Agatha All Along, soit l’excellente idée d’étendre WandaVision et son fantasque antagoniste, s’avère finalement être un projet aussi creux que répétitif.
Agatha All Along confirme, une fois de plus, que tenter de répéter une formule gagnante, en l’occurrence celle de la réussite fragile (et plutôt surprenante) de WandaVision, n’est jamais gage de qualité. Il y avait pourtant sur le papier, dans cette relecture moderne du mythe des sorcières héritée du personnage d’Agatha Harkness, né sous la plume de Jack Kirby et Stan Lee dans les années 1970, l’occasion pour l’écurie Marvel d’étendre son univers autour d’un personnage moins transparent (et un tantinet plus trouble) que nombre de ses nouvelles recrues. Et d’explorer, à la manière d’un Doctor Strange au féminin, tout un folklore autour d’un personnage familier et de sa représentation dans notre culture populaire, de Ma sorcière bien aimée à Hocus Pocus.
Ce n’est, de plus, pas les talents qui manquent dans Agatha All Along, avec Jac Schaeffer qui revient à la barre après WandaVision (mais aussi Black Widow), la géniale Kathryn Hahn, éternelle abonnée aux seconds rôles comiques ayant enfin droit au haut de l’affiche, très bien entourée par les non moins talentueux Aubrey Plaza, Joe Locke, Sasheer Zamata, Debra Jo Rupp et Ali Ahn. Pourtant, rapidement, le constat est amer : Agatha All Along n’a finalement rien à dévoiler, et tente sans grand succès de rejouer avec les mêmes idées scénaristiques que WandaVision, sans aucun fond ni aucune autre idée nouvelle que de proposer un programme adapté pour Halloween sur Disney+, surfant (une fois de plus) avec outrance et flemmardise sur son glorieux (financièrement uniquement) passé.
Ma sorcière bien copiée
Agatha All Along s’entend donc nous conter la suite des aventures d’Agatha Harkness, laissée sans pouvoir et sans souvenirs par Wanda Maximoff aka La Sorcière Rouge. Se prenant pour une inspectrice de police dans un très flemmard hommage à True Detective (ce ne sera malheureusement pas le seul), elle sera bientôt sortie de sa léthargie par un mystérieux adolescent, la faisant former un sabbat vers la mythique route des sorcières. Ainsi, Jac Schaeffer nous rejoue le coup des mutations visuelles en autant d’hommages, de Stranger Things au Magicien d’Oz, se servant d’épreuves et défis à relever pour répéter une formule qui n’a désormais plus rien de magique, paraissant ici rapidement ennuyeuse, répétitive et désespérément programmatique.
Parce qu’il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent dans Agatha All Along avant au moins cinq épisodes (sur neuf), reposant finalement tous sur une énième (et pataude) filiation, seul intérêt notable d’une proposition qui paraît alors rapidement creuse. Visuellement fade, les hommages paraissent ici tels des gadgets esthétiques, permettant aux actrices de changer de garde-robe et de mettre un peu de poudre aux yeux pour faire oublier une suite de défis résolus à la chaîne sans aucun suspense, entraînant épisode après épisode, les disparitions de personnages auxquels nous n’avions même pas pris le temps de nous attacher.
Agatarte
Ainsi, malgré le numéro à sauver d’une Kathryn Hahn en surjeu total, réjouissante malgré la fadeur du programme, Aubrey Plaza se trouve une fois de plus cantonnée au même rôle, tandis que le personnage de Joe Locke, se dévoilant au fur et à mesure des épisodes, perd pourtant à chaque fois un peu plus de son (petit) pouvoir d’attraction. Pourtant, le rythme de croisière somnolente d’Agatha All Along finit peu à peu par s’accélérer, laissant peu à peu augurer d’une petite amélioration lorsque le programme s’approche de sa conclusion, semblant vouloir se réveiller, à grands coups de révélations dignes d’une mauvaise télénovela, de sa léthargie s’étendant sur plus de cinq épisodes, pour sembler s’apercevoir qu’elle devait nous raconter quelque chose.
On ne retiendra ainsi pas grand chose de cette fausse bonne idée, que d’étendre sans succès la réussite fragile qu’avait été WandaVision. Si l’on y trouvera un peu plus de rythme et d’intérêt qu’une certaine Secret Invasion, en grande partie (et même uniquement, avouons-le) grâce à son casting, l’on y sera surtout une fois de plus confronté au mauvais sort d’une franchise elle-même ensorcelée, semblant perpétuellement vouloir nous faire croire à une capacité d’invention et d’audace qu’elle n’a jamais été capable de nous proposer autrement qu’en agitant sans cesse ses plus belles années et en nous causant de son passé. Rien de neuf sur la route des sorcières donc, qu’un énième sentier balisé.
Agatha All Along est disponible sur Disney+.
Avis
Rien de bien neuf qu'une redite sans aucun intérêt de WandaVision, qui en plus de la copier et de bêtement la répéter, se voit également contrainte de la vampiriser pour en tirer son principal intérêt. On retiendra cependant ses formidables actrices, et un rythme s'accélérant en fin de programme comme uniques arguments valables pour emprunter cette route des sorcières aux airs de sentier balisé.
2 commentaires
Vous dites qu’Agatha ‘n’a rien à dévoiler’, mais avez-vous suivi le projet jusqu’à la fin ? Quant au fait de ne rien trouver de neuf dans la série, il semble que vous ne considériez pas l’œuvre dans son ensemble. Certes, chaque critique est subjective, mais en restant focalisé(e) sur les points négatifs et en insérant des comparaisons éloignées (comme Hocus Pocus, Stranger Things ou Le Magicien d’Oz), il devient difficile de percevoir une évaluation juste de l’œuvre.
Reconnaissons plutôt que cette série apporte de vraies précisions : elle développe la mythologie introduite dans WandaVision et étend l’univers du MCU en abordant des éléments essentiels comme l’avenir des enfants de Wanda, des indices sur les Young Avengers, et l’arc mystique. Elle permet également d’explorer la profondeur des personnages de manière intéressante et parfois touchante, ajoutant une dimension émotionnelle qui enrichit l’intrigue. Bien sûr, suivre la continuité du MCU peut être complexe, mais il serait plus pertinent de tenir compte de cette richesse dans l’évaluation. Une critique plus équilibrée et ancrée dans le contexte de l’univers élargirait le regard du lecteur sur ce projet.
La série n’apporte qu’une chanson sympathique…