladroits. Si une telle représentation était encore d’usage à l’époque de La Grande Vadrouille à des fins comiques, ici, représenter la résistance la fleur au fusil devant des Allemands qui n’inspirent en rien la peur, sert plutôt la narration bâclée qui trouve son dénouement grâce à une armée incapable.
Mieux vaut donc ne pas être regardant sur l’exactitude historique et s’avoir apprécier les comparaisons réussies entre les deux périodes, et qui, elles, servent l’aspect comique du récit. On s’amusera ainsi à voir les protagonistes écouter du rap en pleine guerre ou s’habiller en déguisement de princesse synthétique pour se rendre au collège parce que les femmes ne portaient pas de pantalons en 1942.
Il ne s’agit pas dans L’Aventure des Marguerite d’égaler le même degré de lourdeur que celui de Jacquouille dans Les Visiteurs. En effet, si celui-ci était ébahi de découvrir l’électricité, il ne faut pas oublier que les différences entre notre monde et le milieu du 20ème siècle sont moins conséquentes qu’avec le Moyen-Age, c’est pourquoi le réalisateur opte pour une plus grande subtilité de choc temporel. Pourtant, si seulement 70 ans se sont écoulés entre la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui, les choses ont évolué dans de très nombreux domaines en l’espace de quelques décennies. On est alors un peu surpris que les personnages ne s’étonnent que trop peu des avancées technologiques (par exemple : Internet et les smartphones).
L’Aventure des Marguerite : fable moderne, mais sans morale
On aurait d’ailleurs aimé que le réalisateur montre un peu plus d’engagement dans ses parallèles entre les deux époques. Ce voyage dans le temps, à une date aussi cruciale de l’Histoire, aurait par exemple pu être l’occasion de questionner la montée du populisme en France aujourd’hui. Mais le ton léger employé dans son récit empêche cette réflexion. De même, si l’émancipation des femmes est traitée, elle l’est maladroitement puisque Pierre Coré, en la survolant à travers le personnage d’Alice Pol, semble démontrer qu’il suffisait à la femme de prendre sa liberté, balayant ainsi 70 ans d’histoire et d’évolution des mentalités qui ont permis de parvenir à de meilleurs droits pour les femmes.
Néanmoins, la thématique concernant le divorce, et en particulier la famille recomposée, est abordée avec justesse. L’Aventure des Marguerite nous offre une histoire touchante entre un beau-père et une belle-fille qui peinent à se comprendre et souffrent tous les deux de la situation. Sans trop forcer sur le pathos, le réalisateur trouve ici le juste milieu entre émotion et humour, nous proposant au passage une course poursuite très drôle entre les adolescents et un Clovis Cornillac au bout du rouleau. Si ce dernier à tendance à surjouer – peut-être par choix artistique – presque chaque scène avec lui parvient à nous décrocher un sourire.
Nous ne l’oublions pas, L’Aventure des Marguerite est une comédie familiale et à ce titre le film est plutôt une réussite. Certes, son côté historico-fantastique ne nous a pas tellement convaincus, mais cela ne nous a pas empêchés de passer un bon moment et de constater la prestation remarquable de Lila Gueneau pour son premier (double) rôle.