Assemblage, film écrit et réalisé par le cinéaste Sofiene Mamdi a été tourné d’une traite, en mai 2023 à Paris. Le film est entièrement tourné en plan séquence, ce qui en fait le plus long de l’histoire du cinéma français avec 92 min sans coupure.
Sofiene Mamdi relève un défi technique de taille avec son deuxième long-métrage. Assemblage est un long plan séquence film d’une traite à Paris. Au casting ; Julien Romano, Luke Stratte-McClure ou encore Catalina Cuevas. Des acteurs qui avaient déjà tourné, pour certains, dans le premier long métrage de Mamdi, Spiral. Une bande de joyeux lurons donc, qui, s’ils s’essayent à un exercice particulièrement difficile et peinent à se montrer à la hauteur, ont en plus un jeu qui est tout sauf réaliste.
Le plan séquence caméra à l’épaule
Le plan séquence est un exercice de virtuosité, nombreux sont les cinéastes à avoir relevé brillamment l’exercice (mention spéciale pour le plan séquence de deux minutes des Affranchis, considéré aujourd’hui comme l’un des plus célèbres de l’histoire du cinéma). Pour les amoureux du 7ème art, le plan séquence est un bonbon en bouche, posé, fluide. Une fois qu’on s’en rend compte, c’est génial. Sofiene Mamdi essaie dans Assemblage de faire un plan séquence avec visiblement la caméra à l’épaule. Ce qui est malheureusement un ratage assez conséquent.

On est assez vite sorti de l’histoire, on imagine le réalisateur coller la caméra sur la tronche de ses acteurs et c’est plutôt dérangeant. Passe encore, l’idée est intéressante et on en comprend toute la difficulté, mais les mouvements de caméra cassent toute la poésie du moment. Certes, elle est intéressante cette idée de se contenter d’un seul lieu pour tout le long-métrage, mais encore faudrait-il descendre les escaliers sans donner au spectateur l’impression qu’il va vomir.
Une mise en scène qui laisse à désirer
Cette année, Olivier Py a proposé sa version de l’exercice avec un plan séquence éclairé seulement à la bougie dans Le Molière Imaginaire. Oui, la lumière est belle et c’est visuellement chouette à regarder. Dans Assemblage, on a plutôt cette impression étrange que quelqu’un a éternué sur la lentille de la caméra et les couleurs souffrent d’un reflet horrible. La colorimétrie est particulièrement étrange, et si ça contribue à l’ambiance glauque de la cave du bar, c’est surtout un choix qui est mal dosé. Soit trop poussé au point que la saturation devient visuellement très bizarre, soit sous-exposé, donc beaucoup trop sombre au point où on ne comprend pas ce qu’on voit.

Par moment, on a la sensation de regarder le film par un trou de serrure. De plus, cette impression de voir le film de très très loin empêche de se figurer le décor, et donc on sort une fois de plus de l’histoire. La musique donne l’impression d’essayer de nous faire revenir dans le film. Mais elle est bien trop épisodique et surtout absente sur des scènes de long silence. On regarde alors les acteurs dans le blanc des yeux et on se demande pour la millième fois ce qu’on regarde.
Un plan séquence nécessite un scénario aux petits oignons
Si c’est techniquement impressionnant de réaliser un film en plan séquence, il faut un scénario sacrément travaillé pour éviter l’ennui. Si Olivier Py avait de bons acteurs de son côté, pour Mamdi, c’est plus difficile. Déjà qu’on ne comprend pas l’histoire du début à la fin, le jeu de certains manque tellement de conviction que c’est encore plus difficile de comprendre leur rôle. Le seul qui sort du lot, c’est Alex (Julien Romano). Et encore, son personnage est tellement immonde qu’on a assez vite envie de l’oublier pour se concentrer sur les autres.

Sauf que « ces autres » justement, renvoient une impression de ne pas savoir ce qu’ils font. Leurs répliques sonnent faux, leurs mouvements sont mécaniques et presque ridicules. Le scénario ne leur fait clairement pas honneur. On en a en plus de ça des personnalités plutôt franchement problématiques, à tel point qu’on peut se demander si c’était vraiment une bonne idée de choisir ce type de personnage.
Les personnages ne sont donc pas crédibles. Le pitch même du film ne tient pas debout et démontre la vacuité du scénario : Ce soir est la dernière chance pour Alex de changer son destin. Il met en œuvre un plan complexe mais les personnages louches et les rebondissements le mettent en péril. Ce pitch réussit et rate son exercice à la fois, on sait ce qui se passe en une phrase oui, mais ça ne veut pas dire que c’est compréhensible pour autant. Il y avait de l’idée, mais techniquement ça ne suit pas du tout.
Assemblage est en salle dès le 29 mai 2024
Avis
C’est le genre de film où on se demande du début à la fin ce qu’on regarde, et surtout, pourquoi on le regarde. Il y a quelque chose qui manque profondément à Assemblage, Le film est en somme la tentative de quelque chose d’intéressant, mais le résultat est plutôt éparpillé aux quatre coins de Paris façon puzzle…
Un commentaire
Je suis 100% d’accord avec la critique. Cet exercice nécessite d’un casting et d’un scénario impeccables. Ici on n’a ni l’un ni l’autre. Hormis alex (et encore) les autres donnent l’impression d’être tout juste sortis d’une école de comédiens