Comme un murmure est un roman graphique qui aborde avec force, intelligence et pudeur le thème des violences parentales.
Comme un murmure est un album à l’attention des adolescents, dont le but est de sensibiliser aux violences dans le milieu familial. Que l’on en soit victime ou témoin, il apporte des pistes de réflexion pour mieux appréhender la confrontation à des situations si graves.
Le poids d’un secret
Ça ne devait être qu’un jeu, au départ. Celui que l’on connaît sous le nom de « téléphone arabe ». Des murmures qui passent d’oreille en oreille, se déforment, pour au final devenir des ensembles de mots souvent sans queue ni tête. Cela faisait toujours rire Véra et ses amis dans la cour du collège. Jusqu’à ce qu’un murmure, un jour, soit différent des autres. Celui d’Anna. « Ma mère me frappe ». Après ces mots, rien ne pourra plus jamais être pareil pour les deux jeunes filles.
Le scénario est court mais efficace, et se lit presque davantage dans les regards et les silences que dans les mots. On y ressent de la peur, mais aussi des doutes et des interrogations. D’autant qu’il y a beaucoup de pudeur et de délicatesse dans le dessin de Sofie Louise Dam. L’inquiétude perceptible dans les traits des personnages ainsi que les choix de couleurs rendent parfaitement bien l’atmosphère pesante et tout l’enjeu de la situation. Seul petit bémol, une fin que l’on a trouvée un peu rapide et moins percutante.
Quand un murmure appelle au secours
Ce qui est particulièrement intéressant dans Comme un murmure, c’est que le propos ne porte pas seulement sur la difficulté à dire la violence, mais aussi sur la difficulté à l’entendre. On comprend bien que cette confidence n’est simple pour personne, que le doute est omniprésent, qu’il n’est pas évident de savoir quoi faire ni comment briser le silence. Car, dès lors qu’Anna aura murmuré son secret à Véra, elles seront deux à le porter. Et il sera bien difficile pour cette dernière de faire comme si de rien n’était.
En se plaçant ainsi du point de vue de l’amie et non de celui de la victime, les auteurs offrent aux jeunes lecteurs un recul propice à la réflexion. Comment réagir face à une telle confidence ? Les apparences sont-elles toujours fiables ? Vers qui se tourner, à qui parler ? Comment ne pas devenir complice malgré soi ? En fin d’album, quelques pages d’informations et conseils pratiques viennent compléter le travail de sensibilisation. Un ouvrage sensible et utile.