Adapté très librement de l’histoire rocambolesque de l’Affaire Banier-Bettencourt, qui avait défrisé la chronique dans la société française, La Femme la plus riche du monde dépeint un monde caché : la vie des hautes fortunes avec la Reine abeille et ses sujets. Le cinéaste, Thierry Klifa (Les Rois de la piste), choisit un ton d’opérette en prenant de la distance face au récit réel, tout en reprenant le cœur de la véritable histoire.
À cette époque, la femme la plus riche du monde, Marianne Farrère (notre Bettencourt fictive, interprétée par Isabelle Huppert) est à la tête d’un empire (un faux « L’Oréal »). Du fait de son statut, elle a de nombreuses personnes qui gravitent autour d’elle : le personnel, sa famille et très rapidement un nouvel arrivant, photographe (Laurent Lafitte), venu tirer le portrait de cette femme emprisonnée dans son vase clos. C’est un personnage explosif, impulsif et à des années lumières du milieu dans lequel vit Marianne, coincé et rempli de sous-entendus. Il dit ce qu’il pense, qu’importe si ça choque et il se rend compte que cela plaît à la matriarche. Avec un mélange paradoxal d’intérêt et d’amour étrange, il lui apporte ainsi son amitié et un grain de folie qui la sauve de son monde… Mais à quel prix ?

Une galerie d’acteurs talentueux
La Femme la plus riche du monde s’avère avant tout un film d’acteurs. Son style théâtral, de farce dramatique, confèrent au casting toute latitude possible pour exprimer la psychologie de ces personnages si inaccessibles aux yeux de 99,99% de la population française. Au sommet de la pyramide, Isabelle Huppert est impériale – comme toujours, vous me direz – dans son rôle de femme terriblement seule qui revit au contact d’un escroc, quitte à perdre des fortunes. Son regard, la délicatesse de ses mouvements, le ton de sa voix… Rien n’échappe au jeu de l’actrice pour donner corps et âme à son personnage. De l’autre côté du spectre comportemental, Laurent Lafitte délivre une prestation absolument délicieuse, un petit bonbon pour le spectateur, avec ce personnage si contradictoire, si humain et si terriblement vilain sans toujours le vouloir.

Et puis il faut rendre hommage à l’ensemble du casting, car on découvre une galerie de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Jérôme (Raphaël Personnaz) le majordome pris en tenaille dans ce conflit familial, le mari (André Marcon) aimant mais impuissant, ou encore la fille (Marina Fois) à la recherche d’un amour maternel qu’elle n’a jamais eu. C’est une belle troupe, très cohérente en termes de casting, et il y a une vraie alchimie entre les acteurs.
Mise en scène académique
En soi, La Femme la plus riche du monde, réussit le pari de sa lettre d’intention. On comprend les partis pris scénaristiques et de mise en scène, à défaut de pleinement être emballé par l’ensemble de ces choix. La réalisation est carrée et dénuée d’effets de style, à l’image d’un scénario stoïque qui raconte ce qu’il veut raconter, mais sans réel panache. Il s’avère un peu frustrant que le film s’enferme dans un académisme qui en devient monotone.
Pourtant, la première partie du récit fonctionne impeccablement, portée par ses acteurs et des dialogues truculents. Néanmoins, le style visuel et narratif devient redondant et manque de donner de l’ampleur aux thématiques et aux émotions des personnages. En ne voulant pas tourner dans le mélodrame – ce qui est louable – le film se retrouve dans un entre-deux un peu fade qui n’a pas la vigueur d’autres films/séries sur le sujet (Succession par exemple). Il n’en demeure pas moins que La Femme la plus riche du monde vaut le coup d’œil, si ce n’est pour en apprendre plus sur la vie de ces personnes qui vivent dans un autre monde que nous, et aussi pour les interprétations inspirées de l’ensemble du casting. L’argent ne fait définitivement pas le bonheur, mais en tout cas il permet de produire des bons films sur le sujet !
La Femme la plus riche du monde sort le 29 octobre 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
Avis
Le long-métrage La Femme la plus riche du monde fait ce que l'on attend de lui : raconter un récit, librement inspirée d'une histoire vraie célèbre, sur la vie familiale et conflictuelle de la plus haute sphère de notre société. Grâce à ses excellents comédiens, il se regarde avec plaisir malgré une mise en scène et un scénario assez académiques.