Vipère au poing est une adaptation d’Hervé Bazin qui fleure bon les souvenirs. Il y a ceux de l’auteur envers une mère d’une intense cruauté et de sa haine si singulière pour elle. Ceux de Philippe de Broca, réalisateur trop longtemps mésestimé qui livrait ici sa dernière œuvre. Et ceux, modestement, de l’auteur de ces lignes lors d’une excursion scolaire. Une réminiscence plutôt forte et émue, pleine d’insouciance.
11 ans plus tard et un affinement cinématographique certain, voilà que la redécouverte s’opère et qu’elle taille au burin dans les racines d’images figées par le temps. Vipère au poing n’est plus cette émouvante adaptation portée par un attachant Jules Sitruk et une diabolique Catherine Frot. Il s’agit au contraire un long-métrage d’une tiédeur et d’une théâtralité embarrassantes.
On veut bien excuser la politesse technique de De Broca et son application à respecter en une voix-off littéraire les beaux mots du Bazin. Mais on peut difficilement passer outre un récit et une direction artistique qui ne cessent de surligner la moindre intention – qu’elle soit du cancre ou du venin – en un ensemble scolaire et inoffensif. Quel paradoxe d’être, malgré les années passées, moins audacieux et sincère que son modèle !
Vipère au poing (re)ssort en DVD le 5 Mai.