Knock at the Cabin est le nouveau film de M. Night Shyamalan (Sixième Sens, Incassable, Split). Cette adaptation de roman portée par Dave Bautista, Jonathan Groff et Ben Aldrige se mue en un thriller en huis-clos sous forme de home-invasion, avec à la clé le salut de l’humanité !
Ce n’est un secret pour personne maintenant : cela fait au moins 15 ans que la carrière de M. Night Shyamalan connait des hauts (Incassable, Sixième Sens, Signes, Split) et des (très) bas (Phénomènes, Le Dernier Maître de l’Air, Old, Glass). C’est donc dans cette optique qu’on appréhende Knock at the Cabin, nouveau film d’un cinéaste cruellement inconstant, et dont le climax qualitatif appartient sans doute au passé.
Finies les Shyamal-âneries
Adapté du roman éponyme The Cabin at the End of the World de Paul G. Tremblay, Knock at the Cabin nous présente Eric (Jonathan Groff) et Andrew (Ben Aldridge), un couple vivant avec leur fille adoptive Wen (Kristen Cui). Alors que cette petite famille passe un séjour vacancier dans un chalet en pleine nature, 4 mystérieux individus vont toquer à leur porte. Ces derniers vont alors les soumettre à un choix cornélien : sacrifier l’un des leurs, ou alors l’Apocalypse s’abattra sur l’humanité !
Un high-concept bien alléchant donc, pour un thriller en quasi huis-clos. En effet, Knock at the Cabin a pour lui une relative efficacité globale dans son déroulé se traduisant dès son introduction. Passé un générique émulant les carnets de John Doe (cela tombe bien, Shyamalan a shooté le film dans l’optique de lui donner un rendu 90’s), le spectateur est directement plongé dans le vif du sujet : Wen s’amuse à piéger des sauterelles dans un bocal, avant que l’imposant Leonard (Dave Bautista) ne débarque comme sorti de nulle part.
La Mort ou l’Apocalypse
D’entrée de jeu, Shyamalan amène une mise en scène carrée, tient son récit, présente efficacement ses personnages, tout en amenant de la tension. On avait pas revu le réalisateur aussi compétent depuis Split, et Knock at the Cabin déroule son canevas diabolique de manière efficiente et ludique. Seuls quelques flash-backs viendront amener quelques éléments de backstory pour les protagonistes principaux (et ainsi amener un peu plus d’emphase émotionnelle).
Peu à peu, le suspense grandissant laisse place à une problématique hautement pertinente, mettant face à face la foi et la raison. Un duel idéologique ancestral qui impliquera n’importe quel spectateur, et qui inscrit donc Knock at the Cabin comme un ajout thématique de choix dans la filmographie de Shyamalan (cette même dualité étant présente dans bon nombre de ses œuvres). Malheureusement, ce questionnement au centre du récit s’essoufflera assez vite, la faute à une écriture manquant de subtilité et de finesse.
Inutile de spoiler les dessous de l’intrigue, tant les révélations de Knock at the Cabin parlent pour elles, jusque dans un final annihilant toute ambivalence et tout doute sur ce qui nous a été présenté initialement. Une fin fermée qui n’est pas dénuée de cohérence certes, mais qui se révèle décevante et peu adéquate vis-à-vis du postulat de base. Bref, du bas de plafond qui blesse, associé à une synthèse tout à fait pachydermique dans la manière de distiller ses réponses !
Casting tout beau-tista
Bien heureusement, Knock at the Cabin reste un petit thriller plus qu’honnête, et ce pour quelques raisons. Outre la mise en scène efficace, c’est définitivement le casting qui porte avec talent les 1h40 de film. On regrettera que la jeune Wen soit si rapidement délaissée passée le 1er acte, mais on se consolera sur le duo Jonathan Groff-Ben Aldridge (vecteur principal de la problématique centrale de l’intrigue).
Rupert Grint (éternel Ron Weasley d’Harry Potter), Nikki Amuka-Bird (Old) et Abby Quinn (I’m Thinking of Ending Things) parviennent à apporter un bon degré d’incarnation à leurs personnages, mais c’est définitivement Dave Bautista (Les Gardiens de la Galaxie, Dune, Glass Onion) qui tire son épingle du jeu. L’ex-catcheur n’a jamais été aussi bien utilisé qu’ici, dans un rôle au profil purement empathique, contrastant avec son allure hyper masculine.
Au final, Knock at the Cabin n’est pas non plus un immense retour pour M. Night Shyamalan, mais le bougre livre une chouette série B soignée et bien interprétée. Son parfum de fin du monde a beau être stimulant, le tout est souvent traité via de gros sabots jusqu’à un dernier segment beaucoup trop classique par rapport à ses excitantes prémices. Pas de quoi se refuser ce huis-clos de bonne tenue.
Knock at the Cabin sortira au cinéma le 1er février 2023
avis
Knock at the Cabin sacrifie son excitant questionnement existentiel de manière un peu trop balourde en cours de route pour pleinement convaincre, mais M. Night Shyamalan accouche d'un petit thriller sympathique, porté par un bon casting et une mise en scène carrée. Dommage de ne pas avoir transformé l'essai via un climax plus percutant.