Dans Brasser de l’air et s’envoler, Xavier Guelfi va tenter de changer le monde et de retrouver foi en l’humanité !
Après avoir envoyé valser la peur de l’échec avec Le sublime sabotage de Yohann Métay et avoir affronté notre peur de la finitude avec l’éblouissant Solal Bouloudnine dans La fin du début, nous étions plus que prêts à aller sauver le monde en compagnie de Xavier Guelfi qui signe ici un premier seul en scène prometteur.
Un personnage mi-poète mi-clown
Xavier Guelfi entre sur scène avec un poireau et commence par se préparer un smoothie avec, posé sur une machine à laver (sans laquelle il ne se déplace jamais !), un appareil qui ne tourne pas tout à fait rond. Un peu comme le monde dont il va nous parler pendant un peu plus d’une heure. Enfin, dès qu’il aura bu son smoothie bien sûr ! Le comédien prend ainsi le temps de poser son personnage et de tisser son univers teinté de poésie et de burlesque.
« On sait pas où on va » nous prévient-il, mais d’emblée on est assez d’accord pour le suivre. Et l’on comprend tout de suite, avec ses mimiques, boutades et autres maladresses, que l’on a affaire à un personnage mi-poète mi-clown, qui incarne parfaitement ce que nous avions perçu derrière ce titre de spectacle intrigant. Et nous sommes plutôt contents d’avoir un peu plus d’1h à passer en sa compagnie !
Xavier Guelfi veut changer le monde !
Xavier Guelfi évoque la difficulté à se définir, à se trouver sans se comparer sans cesse, à conserver l’émerveillement de l’enfance, à ne pas cesser de rêver, etc. Passant ainsi d’une question existentielle à une autre, oscillant entre désillusion et utopie, il se sent soudain investi d’une mission et non des moindres.
Il va changer le monde ! Nous « offrir les clés du bonheur sans dérive sectaire ni dictatoriale ! » Comment ? En nous aidant à retrouver notre optimisme et notre foi en l’humanité. Et qu’importe si on le taxe de Bisounours. Le challenge s’annonce périlleux… Surtout qu’il va falloir composer avec son père, son oncle ou encore son frère, personnages aux caractères bien trempés et aux idées bien arrêtées sur… à peu près tout, et qu’il interprète avec beaucoup de drôlerie.
Brasser de l’air et s’envoler : un vent de folie douce
Le comédien a le sens du bon mot qui nous dessine un sourire au coin des lèvres, et qui nous laisse pendus aux siennes lorsqu’il s’enflamme soudain dans un monologue duquel l’humour se retire alors sur la pointe des pieds, laissant place à un élan de lucidité d’une grande profondeur. Mais cette folie douce et joyeuse à laquelle on a envie de s’accrocher n’est jamais bien loin et l’emporte haut la main sur le reste.
Finalement, comme dans ce smoothie à base de carottes et de piment qu’il se prépare au début du spectacle, on trouve un peu de tout dans Brasser de l’air et s’envoler : de l’humour, de la poésie, un soupçon de magie… et même un iguane d’extrême droite ! La fantaisie de Xavier Guelfi nous a charmés et nous a laissés le cœur léger. Ce n’est peut-être pas « sauver le monde », mais c’est déjà beaucoup. Un artiste et un univers à découvrir.
Brasser de l’air et s’envoler, de et avec Xavier Guelfi, mise en scène François Rollin, se joue jusqu’au 7 juin 2025 à La Scala Paris.
Avis
Décalé, poétique, drôle, parfois absurde, Xavier Guelfi nous embarque dans son univers avec beaucoup de légèreté, de simplicité et de drôlerie. Et si nous avons été un peu moins convaincus par la fin et que la structure du spectacle nous a parfois un peu perdus, le cocktail n'en est pas moins revigorant et enthousiasmant. Un joli moment.